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Voyager avec JiCeGe sur son blog

10 mars 2023

J’ai toujours été fasciné par le voyage, aussi

J’ai toujours été fasciné par le voyage, aussi loin que je me souvienne. Peut-être l’aventure, de par les Daktari, Tarzan, et autres séries indiennes de mon enfance, peut-être la lumière qui se dégageait alors du téléviseur, ou peut-être encore ma chambre bateau et la vieille carte de l’Australie, encore terra incognita, que m’avaient offerte mes parents. Alors, j’ai bougé. Créteil, Evreux, Melun, Nemours, Montereau…une fois même jusqu’à Sens. A 12 ans, je planifiai, pour les grandes vacances, un tour de Normandie à vélo à deux, projet avorté bien sûr et qui aurait pu se terminer en camping dans le jardin de mes grands-parents ; à 16 ans, les premières vacances avec un copain en auberge de jeunesse, sans l’autorité parentale ; et à 17 ans, première découverte de l’Europe en train, avec la carte Interrail, le Nord pour commencer, le Sud l’année suivante. Puis, je sors d’Europe, profitant des vacances, en tant qu’étudiant puis enseignant. Au milieu des années 90, j’entame un break pour explorer davantage l’Extrême-Orient et un bout de l’Amérique du Sud. Il dure deux à trois ans. Et, au retour, je me retrouve accompagnateur de voyage, www.zigzag-randonnees.com/ situation qui perdure aujourd’hui avec www.wikinger-reisen.de/ et m’amène à ouvrir ce blog. Celui-ci a pour but de faire partager mes impressions photographiques en les étayant de quelquesinformations de base sur le pays.                                                                                                            https://storage.canalblog.com/90/72/389921/49104188.gif

TITRE-INDE-2019

film-globe

Phot-12

Phot-93

Phot-183

 

DELHI                                                         

16 Parc de Lohdi (1)

L'Inde reste fidèle à elle-même. Grouillante, bruyante, et Delhi, l'une les villes les plus polluées au monde, encore plus enfumée. Un saumon n'y retrouverait pas ses petits !

Je m’étonne d’ailleurs toujours de cette présence animale, vaches, écureuils, singes, oiseaux, chèvres, chameaux (…), même dans les endroits les moins accueillants. (8) (10) (4) (54)
Après avoir lancé une commande chez un tailleur, rendu visite au coiffeur et réservé un bus pour l'Himachal Pradesh, je trouve refuge dans le jardin de Lhodi, au mausolée du roi moghol Hamayum, et, accessoirement, à la porte de l'Inde. (19) (23) (13) (1)


DHARAMSALA                                    

27 Temple du Dalaï lama (1)

32 Vers Dharamkot (2)

36 bis Vers Dharamkot, singes animés

L'Himachal Pradesh, région encore terra incognita pour moi.
Un bus de nuit me mène à Dharamsala, en l'occurrence Mc Leod Ganj (la première n'étant que le d'arrivée et de départ), village perché en moyenne à 2000 m bien pesés.
Le petit Lhassa, avec ses quelque 3300 habitants abrite le palais du dalaï-lama, trône au pied de l'Himalaya. (28) (29)
Sa Sainteté y dispense justement un enseignement pendant 3 jours.
Je m'y rends pour le premier jour. Pour ce, il est nécessaire de retirer une accréditation la veille, muni d'un passeport et 10 roupies, soit 13 centimes d'euro, pour l'organisation.
A cela s'ajoute l'achat d'une petite radio pour capter le discours sur place. Le Dalaï s'exprime en effet en tibétain et ses propos sont traduits en multiples langues sur différents canaux.
L'ensemble se révèle un peu chaotique, et j'opte pour l'anglais, les autres  possibilités les plus aisées étant le russe ou le chinois.
Le temple est plein, on aperçoit donc  l'arrivée de son Éminence puis...son départ en voiture, et le reste fait l'objet d'une captation sur écran pour la plupart des personnes présentes.
Les pensées du jour portent sur l'envie et la rancœur, à bannir si l'on veut prétendre à la paix intérieure.
L'homme dégage lui-même cette sérénité, même s'il n'avance qu'assisté de deux aides qui le soutiennent.
Une fois confortablement installé en tailleur sur ses coussins, la machine verbale n'est, elle, aucunement défaillante, ponctuée, de-ci de-là, par quelques traits d'humour.
Je serai beaucoup plus réservé sur l'audience, composée en partie de groupies pour lesquelles la question demeure : sincères ou bigots ?
D'autres semblent n'être venus que pour voir l'icône, qui repartent bien rapidement, peu intéressés qu'ils sont par le discours.
                                                                            

47 Naddi (1)

Les alentours sont montagneux, prémices de l'Himalaya, avec encore des cadeaux de la nature, préservés par certains habitants. (31) (42) (45) (49)

Cependant, les hôtels et autres hébergements y poussent comme des champignons, et pourraient se développer davantage, à en croire la visite du Premier ministre actuel, arrivée avec des investisseurs, ce qui n'est pas du goût de chacun.                                             
Les macaques, eux, ne se laissent pour l’instant pas perturbés par ces considérations économico-politiques. (38) (39) (41) 
                                         

TITRE-RAJASTHAN

91 Etang oiseaux


RANTHAMBORE                   

64 Parc, paysage (5)

65 Parc, paysage (6)

89 Parc, langurs (entelles) (7)

J'avais, voici quelques années, envisagé le parc national de Ranthambore, alléché que j'étais par la possibilité de voir des tigres dans leur élément naturel, et mon chemin s'était  détourné pour le Nagaland, à l'Est du sous-continent.
Les départs pour la réserve se font à de Sawai Madhopur, qui fournit les hébergements, une ville très peu attractive, si ce n'est le marché apparemment pas fréquenté par les Occidentaux. Donc propice aux rencontres, si curieux que peuvent être les Indiens. (57)   (59)
Le parc est divisé en différentes zones, dans lesquelles la présence du félin, on en dénombre 70 en tout, se trouve inégale.                                        
Il faut de la chance, pour choisir ou se voir attribuer la bonne, et les trois sorties se révèlent infructueuses. (61) (67)  
Pas le soupçon d'un poil du bout de la queue d'un tigre. Seulement quelques empreintes sur le sol à un endroit. (80) 
L'organisation me paraît dans son ensemble plutôt passable, certaines zones pouvant être, selon moi, tout simplement supprimées (au moins si l'on s'en tient au but premier), et le personnel pas toujours très qualifié.
Beaucoup ne parlent un anglais que très médiocre, et certains n'ont de toute façon pas de formation apparente. Ainsi, le premier arrêt de la première sortie se fait-il...devant des cochons domestiques !! Heureusement viennent en compensation quelques spécimens peu timides, entre autres cerfs, sambars, langurs et un python. (68) (69)  (77) (79) (82) (88)

 

JAIPUR

92 Albert hall museum

119 Jal Mahal (1)

J'avais passé une nuit dans la ville rose en 1996 lors de mon premier séjour en Inde.
Et j'étais reparti bien rapidement. Jaipur était la capitale du Rajasthan.
Elle l'est toujours et avec ses quelque trois millions d'habitants, autant que Paris intra-muros, elle fume !
Mais cette fois, la persistance récompense par quelques surprises.                                                                        

  
Le fort d'Amber

116 Fort Ambre (7)114 Fort Ambre (5)
Construit au XVIème siècle à 10 km au nord de la ville, il est situé sur la Colline des Aigles, tout comme les forteresses de Jaigarh et de Nahargarh, avec lesquelles ils constituent un seul complexe, reliant ces éléments  par un réseau de murailles, ouvrages fortifiés et passage souterrain. (111) (112) (114) (118)
Surplombant le lac Maota, sa source d'alimentation en eau principal, il fut la résidence des maharajas Rajput.
Il affiche ainsi des éléments caractéristiques de l'art hindou.
                                                                            
Le Palais des Vents

Ce monument de grès rouge et rose en forme de pyramide de cinq étages, ressemblant à une ruche avec de multiples petites fenêtres à volets en bois, permettait aux dames du harem royal d'observer la rue sans être vues. (107) (108)
Autre avantage, ce type de construction facilitait la circulation d'air frais à travers l'édifice en été.

Le centre-ville
L'entrée dans Jaipur, ville relativement neuve, puisque fondée en 1727, s'effectue par huit portes. (98)
À l’origine teintée de gris rehaussé de blanc, la cité est peinte en rose,  couleur de bienvenue, lors de la visite du prince Albert d'Angleterre en 1876.
                                                                            
Le Temple des Singes

128 Temple aux singes (8)

Ce complexe formé par plusieurs temples est bâti dans une fissure étroite des montagnes entourant la ville. (127)
Galta Ji est habité par des macaques pas trop agressifs, même s'il faut peut-être éviter de les regarder trop dans les yeux. (122) (124)
Mais il s'agit là également  d'un site de pèlerinage hindou, dotée d'un bassin naturel dans lequel les pèlerins viennent se baigner afin de se laver de leurs pêchés.
L'atmosphère régnant ici à la tombée de la nuit donne un cachet particulier au site, propice, dans mon imaginaire, à un film d'aventures. (131) (132) (134)
     

                                           
PUSHKAR

135 Lac (1)

La ville tient son nom, Lotus bleu, d'une légende selon laquelle un cygne, envoyé par les dieux, survolait le pays, un lotus dans le bec.
Là où il lâcherait la fleur, le dieu Brahma procéderait à un rituel hindou.
Le lotus tombé à Pushkar, le lieu devint ainsi consacré à Brahma.
Ici, les pèlerins viennent se baigner dans les eaux sacrées du lac grâce aux 52 ghats qui le bordent.

Vers octobre ou novembre, l'événement annuel est la foire aux chameaux, l'une des plus grandes d'Asie.
Pendant une dizaine de jours, des courses de chameaux et de chevaux sont organisées, et les transactions de bétail vont bon train.
J'y avais assisté en 1996. Les scènes étaient colorées, et l'on pouvait aisément reconnaître l'origine râjasthâni des gitans d'Europe. (141) (142) (143) (146) (149)
J'avais pensé alors revenir à une période plus calme.
Force est de constater aujourd'hui que Pushkar a bien changé. Plus bondée, plus polluée, son caractère villageois a disparu.

A l’extérieur ou bord du lac cependant, on peut encore trouver quelques endroits encore sereins. (137) (144)

                                             

JAISALMER

158 Forteresse (2)

Fondée en 1156 par un clan qui règne jusqu'en 1949, lorsque son État est intégré à l'État du Rajasthan, Jaisalmer est fortifiée dès sa fondation, avec un rempart de 5 km.
Au XVIème siècle, elle s'étend au pied de la forteresse.
C'est sa position sur la route caravanière entre Inde et Perse qui lui donne une importance stratégique enrichissante.
Surplombant le désert du Thar, elle permet une surveillance sur une longue distance,
Le développement de Bombay et la partition de l'Inde lui font perdre de sa superbe dans la deuxième partie du XXème siècle.
                                                                        

155 Forteresse (4)

159 Femmes (1)

162 Rue (1)

Aujourd'hui, plus qu’un quart de ses habitants habitent dans la forteresse. (165) (168) 
Laxhmi et Annan en font partie, rencontrés dans leur boutique de vêtements, proche du plus fameux des haveli (maison de maître) de la ville, le haveli Patwon. (172) (173) (177)
Le couple est ensemble depuis une bonne dizaine d'années, non sans sacrifice, du fait de la sévérité des mœurs indiennes.
Elle, veuve, issu d'une famille très aisée de Jaipur, n'a pas obtenu le soutien de son père lors de son second mariage, et ne peut rencontrer sa mère ou ses frères et sœur que furtivement en ville.
Pour lui, ce sont les premières noces, mais sans l'accord de l'ensemble de sa famille, qui loge pourtant à quelques mètres de la boutique.
Une situation que tous deux semblent prendre avec philosophie mais qui l'heure rend la vie humainement et financièrement difficile.

 

182 Lac (5)

Le lac Gadi Sagar a approvisionné Jaisalmer en eau entre les XIVème et XXème siècle, jusqu’à la construction du canal Indira Gandhi. (178)

La voie d’accès passe sous une porte édifiée par la favorite d’un prince, qui sauve le bâtiment voué à la destruction, lorsqu’elle en transforme une partie en un temple dédié à Krishna.

 

UDAIPUR

194 Lac (5)

L'arrivée à Udaipur me donne le même sentiment que dans les deux villes précédentes, celui d'un endroit qui m'est étranger bien que j'y ai déjà mis les pieds.
À Jaisalmer pourtant, je suis parvenu à retrouver un peu de l'atmosphère ressentie à l'époque.
Ici, beaucoup plus difficile, même en arpentant la cité de long en large. Elle a poussé, s'est construite et là encore, les vapeurs de gaz ont pris de l'ampleur. (185) (186) (187) (189)
Également passée, la diffusion, ici et là, d'Octopussy, un James Bond tourné ici en 1983.

En 1567, après le pillage de sa capitale par Akbar, empereur moghol, Udai Singh II cherche un nouveau lieu et, sur les conseils d'un sâdhu, s'installe près du lac Pichola, géographiquement protégé. (192)
Son fils Pratap subit  de nouvelles attaques des Moghols puis des Marathes mais reprend sa capitale qui se pacifie définitivement en 1889, lors du traité de paix avec les Britanniques.
L'État princier d'Udaipur est intégré celui du Rajasthan en 1949.
                                                                        

196 Coucher de soleil (1)

C'est à Oodeypore (Udaipur) que naît Bagheera, la panthère du Livre de la jungle, dans la ménagerie du raja, dont les traces sont encore visibles dans le City Palace. (195)
Ce dernier, construit sur plusieurs générations à partir de 1559 dans un style rajput et moghol, surplombe le lac Pichola et ses îles, face à l'est (puisque la dynastie descendrait du Soleil).
L'ensemble regroupe en tout 11 palais reliés entre eux par cours et couloirs, constituant ainsi une ville dans la ville.

 

 

 

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9 février 2019

 

France

 

9 février 2019

Autrefois appelée île de Candie, elle est


TITRE-ANIME-CRETE

TRAJET-AVION

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Autrefois appelée île de Candie, elle est rattachée à la Grèce en 1913.

Au cœur de la civilisation minoenne, elle abrite Cnossos, le site archéologique le plus important.

 

GÉOGRAPHIE

255 km d'est en ouest et, dans sa plus grande largeur, 55 km du nord au sud.

8 400 km2 (cinquième île de Méditerranée après Sicile, Sardaigne, Chypre et Corse). (37)

Trois massifs montagneux, les montagnes Blanches (Letka Orin) à l'ouest, le mont Ida (mont Psiloritis), point culminant de l'île (2 456 m) au centre, et le mont Dikti à l'est. (38)

À l'ouest de l'île se trouvent les gorges de Samaria.

29 Genévrier à gros fruit_preview

Riche de divers milieux naturels, la Crète compte quelque 35 millions d’oliviers, et de nombreuses espèces animales et florales, dont certaines endémiques.

Son climat méditerranéen lui procure des étés chauds et secs et des hivers plutôt doux.

Pourtant, l’île souffre de problèmes environnementaux, avec des décharges sauvages, des plages envahies de déchets, et des rivages victimes de dégazages.

Depuis les années 2000, les Crétois ont pris conscience que ces problèmes n’allaient pas de pair avec le tourisme, leur revenu principal, et des efforts ont été entrepris.

 

HISTOIRE

Le premier peuplement de l’île remonte à quelque 130 000 ans.

Dès 7000 av. J.-C., des peuples anatoliens l’envahissent qui pratiquent élevage et agriculture, et au IIIe millénaire av. J.-C., les poteries s’affinent, et le travail du cuivre et du bronze se généralise.

Puis la Crète introduit l'écriture phonétique en Europe.

La culture minoenne décline alors rapidement, et les Mycéniens prennent possession de l’île.

Au Ier millénaire av. J.-C., elle se voit intégrée à la culture grecque classique.

Puis, à partir de 67 av. J.-C., c’est la conquête par divers occupants, Empire romain, Byzantins, Abbassides, à nouveau Byzantins, Vénitiens, Ottomans.

Après un conflit militaire gréco-turque, elle obtient un statut d'autonomie, puis est rattachée à la Grèce en 1913.

Lors de l’invasion allemande lors de la seconde guerre mondiale, elle est défendue par les troupes britanniques et les troupes grecques libres.

A l'été 1944, les trois quarts du pays sont libérés.

1 Pancarte_preview

Les mythes fondateurs

De nombreux épisodes de la mythologie grecque se déroulent en Crète.Zeus y est né, dans une caverne du mont Dicté ou du mont Ida, protégé contre l'appétit de son Père Cronos par Rhéas, sa mère.

Ici, Zeus, transformé en taureau, entame une liaison avec sa captive Europe, de laquelle naît Minos, le roi légendaire de la Crète.

L'épouse de ce dernier, Pasiphaé, succombe plus tard au charme d'un taureau envoyé par Poséidon, et donne naissance au Minotaure.

Celui-ci, enfermé dans un labyrinthe, construit par l'architecte Dédale, qui serait situé à Knossos, est alors tué par Thésée et Ariane qui rusent pour ressortir du labyrinthe.

Tentant de quitter l'île, pour échapper à la vengeance de Minos, Dédale, accompagné de son fils Icare, construit des ailes aux plumes fixées par de la cire. Mais Icare, volant trop près du soleil, perd la vie.

 

CULTURE

Non seulement les Crétois ont un dialecte différent des Grecs, mais il en est également ainsi du costume traditionnel, des danses, de la musique et de la cuisine.

L’île aurait été évangélisée au début du christianisme, puis islamisée en partie sous les Abbassides, les Ottomans, d’où les ruines de mosquées sunnites.

Sous les Vénitiens, le catholicisme romain domine politiquement.

Aujourd’hui, le christianisme gréco-orthodoxe y est majoritaire mais, indépendant de l'Eglise grecque, il relève du patriarcat œcuménique de Constantinople.

Les populations musulmanes quittent la Crète à partir de 1890, et les derniers représentants sont expulsés lors des échanges de populations entre Grèce et Turquie en 1924, date à laquelle la Crète accueille alors des réfugiés grecs d'Asie Mineure.

72 Oliviers (1)_preview

 

ÉCONOMIE

La Crète appartient aux faiseurs d'huile d'olive les plus productifs. L'olivier se retrouve en plaine que sur les collines et les pentes des montagnes.

Mais, outre cela, et malgré l’ensoleillement exceptionnel, les plantations agricoles restent limitées.

Et bien que la chèvre sauvage soit toujours présente, l'élevage ovin et caprin est en déclin. (39) (40)

C’est donc le tourisme, avec sites archéologiques, mer et montagne qui assure les revenus de l’île.

A cela s’ajoute la solidarité de la diaspora crétoise installée en Australie ou aux États-Unis, et, peut-être, certains revenus en provenance de la Grèce continentale, notamment ceux de la marine marchande).

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HERAKLION (151 000 hab.)

Capitale de la Crète de l'époque byzantine à 1898, elle l’est redevenue en 1971. (120)

Elle doit son nom au héros grec Héraclès.

Elle vit deux périodes byzantines (395 à 824 et 961 à 1204), entrecoupées par une occupation des Arabes, qui la pillent régulièrement.

Les Vénitiens achètent l'île en 1204 et améliorent les fortifications. (128) (129)

Entre 1669 et 1898, sous domination ottomane, son activité économique décline au profit de La Canée.

Après le rattachement à la Grèce en 1913, la population crétoise est alors composée de Turcs et de Grecs, mais en 1922, est décidé l'échange de population entre Grecs d'Asie et Turcs. Ainsi, les musulmans de l'île doivent partir, vidant Héraklion de la moitié de sa population.

Et l'intégration des Micrasiates, Grecs d'Anatolie, se révèle alors problématique, en raison de leurs mœurs différentes.

127 Port vénitien (2)_preview

Palais de Cnossos

Construit vers 1 700 ans avant notre ère et découvert en 1878, lié à la légende du roi Minos et du Minotaure, il aurait été le centre politico-culturel de l'influence minoenne sur la Crète et les îles égéenne, jusqu’en Syrie et en Egypte.

On ne note aucune distinction entre le palais et la ville, ce qui explique le système dédalique. Pourtant, plusieurs secteurs se distinguent, aux fonctions différentes : quartiers royaux, magasins, réserves de nourriture, antre de la tauromachie, centre religieux, halls de réception, bureaux administratifs (…), le tout entrecoupé de puits de lumière nécessaires en raison des nombreux niveaux.

Cette architecture très complexe explique les récits mythologiques sur le Labyrinthe, d’autant plus que nombreuses sont les fresques représentant des taureaux. (121) (122) (123) (124)

 

LA CANÉE ou Chania ou Hania (55 000 hab.)

Mentionnée déjà dans l’Odyssée d’Homère, cette cité-État obtient, en 69 av. J.-C., le droit de frapper sa propre monnaie.

Les musulmans en prennent possession en 824, avant qu’elle ne soit reconquise par les Byzantins en 921, et fortifiée pour empêcher sa reconquête.

Rachetée par les Vénitiens, à l’instar d’Héraklion, elle devient le siège administratif de la région, ainsi qu’un centre de commerce et une région agricole fertile. De nouvelles fortifications sont entreprises contre les pirates.

Suivent les Ottomans qui construisent de nouvelles mosquées, des hammams et des fontaines.  (3) (4) (6) (7)

Lors du soulèvement contre les Turcs au début du XIXe, de nombreux chrétiens sont massacrés et, à la fin du siècle, lors de l’indépendance, La Canée devient capitale de la Crète semi-autonome, ce qu’elle reste de 1898 à 1971.

Bombardée pendant la deuxième guerre mondiale, La Canée est pourtant l’une des plus jolies villes de Crète, avec son port vénitien et son phare du XVe siècle, et des bâtiments restaurés, devenus hôtels, bars ou magasins. (9) (11) (12)

19 Descente, forêt (6)_preview

GORGES DE SAMARIA

Situées dans le Parc National de Samaria, dans les Montagnes Blanches, elles s’étendent sur 16 km jusqu'à Agia Roumeli, sur la côte, en Mer de Libye.

Habitées pendant des milliers d'années, elles ont toujours été un point de refuge lors d'occupation étrangères. (17) (18)

Tarra, l'une des anciennes cités dont parle Homère, se trouve à l’époque sur l’actuel site d’Agia Roumeli. (20) 

Sa position sur la route maritime reliant Rome à l'Egypte et l'Est favorise sa prospérité, et son déclin s’amorce au VIe siècle av. J.-C. lorsque diminue le commerce du blé entre l'Egypte, Rome et Constantinople.

Ses habitants, devenus armateurs, s'engagent dans la piraterie.

Les raids arabes, le changement des routes maritimes et les séismes viennent à bout de cette période faste.

Durant la révolte contre les Turcs au XIXe siècle, 4000 femmes et enfants s’y réfugient et parviennent à être sauvés.

Il en est de même lors de la Seconde Guerre Mondiale sous occupation allemande. Les gorges ont permis aux partisans et agents clandestins qui transmettant des messages radio de se cacher.

Créées pendant le Quaternaire, elles disposent d’une végétation variée, dont de nombreux cyprès, en partie millénaires, des oliviers et quelques espèces endémiques. (21) (22) (23) (24)

Elles ont alimenté de nombreuses scieries en bois depuis l'antiquité.

Egalement bien représentés, des plantes médicinales et aromatiques telles chicorée, marjolaine, mauve, sauge et thym.

La faune n’est pas en reste, avec perdrix, chouettes, faucons, corbeaux, vautours griffons, gypaète barbu, aigles de Bonelli et des aigles royaux, ainsi qu'oiseaux migrateurs, cailles, bécasses, grives, hirondelles...

A ceux-là s’ajoutent les mammifères du type blaireaux, putois ou lièvres, et bien sûr, la chèvre sauvage crétoise, espèce protégée.

26 Phalassarna_preview

ELAFONISSI

Presqu'île entourée de roche et d'oliveraie à l'eau turquoise, elle peut rappeler les lagons des caraïbes. (28) (31) (36)

Tragique histoire
La teinte légèrement rosée du sable serait dû au massacre de quelque 800 hommes et enfants crétois perpétré par les Ottomans en 1824, pendant que les femmes étaient envoyées en esclavage en Egypte. (30)

32 Monastère de Chrysoskalitissa (1)_preview

Monastère de Chrysoskalitissa

Construit sur un promontoire dominant la mer, il est dédié à la dormition de la Vierge.

Son nom viendrait d'une des 98 marches menant à son sommet, qui serait en or.

Le monastère accueille illégalement une école d'enfants grecs pendant l'occupation turque. (33) (34) (35)

 

PALEOCHORA (3000 hab.)

Village de pêcheurs situé sur une presqu'île et transformé en station balnéaire, il est découvert par les hippies en route pour Katmandou dans les années 60-70. (41) (46) (48)

 

SOUGIA (109 hab.)

Membre d’une confédération de petites cités indépendantes dans l’Antiquité, elle devient un vrai village dans les années 1950, et vit alors une augmentation de son activité commerçante.

Lorsqu’une route la reliant au nord de l'île est construite, son importance en tant que carrefour commercial sombre et une partie de ses habitants émigre.

Elle doit son salut au tourisme qui la fait revivre dans les années 1960.

56 Vue mer (3)_preview

Les ruines du site antique de Lissos, que l’on gagne à pied ou en bateau, présentent quelques maisons, une chapelle un temple, et les restes d'une basilique paléochrétienne. (50) (51) (52)

63 Vue mer (2)_preview

CHORA SFAKION (300 hab.)
A son apogée sous les Vénitiens et les Ottomans, elle possède jusqu'au XVIIIe siècle sa propre flotte. (62) (64)

Elle a ensuite été marquée par la guerre d'indépendance grecque et la Seconde Guerre mondiale.

Elle vit aujourd’hui de la pêche, de l'agriculture et du tourisme, avec deux petits ports pour les ferrys venus des communes voisines (Agía Rouméli, Loutro), et de l'île de Gavdos. (57) (59) (60)(65)

 

FRANGOKASTELLO

Le château-franc est édifié par les Vénitiensl au XIVe siècle pour faire face à la piraterie.

Rectangulaire, il possède une tour à chaque angle.

Les bâtiments intérieurs sont construits sous les Ottomans au XIXe pour les besoins militaires de Mustapha Pacha.(66)

78 Vue mer (2)_preview

PLAKIAS

À l’origine petit village de pêcheurs, Plakias s’est développée en un centre touristique durant les dernières décennies.(77)

La première mention de villages environnants remonte au Xe siècle pour Sellia, lorsqu’ont été construits routes et ponts pour les relier entre eux. (67) (76) (79)

Mais il y avait probablement une sédentarisation au temps minoen.

Il existe un certain nombre de plages aux alentours de la ville mais ce n’est pas un passage intense par rapport à d’autres endroits de l’île.

71 Monastère de Preveli (2)_preview

Monastère de Preveli 

Monastère orthodoxe au bord de la mer de Libye, connu pour sa résistance contre les Ottomans et pendant la deuxième guerre mondiale. 

Proches de là, les gorges de Preveli sont dénommées ainsi en raison de leur présence près de l’édifice. Leur nom réel est gorges de Kourtaliotiko. (68) (69)

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RETHYMNON (37 500 hab.)

La cité, bâtie dans l’Antiquité, a conservé son caractère ancien avec des vestiges laissés par les Vénitiens (1210 – 1646), qui en firent un centre intermédiaire entre Héraklion et La Chania, avant que les Turcs ne laissent fontaines et minarets de mosquées. (83) (87) (89) (90)

Aujourd'hui la ville vit principalement du tourisme.

80 Chien (1)_preview

Le château de Fortezza

Construit sous les Vénitiens contre les invasions, il disposait de ses remparts de 1400 mètres. (84) (85)

 

Grotte de Melidoni

Habitée du Néolithique aux Romains, puis refuge sous l’occupation ottomane au XIXe siècle, elle a été lieu de culte au Minoen récent (2100 – 1600 av. J.-C.).

Son exploration s’est longtemps limitée au déchiffrage des inscriptions de l’entrée, avant que, dans les années 1950, des tessons du minoen et des fragments de lampes romaines soient mis à jour.  (95) (96) (97) 

 

AGIOS NIKOLAOS (21 000 hab.)

100 Lac (1)_previewAncienne bourgade de pêche, elle s’est découvert une vocation touristique qui en fait aujourd’hui l’une des destinations les plus prisées de l’île. (98) (99) (101)

On y trouve, comme souvent en Crète, les adeptes du backgammon local, le tavli, assis dans les tavernes.

Au centre de la commune se trouve le lac Voulismeni, relié au port par un canal. (100) (102) (103) (104)

 

KRITSA (2100 hab.)

111 Ruelles (3)_preview
Ce village bâti sur une colline, avec une vue plongeante sur les environs, dispose d'étroites rues pavées et de maisons traditionnelles. (110) (112) (113)

L'on y vit  fermiers ou des agriculteurs, mais certains sont aussi des artisans qualifiés (surtout des femmes) et produisent de nombreux objets traditionnels tels que des poteries, broderies et textiles

107 Eglise de Panagia Kera (2)_preview

Eglise de Panagia Kera

Construite au XVe siècle avec 3 nefs, elle est dédiée à la Sainte Vierge, Agia Anna et Agios Antonios. (106)

Les fresques byzantines des XIVe et XVe siècle représentent des scènes du Jardin d’Eden, de la Cène, de l'Apocalypse...(108) (109)

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Elounda (2200 hab.)

Petit village de pêcheurs comportant sept hameaux, il précède Plaka et l'île de Spinalonga. (103)

 

Spinalonga

Presqu’île aujourd'hui protégée, elle est aménagée par  Vénitiens en 1579, avec une puissante forteresse pour protéger le port d’Elounda. C'était alors l’une des places les mieux défendues de Crète.

Plus tard, de 1904 à 1957, on y enferme quelque 500 lépreux, logés jusqu'alors dans des quartiers misérables hors des villes.

Les 1 200 habitants turco-crétois habitant les lieux sont forcés de partir.

Cette décision permet à la fois d'expulser ces derniers et de loger les lépreux à moindre coût, cet enfermement étant perçu comme une mesure sanitaire. On ne connaît alors aucun traitement.

Parmi eux, se trouvent également des épouses qui suivent leur mari, et certains malades qui, finalement, non pas la lèpre, mais une maladie de peau.

On ne peut parler de léproserie car aucun soin n'y est dispensé.

Ses habitants réorganisent alors  le village, et perçoivent quelques subsides de fondations privées.

Les lépreux, bénéficiaires d'une rente, maintiennent le contact avec les habitants de la région.

Du fait de cet aspect financier, ceux-ci les prient de parrainer leur enfant, ce qui aide à conserver une relation avec l'extérieur.

En 1957, les malades sont transférés vers le continent, où une communauté est recrée avec ceux qui, bien que guéris, ne sont pas acceptés dans leur village.

L'île, abandonnée, devient site archéologique puis est récupérée  touristiquement parlant. (104) 105)

 

KATO ZAKROS

Avec Zakros, l’une des municipalités les plus orientales de l'île, elle vit du tourisme et de de l’agriculture, principalement dans la production de l’huile d'olive, avec quelque 250 000 arbres, qui s'exporte bien aujourd'hui.

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La Vallée des morts

Appelée ainsi pour les tombeaux antiques découverts sur les lieux, elle relie les villages de Zakros et de Kato Zakros. (118)(119)                                               

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EGINE

Située dans le golfe Saronique, dominée par le mont Oros, cette île de 82 km²  a vocation de pêche(en particulier la pêche aux éponges) mais on y pratique également l'agriculture, avec oliviers, fruits et pistaches, dont elle est la principale productrice du pays. (2)  

 

lac

On peut ajouter la production de céramique, dont ses fameuses cruches qui servaient de réfrigérateurs, gardant l'eau au frais

En outre, sa composition en partie volcanique a fait  de ses pierres l'une des principales exportations.

La végétation, typiquement méditerranéenne, s'apparente à la garrigue. Les pinèdes  ont quasiment disparu et fait place à chênes verts, cyprès et oliviers sauvages.

C'est à Egine que sont frappées les premières pièces de monnaies de l'Occident au VIIe siècle avant J-C. 
Lors de la guerre contre les Perses, l’île se range du côté de ces derniers, pour leur rivalité avec Athènes. 

 

plage

Au Moyen âge, elle est attaquée régulièrement par des pirates, puis suivent les invasions vénitiennes et turques.

Libérée en 1830, la ville d'Egine est alors la première capitale de la Grèce libre.

Elle se dépeuple dans les années 1950 au profit d'Athènes, sa flotte marchande ne pouvant faire face à celles du Pirée.

Aujourd’hui, Egine est devenue une banlieue d'Athènes. 

De nombreuses ruines de sites s'y trouvent encore.

Mythologiquement parlant, Egine est une princesse dont Zeus tombe amoureux, et qu'il emmène sur l’île pour être seul avec elle.

Pour se venger de l'infidélité de son époux, Héra envoie des serpents infester les lieux, qui subit en outre une vague de chaleur et d'obscurité. 

Zeus rend sa fertilité à Egine, et la délivre des serpents, transformant les fourmis sur un olivier en autant d'hommes.

Ceci donne son sens à la réputation de ses habitants, les Myrmidons, de myrmix, « fourmi », et leur âpreté au travail.

Alexis Zorbás est écrit ici.

1 Egine, le port_preview

Egine

Appelée aussi Chora (« la ville » en grec), elle a plus de 5 500 ans. 

Sur le port, l'église d'Agios Nikolaos accueille les navires.

7 Monastère d’Agios Nektarios (3)_preview

egine-essaiPaléochora, le monastère d’Agios Nektarios

Disparu en 1920, Saint Nectaire est enterré dans ce lieu saint qu'il a fondé.

Devenu très populaire, il est canonisé en 1961, et célébré tous les 9 novembre, lorsque des pèlerins de différents pays s’y rendent, en quête d’une grâce ou d’une guérison. (5) (6) (8)

 

Souvala

Deuxième port de l'île après Chora, elle possédait une petite source d'eau chaude sulfureuse. (10)

 

Agia Marina

Elle attire le tourisme de masse, de par ses infrastructures touristiques développées.

 

Marathon 

Village rural et agricole, le nouveau gouvernement grec y débarque lorsque Chora devient capitale de la Grèce au moment de la guerre d'indépendance. (3) (4)

 

Perdika

Village de pêcheurs, ses maisons basses construites le long du port disposent de cours ouvertes reliées entre elles.

 

25 octobre 2017

GÉOGRAPHIE Superficie : 10 200 km2, entre la

TITRE-ANIME-LIBAN

TRAJET-AVIGNON-BEYROUTH

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GÉOGRAPHIE

Superficie : 10 200 km2, entre la Syrie au Nord et à l’Est, et Israël au Sud.

Etroit, il est bordé par la Méditerranée sur 220 km. Longueur : 250 km. 

Largeur : de 25 à 60 km.

Population : 4 millions d’habitants

Capitale : Beyrouth.

Langue officielle : l’arabe. Le français, après avoir perdu ce statut, est une langue seconde, employée notamment dans l'enseignement. (1) (2) (3) (7)

Monnaie officielle : la livre libanaise, mais le dollar américain est très usité également.

 

ETYMOLOGIE

Le nom Liban viendrait de lubnan (blanc ou lait, en langue sémite), en raison de la neige qui recouvre ses montagnes en hiver, désignation qui se retrouve plus de 70 fois dans la Bible.

Une autre version attribue son origine à l'arbre à parfum des montagnes libanaises d’antan, le loubân, qui dégageait un parfum unique, qui a donné l’encens.

 

DRAPEAU

drapeau libanaisCréé en 1943, ses bandes rouges représentent le sacrifice pour l'indépendance, et la blanche la neige des montagnes libanaises, à l’instar de la pureté et la paix. 

Le cèdre vert du centre symbolise le pays, avec son bois imputrescible et léger, utilisé par les Phéniciens pour la construction de leurs navires.

Il aurait également servi à bâtir le Temple de Salomon à Jérusalem.

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HISTOIRE

Le peuplement du Liban débute dès 7 000 ans av. J.-C.

A Byblos, considéré comme le plus vieux village du monde, on a retrouvé des restes de huttes préhistoriques, armes primitives et jarres d'argile d’une communauté de pêcheurs.

Patrie des Phéniciens, peuple marin aventureux qui a dominé le commerce et fondé comptoirs et cités sur le pourtour méditerranéen (Carthage, Chypre, Ibiza, Palerme, Tanger...), il est décrit dans la Bible comme la terre du lait et du miel.

28 Pêcheur palestinien_preview

Il connait l'avènement de l’empereur perse Cyrus II au VIe siècle av. J.-C., puis, 200 ans plus tard, la domination d’Alexandre le Grand qui assiège Tyr en 332 av. J.-C., alors la plus grande ville phénicienne.

Les Croisés y développent la banque et la finance, alors que le Coran interdit le prêt à intérêt.

Au XIXe siècle, pris dans le conflit Turquie-Égypte, auquel se mêlent les puissances occidentales, il voit Beyrouth anéanti par la flotte anglaise.

Les Maronites, rattachés à Rome, ont beaucoup contribué à l'importation de la culture occidentale au Liban.

Sous domination étrangère jusqu'à son indépendance en 1943 (perse, assyrienne, grecque, romaine, arménienne, arabe, des Mamelouks, des Croisés, ottomane, française, la culture libanaise s'est ainsi enrichie de l’apport des communautés religieuses et des influences étrangères.

A la fin de l’empire ottoman, la France a été mandatée par la Société des Nations pour développer et moderniser le pays, qui devient république.

Lors de l’indépendance, le 22 novembre 1943, on instaure un système politique pluriconfessionnel.

Suit une période prospère, grâce au tourisme, à l'agriculture, et aux secteurs des banques et des assurances.

1ter Mosquée bleue (2)_preview

Cependant, le pays subit aussi des tensions sociales et communautaires, et la création d’Israël provoque l'afflux de 120 000 Palestiniens dès 1948, qui aboutit au conflit israélo-palestinien, faisant basculer le pays dans une guerre civile, de 1975 à 1990, dans laquelle se mêlent politique, religion et mafia.

Plus tard, le pays retrouve une certaine stabilité avec la reconstruction de Beyrouth.

Mais la guerre israélo-libanaise de 2006, à laquelle s’ajoute le conflit syrien, remet un terme à l'afflux touristique et provoque un ralentissement économique important. (71) (72) (73) (74)

Le Liban est une démocratie parlementaire avec le partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses majoritaires, à savoir que le Président est obligatoirement un chrétien maronite élu par le Parlement pour six ans, le Premier ministre un musulman sunnite responsable devant les députés, et le président de l'Assemblée nationale un musulman chiite.

Les sunnites acceptent l'indépendance du pays sans chercher à l’unifier avec la Syrie, et les maronites reconnaissent son caractère arabe.

L'Assemblée nationale comporte 128 sièges répartis entre chrétiens et musulmans, élus au suffrage universel direct.

Dans les faits, la scène politique est dirigée depuis des décennies par de grandes familles libanaises, qui prêtent avant tout attention à leurs alliances extérieures pour conserver pouvoir et avantages.

La question de la naturalisation des 455 000 réfugiés palestiniens, regroupés dans une quarantaine de camps, reste source de tensions.

Elle créerait un changement démographique important, car ils sont en majorité sunnites. Les chrétiens et musulmans chiites s'y opposent donc, par peur d’être alors affaiblis.

Leur intégration dans l'économie inquiète les Libanais, le taux de chômage et la dette étant déjà élevés. Cette divergence d’intérêts provoque la guerre du Liban en 1975. Pendant la guerre civile, le parti chiite se scinde avec la création du Hezbollah, qui défend notamment le droit au retour des Palestiniens.

Le nouvel afflux de réfugiés, majoritairement sunnites en provenance de Syrie depuis 2011, amplifie ces tensions, notamment dans le Nord à Tripoli.

Dès les années 1980, l’armée israélienne envahit le Sud du pays afin de limiter le territoire de l’organisation de libération de la Palestine.

Les chiites, laissés pour compte du développement, y sont majoritaires, et considèrent le Hezbollah comme leur meilleure défense.    

Les sunnites, les druzes et les chrétiens redoutent l'armement militaire de ce dernier, qui se justifie par le besoin de pouvoir s’opposer à Israël et d’obtenir le droit au retour des réfugiés palestiniens.

Ils craignent également l’importation de l’idéologie islamique iranienne pour former un croissant chiite dans la région.

Téhéran ne revendique pourtant qu’un soutien au Hezbollah identique à celui des États-Unis à Israël.

La carte de la diaspora libanaise à l’étranger se veut un miroir religieux : les chrétiens en Europe, aux États-Unis ou au Brésil, les musulmans en Afrique, et tous dans les pays du Golfe.

 

ÉCONOMIE

Les Libanais ont l’esprit d'entreprise et l'émigration a créé un réseau commercial  à travers le monde, avec un envoi de devises des Libanais de l'étranger au pays qui contribue pour 1/5e à la richesse du pays.

Sur la côte, on cultive les agrumes.

Sur les pentes en terrasse des montagnes, ce sont arbres fruitiers, vigne et forêts de pins.

Les coupes excessives ont réduit les forêts de cèdres, remplacées en partie par la garrigue. La guerre a ruiné le pays du cèdre, qui importe maintenant 85 % des produits de première nécessité, vivant d'une économie souterraine et supportant un dette considérable. (45)(47) (48) (49)

 

 

TOURISME  

12 Vue vers Beyrouth_preview

BEYROUTH (360 000 hab., presque 2 millions avec l’agglomération urbaine).
Capitale du Liban depuis 1943, elle est, avant la guerre civile, un centre financier, portuaire et culturel important en Méditerranée, du fait des nombreuses entreprises et grandes banques internationales.

L’urbanisation remplit la plaine littorale et les montagnes environnantes, et une agglomération se constitue. (9)
Cette prospérité relative prend fin en 1975 lors de la guerre civile. Beyrouth est divisée entre musulmans à l’Ouest et chrétiens à l’Est.

Beaucoup d’habitants fuient vers d’autres pays.

Le siège de 1978 par l’armée syrienne contre Achrafieh, quartier chrétien de Beyrouth, l’invasion israélienne de 1982 à Beyrouth-Ouest, et les attentats du Hezbollah contre les casernes françaises et américaines se révèlent particulièrement destructeurs. (2) (3) (4)

La guerre y prend une dimension intestine, avec des affrontements pour la suprématie locale.

Immeubles sont touchés, infrastructures  mises à mal, et les banlieues accueillent des réfugiés selon des critères religieux.

8 Cuisson du lahmadjun_preview

La reconstruction se fait alors en dépit de multiples infractions aux règles d'urbanisme. (1) (6) (7)

L'assassinat en 2005 de l'ancien premier ministre libanais Rafik Hariri, secoue le pays tout entier, et les dernières troupes syriennes se retirent de la ville. 

Beyrouth subit alors une transformation physique et sociale de grande ampleur. Les connivences entre classe politique et promoteurs sont mises en évidence, ainsi que leurs causes, en l’occurrence la hausse des prix immobiliers poussée par l'argent du Golfe et les remises des émigrés. (1bis)                      

Depuis la crise syrienne, la présence des réfugiés accroît la pression sur le marché du logement et sur celui du travail. (2bis) 

BYBLOS  (de papyrus, pour faire les livres (byblia en grec).
Byblos, l'une des plus anciennes villes au monde, a vu sa première installation humaine au néolithique, vers 5250 av. J.-C.

Céréales y étaient cultivées et animaux élevés.

Puis les invasions se succèdent, en provenance de Syrie, Égypte ou Asie, un rempart est construit, l'écriture apparaît et les techniques s'affinent.

Les relations économiques avec l'Égypte contribuent particulièrement au développement de la cité. En échange du bois de cèdre, nécessaire à la construction des temples et des bateaux, arrivent métaux, dont l'or et le lin.

Au Xe siècle av. J.-C., des peuples marins investissent le pays, qui vont ouvrir des comptoirs sur le pourtour méditerranéen. Les Grecs les appellent les Phéniciens.

Byblos en profite. Même si elle ne participe à l'expansion, elle demeure prospère.

En 63 av. J.-C. arrive Pompée, qui ramène la paix, après des siècles d'agitation, entre Assyriens, Perses et Grecs, et Byblos s'étend au pied de la montagne.

La ville s'enrichit et s'embellit. (14)

La suite est plus connue, l'effondrement de l'Empire romain, les Byzantins, l'avènement de l'islam, les Croisés puis l'oubli.

C'est sur la demande de Napoléon III que Ernest Renan effectue au XIXe siècle une étude sur les sites phéniciens, et redécouvre la ville. (13)

 

 

TYR (100 000 hab.)

Déjà évoquée dans la Bible, la ville pâtit aujourd'hui de sa position géographique, puisque proche d'Israël.

Elle est entourée de quelques camps de Palestiniens qui attendent une solution à leur exil.

Dans l'Antiquité la cité était composée d'îlots qui, ensablés, se sont soudés au fil des siècles, avant de se lier au continent.

Elle existerait déjà depuis 2750 av. J.-C.

Au XIIe siècle av. J.-C., c'est le port principal à l'est de la Méditerranée. La ville aurait contribué à la construction du temple de Jérusalem, et est à l'origine de la fondation de Carthage. (20) (21)

Elle subit ensuite la domination des Assyriens puis des Grecs et des Romains.

Enrichie grâce au verre et à la pourpre, une matière colorante qui valait jusqu'à 20 fois plus que l'or, elle troque son nom pour Sour lors de la conquête musulmane.

La zone du Sud Liban étant un sujet conflictuel avec le voisin hébraïque, des hélicoptères israéliens semblent survoler régulièrement la région.

D'autre part, des réfugiés palestiniens arpentent régulièrement promenade et rues du centre. (17) (22)

Site archéologique d'al Bass. (23)

 

 

SAIDA (180 000 hab.)

Mentionnée au XIVe siècle av. J.-C., la troisième cité Liban tend à s'étendre encore davantage et ne dispose que de peu de reliquats de son histoire antique.

En effet, au VIIe siècle av. J.-C., le roi de Sidon (Saïda) refusant l'acquittement d'un impôt mis en place par les Assyriens, ces derniers procèdent à sa destruction.

Alliée des Perses contre les Grecs, elle accueille ensuite volontiers Alexandre le Grand, avec lequel elle assiège Tyr, ce qui lui procure une part du bénéfice de la pourpre, très prisée plus tard par les Romains.

Renommée Saïda sous les Arabes, elle devient le port de Damas, monopole d'autant plus important lorsque les collines à l'entour se couvrent de mûriers à la grande époque de la soie.

Elle perd cette place privilégiée en 1791 mais reste malgré tout un port de pêche actif.

Le Château de la mer (Qalat al- bahr) (27) (27bis)

Il est construit en 1227 par les Croisés avec des matériaux en provenance de ruines des alentours.

Une réfection est entreprise plus tard par les Arabes, avant que le bâtiment ne soit fortement endommagé au XIXe siècle.

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Le Khan el-Franj (le caravanserail des Français)

Il correspond à une auberge où, dès le XVIIe siècle, les négociants français de Saïda logeaient au premier étage, tandis que chevaux et marchandises étaient au rez-de-chaussée.

Il est ensuite résidence du consul français, puis résidence des Franciscains.

 

 

Le souk

Peut-être le deuxième plus important du pays, avec, en son sein, le musée du savon, financé par un important banquier. Situé dans une maison du Moyen-Âge aménagée en atelier au XIXe siècle, il devient propriété de la famille au XXe.

Les multiples étapes de la saponification y sont bien expliquées. (31) (34)

 

JEZZINE

Située à une altitude moyenne de 1 000 m, entourée de forêts de pins et de vignobles, Jezzine est majoritairement chrétienne.

Son nom signifie en araméen « dépôt » ou « réserve », probablement en raison des statues et sarcophages qui y étaient stockés  pour Saida. 

Elle dispose également d'une solide réputation en matière de coutellerie, des pièces avec un manche en tête d'oiseau. (28bis)

 

BATROUN (10 000 hab.)

Ville portuaire du nord, elle est aujourd’hui connue pour sa plage, un amphithéâtre romain taillé dans la roche, et son mur et ses tombeaux phéniciens.     

Son nom viendrait de sa précédente culture de vignes.(56) (59) (53) (54)

 

TRIPOLI (500 000 hab.)

Capitale du Nord du pays, elle est dotée d'une double facette, moderne, avec de longues artères bruyantes et enfumées, bordées de parcmètres (les premiers du Liban), et ses souks traditionnels, odorants et animés. (35) (36) (37) (43)

C'est déjà un comptoir phénicien au IXe siècle av. J.-C., composé de trois cités, al-Mina, al-Kobbé et Abou Samra.

Depuis la guerre civile, Bab al-Tebbaneh et Jabal Mohsen, deux quartiers de la ville, ont été touché par des affrontements violents, les uns soutenant le régime syrien, les autres non.

Il semble aujourd'hui que les deux parties se soient rabibochées, un café citoyen ayant même ouvert sur une ligne médiane, une sorte de nomansland. (4)

D’autre part, la rue Labban (ou rue Minno) est l’endroit branché pour les soirées animées. (51) (52)

Après Phéniciens, Grecs, Romains et Byzantins arrivent les Arabes qui la rebaptisent Trablous.

Les Croisés, avec la citadelle (château Saint-Gilles), redynamisent l'artisanat et l'économie de la ville, avant que les Mamelouks s'en emparent et la dotent de nouveaux bâtiments imposants. (44)

Les Ottomans lui conserveront sa vitalité en développant l'activité portuaire.

 

BCHARRE (Bcharré - Bcharreh - Bcharee - Bcharri - Bcharry)

Dans l’Antiquité, Bcharré était un village phénicien, où l’on exploitait le bois de cèdre. Dès le VIIe siècle, les chrétiens maronites qui fuyaient la persécution grandissante à leur égard, notamment en Syrie, ont été attirés par ses terrains montagneux et accidentés difficiles d’accès. Jusqu’à récemment, les Bcharriotes parlaient encore l’araméen. (61) (63)

Durant la guerre civile libanaise, Bcharré était le bastion de la résistance chrétienne.

Le poète, peintre et sculpteur Khalil Gibran y a vu le jour.

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Le village est situé dans les montagnes du Mont Liban à 1400 m d’altitude, au fond de la vallée de la Qadisha. Il est surtout célèbre pour sa forêt de cèdres, millénaire et sa station de ski alpin, de ski de fond et de parapente l’été. (66) (67) (68)

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BAALBEK (80 000 hab)

Située dans la plaine de la Békaa, son site figure sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, en raison de ses ruines gréco-romaines, avec même des traces de l’époque sémitique.

L’histoire de Baalbek remonte au moins à la fin du IIIe millénaire av. J.-C.

Ville phénicienne florissante où est célébré le culte de Baal, le dieu de la foudre et de la pluie chez les Phéniciens et les Cananéens, elle est ensuite appelée Héliopolis, « Ville du Soleil ».

Les vestiges visibles remontent surtout à l’époque romaine.

Ce sont les temples de Bacchus de Jupiter et de Vénus, bâtis par les empereurs Néron, Trajan, Hadrien et Antonin le Pieux. (75) (76) (77) (81) (82)

Auguste veut montrer la puissance de l'Empire romain et lance la construction d’un grand sanctuaire vers 14 av. J.-C., mais les travaux ne se terminent qu’à la fin du IIe siècle, en tenant compte des usages religieux de l’Orient. Ainsi les autels, beaucoup plus importants que ceux des sanctuaires romains, ou les escaliers des temples permettant d’accéder au toit, servant probablement à des activités culturelles orientales, escaliers qui n’existe pas dans les temples romains. (78) (80) (83)

Les cultes mystiques s’insèrent donc dans la culture romaine, destinés à consacrer la renaissance après la mort.

 

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Le festival de Baalbek

Grand événement culturel où les artistes du monde entier et de toute discipline viennent s'y produire : des compagnies de danse, des orchestres, des chanteurs et des compagnies de théâtre.

 

7 août 2017

DONNÉES Capitale : La Valette Nombre d’habitants


 

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DONNÉES

Capitale : La Valette 

Nombre d’habitants : 414 000. Avec 1 300 hab./km², l’une des densités de population les plus fortes d'Europe
Langues officielles : maltais et anglais  
Population : maltaise (95,4 %), arabe (1,8 %), anglaise (1,5 %), italienne (1,2 %)
Espérance de vie : 80,75 ans

Régime : indépendant depuis 1964, mais la République a été proclamée en 1974. Le régime est parlementaire.

Deux principaux partis politiques : le Parti travailliste (LP) et le Parti Nationaliste (PN).

Chef d'État : le pouvoir exécutif est détenu par le Premier ministre, et le président de la République est élu par le Parlement.

Située en Méditerranée, à 80 km du sud de la Sicile et à 230 km au nord de la plaque africaine, Malte est constituée de roches sédimentaires peu déformées.

Il s’agit d’un archipel qui comprend les îles de Malte, Gozo, Comino et Manoel.

Son climat méditerranéen assure des hivers doux et pluvieux, et des étés chauds et secs. Les précipitations tombent quelque 60 jours par an.

JC Grapperon - 19 Village de Popeye

 

HISTOIRE

Peuplé vers 5400-5200 av. J.‑C. par des agriculteurs-éleveurs-pêcheurs en provenance de Cicile, l'archipel connait une civilisation préhistorique importante, à l'origine des plus anciennes constructions monumentales de l'histoire et de l'humanité : les temples mégalithiques.

Dès l’Antiquité, sa position stratégique fait s’y succéder Phéniciens (IXe siècle avant notre ère), Grecs (VIIIe siècle), Carthaginois (VIe siècle) et Romains (IIIe siècle).

Vient alors la christianisation vers 50-60.

A la fin de l’Empire romain arrivent les îles Vandales, puis les Ostrogoths, les Byzantins, et les Arabes en 870, à la présence déterminante

C’est le Normand Roger Ier, comte de Sicile, qui envahit ensuite l’archipel en 1091.

Les religions et coutumes de l'île sont alors respectées, permettant le vivre ensemble des Normands, Berbères.

 

La période sicilo-italienne

Cette longue période de quatre siècles voit l’installation des Siciliens, Italiens, Génois et Catalans, rapidement assimilés, et l’expulsion des derniers musulmans, même si beaucoup sont certainement restés et se sont convertis au christianisme, d’où la langue arabe, encore usitée aujourd‘hui.

 

Les chevaliers de Malte

JC Grapperon - 28 Comino, La Redoute

En 1530, l’empereur Charles Quint, détenteur, entre autres, de la Sicile, accorde les îles de Malte à l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, ordre militaire et religieux consacré à la défense du Royaume de Jérusalem, chassée de l’île de Rhodes. Ceux-ci prennent alors le nom de chevaliers de Malte, et organisent la défense de l’île en édifiant plusieurs fortifications.

Ils résistent au Grand Siège des Turcs de 1565, avec à leur tête Jean Parisot de La Valette, qui donnera son nom à capitale de l’archipel l’année suivante.

Au cours du XVIIIe siècle, l’archipel subit l’influence commerciale française en Méditerranée, et en 1798, le dernier grand maître des chevaliers doit se rendre au général Bonaparte.

Cette occupation impériale ne dure toutefois que deux ans, jusqu’au soulèvement des Maltais qui font appel à l'amiral anglais Nelson. 

 

La période britannique

Les Britanniques refusent cependant de rendre l’archipel à l’ordre de Malte, le transformant en colonie, s’attirant ainsi les foudres des Maltais, d'autant plus qu’outre la prise de pouvoir politique et économique, ils imposent également leur langue.

Le XIXe siècle s’en trouve marqué par des nationalismes italien ou arabophone, et les premières tentatives de normalisation de l’écriture maltaise.

La suppression de l'italien dans les écoles et l'administration survient en 1933, et le maltais et l'anglais deviennent les langues officielles, suivies de l’écriture officielle maltaise sur la base de l'alphabet latin.

Après la Seconde Guerre mondiale qui met un terme temporaire aux dissensions, la lutte pour l'indépendance reprend, jusqu’à l’autonomie locale en 1947.

 

L'indépendance de l'île

L'indépendance est promulguée par le Parlement maltais en 1962, mais officiellement accordée en 1964, puis Malte devient république en 1974.

La vie politique du pays est alors marquée par son neutralisme et son non-alignement dans les affaires internationales, suivie d’une coopération étroite avec la Libye dans les années 1970.

En 1995, Malte demande son adhésion à l'Union européenne, qui n’est acceptée finalement qu’en 2004, avant l’intégration de la zone euro en 2008.

 

LANGUE

Le maltais, variante de l’arabe maghrébin transcrit en alphabet latin, est dominant. C’est donc une langue arabe, sémitique, résultat d’une histoire particulière, qui compte également des emprunts au sicilien, à l'italien et à l'anglais. (14)

Depuis la colonisation britannique, l’anglais joue également un rôle sociopolitique important.

Accessoirement, on parle aussi l'arabe et l'italien.

 

DRAPEAU

DRAPEAU MALTAIS

Adopté lors de l'indépendance en 1964, il porte deux bandes verticales blanche et rouge, d'égale largeur, celles de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem qui reprennent la bannière du comte normand Roger Ier de Sicile, et une représentation de la Croix de Saint-Georges.

 

RELIGION

JC Grapperon - 53 Cathédrale de Victoria, à Gozo

La religion d’État est la catholicisme romain, avec 97 % de croyants.

1 % sont chrétiens non-catholiques (orthodoxes et protestants), 1 % musulmans et 1 % sans religion.

 

ÉCONOMIE

Avec des ressources en eau limitées et la production 20 % de ses besoins alimentaires, l’économie de Malte est dépendante du commerce extérieur, du tourisme et de l'industrie (notamment électronique et textile).

L’île est en discussion avec la Tunisie pour l’exploitation commerciale du plateau continental partagé, particulièrement pour la prospection pétrolière. 

JC Grapperon - 1 Mgarr, église

 

Mġarr (3.600 habitants)

Petite communauté agricole du nord-ouest, dont les terres étaient à l’origine propriété de familles de Mdina.

C’est aujourd'hui un grand village de campagne.

L'église, dédiée à Sainte-Marie de l'Assomption, est bâtie entre 1912 et 1946. La taille de son dôme, imposante, ce qui n’est pas complètement rare sur l’île ( !), est due à la ferveur des habitants qui ont financé sa construction grâce à la vente de quelque
300 000 œufs produits localement.                     

Un office y a lieu le matin, avant le travail, et accessoirement, l’on s’y marie, même si ces dames ne semblent pas toujours coutumières des talons hauts. (2)

Les thermes de Għajn Tuffieħa datent de l'époque romaine (Ier ou IIe siècle).

JC Grapperon - 10 Gnejna bay

JC Grapperon - 11 Mdina, entrée

La plage de Għajn Tuffieħa est principalement fréquentée par les Maltais, celle de Gnejna Bay plutôt pour le nudisme à l’écart de la plage même. (6) (7) (8)

Sur les chemins, il n’est pas rare de tomber sur figuiers de Barbarie, en masse, et cartouches, à peine moins nombreuses, les chasseurs maltais n’étant pas des faucons…comprenne qui pourra ! (4) (5) (6)

 

Mdina (300 habitants)          

La localité la moins peuplée de Malte, fondée par les Phéniciens pour le commerce, a été plus tard occupée par les Arabes, qui l'ont divisée par un fossé, donnant naissance à deux villes distinctes : Mdina, la ville en arabe, et Rabat, le faubourg en langue maltaise. (12) (13)

Fortifiée, cette ville comporte trois portes : la porte monumentale, la principale, conçue par un ingénieur français en 1724 ; la porte des Grecs, la plus ancienne ; et la Porte des Anglais, construite par les Britanniques afin de rejoindre la gare de la ligne ferroviaire maltaise, fermée aujourd'hui.

 

San Pawl il-Baħar (la Baie de Saint-Paul, 21000 habitants)

JC Grapperon - 15 Mistra bay

Elle doit son nom au naufrage de Paul de Tarse qui, selon les Actes des Apôtres, se serait produit ici. (16) (17)                

Sa population monte à 60000 personnes en été.

Le palais de Selmun est une fortification qui, au final, a peu servi à des fins militaires mais plutôt d’hébergement. (18)    

Popeye Village, ou Sweethaven Village, groupe de maisonnettes en bois situé à Anchor Bay, a été créé pour servir de décor au film de 1980, avec Robin Williams en vedette. (20) 

De là, le chemin jusqu’à Xlendi alterne côte, criques et le village.de Sanat pour un rafraichissement en pleine rue. (34) (35) (37) (40)

Parfois, les cabanons placés ci et là offrent ombre et détente. (39)

 

Xlendi

Village balnéaire à l’eau émeraude, il a vu poussé maintenant les immeubles depuis son essor touristique. (41)                

 

Baie de Dwejra (baie de la cabane)

JC Grapperon - 43 Arche

L'arche de la fenêtre d’Azur est une structure architecturale naturelle baignant dans une eau somptueuse.

En face, le Fungus Rock est un îlot sur lequel pousse le cynomorium écarlate, une plante recherchée pour ses vertus curatives au XVIIIe siècle, dont les chevaliers de l’ordre avaient le monopole.  (44)

 

Marsalforn                                                  

Cet ancien port de pêche est devenu aujourd’hui une station balnéaire prisée. (45)

JC Grapperon - 46 Salines

Dans la baie de Xwieni, au Nord-ouest de la bourgade, des pains de sel sont récupérés lorsque la mer se retire. (47)        

 

Xagħra, (3 700 habitants)

Village colonisé en 4 100 av. J.-C (Néolithique), il abrite certains des plus anciens lieux de culte au monde, les temples mégalithiques de Ggantija (tour des géants), classés au patrimoine mondial de l’humanité.

Le moulin à vent de Ta' Kola, visible dans le village depuis 1725, possède encore son mécanisme d’origine. (50)             

La baie de Ramla abrite les vestiges d’une ville romaine, et se prolonge sur un chemin pas toujours très « pédestre » jusqu’à la baie de San Blas. (48) (59) (60) (61) (62)

 

Victoria (6 911 habitants)   

JC Grapperon - 57 Vue citadelle

Appelée ainsi en hommage à la reine anglaise pour ses 60 ans de règne en 1897, elle s’est vue en outre affublée d’un nom supplémentaire, Rabat, pour ses similitudes avec Mdina, sur Malte, en l’occurrence sa position de citadelle perchée sur un plateau et prolongée par un faubourg. (54) (55) (56)

C’est la capitale de l'île, où l’on trouve commerces, théâtre et vie plus citadine. (49) (51) (52) (58)

 

La Valette (6 700 habitants)

JC Grapperon - 68 Port

Capitale de l’île de Malte construite dès 1566 par l’un des grands maîtres de l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, Jean Parisot de La Valette, la ville est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1980. (63) (64) (67)               

JC Grapperon - 72 Façade de La Valette

 

 

Palais du grand maître

JC Grapperon - 65 Palais des Grands Maîtres

Edifié après le Grand Siège de l’île par les Turcs, il sert maintenant de lieu de résidence au président et abrite le Parlement. (66)

 

 

Batterie de salutation  

JC Grapperon - 69 Canons

Elle remonte au Grand Siège, après lequel elle désigne l'emplacement d'un bastion intégré lors de la construction des fortifications de la nouvelle ville.

Les Anglais en feront une batterie de salutation qui a fonctionné jusqu'en 1960. (70)

 

Marsaxlokk (3 500 habitants), de marsa (havre et xlokk (sud ou sirocco) 

JC Grapperon - 73 Port

JC Grapperon - 75 Port de Marsaxlokk

Fondé par les Phéniciens au IXe siècle av. J.-C, le plus grand port de pêche de Malte voit débarquer l'armée ottomane pour le Grand Siège en 1565. (74)

400 ans plus tard, ce sont Bush et Gorbatchev, venus tenir un sommet informel dans le cadre du désarmement en 1989.

Les luzzu

JC Grapperon - 78 Luzzu

JC Grapperon - 76 Bateaux

 

Ces bateaux de pêche traditionnels maltais très colorés portent à la proue un œil d’Isis, porteur de chance. (77) (79)

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23 septembre 2016

15 millions d'habitants. Superficie : 181 035 km2


SULAWESI

 

CAMBODGE-2

15 millions d'habitants.

Superficie : 181 035 km2

Capitale : Phnom Penh

Espérance de vie : 62,6 ans

Sports populaires : football, volley-ball, boxe khmère et dacau

Etat successeur de l’Empire khmer qui règne sur pratiquement toute l'Indochine entre le XIe et le XIVe siècles, le Cambodge a des frontières communes avec la Thaïlande à l'Ouest et au Nord-ouest, le Laos au Nord-est et le Viêt Nam à l'Est et au Sud-est.

Malgré la pauvreté, le pays connaît un fort développement économique depuis les années 2000, notamment grâce à l'afflux d'investissements étrangers.

CARTE CAMBODGE

HISTOIRE

Lors de l'empire khmer, de nombreux temples sont érigés sur le territoire, dont Angkor Vat, le plus fameux.

Ensuite c’est le déclin, au profit du Siam à l’ouest puis de l'Annam à l’est, jusqu’au protectorat instauré par la France en 1863.

La responsabilité de cet affaiblissement sera attribuée aux différents dirigeants par les nationalistes qui, à partir de 1950, aspirent au retour de la gloire d’antan.

Temple d'Angkor

L’indépendance arrive en 1953, suite à la guerre d'Indochine, avec une monarchie constitutionnelle dirigée dès 1947 par le roi Norodom Sihanouk.

Malgré sa neutralité lors de la guerre du Viêt Nam, il laisse pourtant transiter troupes et fournitures à destination des combattants anti-américains sur son sol.

Mais, confronté à une insurrection des Khmers rouges en 1967-68, il doit se résigner à laisser les rênes aux militaires en 1969, en échange d'une aide américaine, qui le renversent l’année suivante, avec le général Lon Nol à leur tête.

La république khmère nouvellement instaurée, est alliée des Etats-Unis et participe à l'endiguement du communisme en Asie du Sud-Est.

C’est alors la guerre civile, contre les Khmers rouges soutenus par la Chine, mélangée à la guerre du Viêt Nam.

Proches de la victoire en 1970, les Khmers rouges sont bombardés intensivement par les Etats-Unis, qui repoussent ainsi menace communiste jusqu'en 1975, date à laquelle les Khmers rouges de Pol Pot prennent Phnom Penh, installant un régime autoritaire maoïste.

Les villes sont vidées de leurs habitants, envoyés en rééducation dans les campagnes.

PHOTOS-TETE-CAMBODGEL’éradication des élites, les mines, la malnutrition et les maladies mènent à une catastrophe humanitaire faisant plus d’1,5 million de victimes.

En 1978, le Viêt Nam, redoutant ce chaos, envahit le pays, provoquant l'effondrement du régime des Khmers rouges et installant un gouvernement proche du socialisme vietnamien.

La guérilla fait rage, des millions de mines sont disséminées dans le pays et des centaines de milliers de personnes fuient par la Thaïlande vers des camps de réfugiés durant les années 1980.

Le départ des Vietnamiens en 1989 fait place à un nouveau régime, avec un premier ministre, Hun Sen, placé au pouvoir par le Viêt Nam, et qui se maintient malgré trois élections et une politique douteuses.

Son principal opposant, Sam Rainsy, s'est réfugié à Paris en 2005, et le roi Norodom Sihanouk, redevenu chef de l’État en 1993, a abdiqué à nouveau en 2004 au profit de l’un de son fils Norodom Sihamoni, ancien danseur classique et ambassadeur du Cambodge auprès de l'Unesco à Paris.

Aujourd'hui, le Cambodge, encore dépendant de l'aide internationale, souffre d'une corruption de masse, même si une certaine stabilité politique attire les investissements internationaux.

Ce sont principalement le tourisme et le textile qui permettent aujourd’hui l’afflux de devises, faisant bénéficier le Cambodge d'un des plus forts taux de croissance de la région.

 

 GÉOGRAPHIE

Frontalier avec la Thaïlande, le Laos et le Viêt Nam, le Cambodge, de faible altitude, vit au rythme de l’eau, avec le Tonlé Sap (rivière d’Eau Fraîche en khmer et le Mékong (Tonlé Thom, Grande Rivière) dont l'entrée du delta abrite Phom Penh, sa capitale.

Prenant sa source au Tibet, le fleuve traverse la moitié Est du Cambodge pour rejoindre le Viêt Nam, où il se jette en mer de Chine.

Le Tonlé Sap est, quant à lui, le plus grand lac du pays, formé par l'inondation d'une vaste plaine durant la saison des pluies, jusqu'à 10 000 km2 alors qu’il n’en a que 300 km2 en saison sèche.

 

ÉCONOMIE

L’économie cambodgienne pâtit également de la crise financière de 2008, en raison du ralentissement des exportations vers ses principaux clients, les Etats-Unis, l'Allemagne, la France et la Chine.

Secteur primaire : spécialisé dans l'agriculture, la pêche, l'exploitation forestière et l'exploitation minière, c’est la première qui pourvoit le plus d’emplois, à raison de 58 % de la population.

Basée sur la culture du riz, du maïs et du tabac et la production de viandes et poissons, elle inclut aussi la production de café, dans les provinces de Mondolkiri et Ratanakiri.

Parmi les ressources naturelles, on compte bois, pierres précieuses, minerai de fer, manganèse et phosphate, caoutchouc, le potentiel hydroélectrique du Mékong.

Secteur secondaire : concentré principalement sur la transformation des matières premières, il est dominé par l'industrie textile, qui représente à elle seule 75 % des exportations du pays.

S’y rajoutent la fabrication de papier, ciment, chaussures, cigarettes, et la transformation du bois pour l'export.

Secteur tertiaire : il regroupe les services - banques, assurances, santé, éducation, services publics - et tourisme, à l'activité la plus forte en terme de croissance, avec quelque 2,5 millions de visiteurs par an.

Première source de devises, elle entraîne de gigantesques projets dans les deux principales destinations touristiques du pays, Siem Reap et Sihanoukville.

Les premiers pays fournisseurs du Cambodge restent la Thaïlande et le Viêt Nam, alors que les États-Unis demeurent le premier acheteur du pays, devant Singapour et l'Allemagne.

Le faible taux de chômage oscille 3 et 3,5 % de la population active.

 

DÉMOGRAPHIE

Les Khmers sont majoritaires à 85,4 %, devant les Viê (7,4 %), les Chams (3,5 %), les Chinois (3,2 %), puis les Kui, Mnong (ou Pnong), Tampuan, Laos, Jaraï, Kru’ng, Malais, Taï, Chong…

Koh Trong, gamine

Les pertes dues au régime des Khmers rouges entre 1975 et 1979 sont estimées à près de 20 % de la population, soit 1,7 million de personnes.

 

LANGUES

Des quelque vingt langues parlées au Cambodge, deux sont austronésiennes, le cham et le jarai, les autres relevant globalementde la branche môn-khmer de la famille des langues austroasiatiques.

La première langue maternelle du pays reste le khmer, avec 13 millions de locuteurs, soit 96 % de la population.

Depuis l’ouverture du pays, de nombreux Cambodgiens apprennent le thaï, pour les échanges commerciaux.

Le chinois également, de par la communauté chinoise, généralement  bilingue, qui parle khmer ou vietnamien en seconde langue.

Le français est encore parlé par quelque 5 000 personnes ayant connu l'époque coloniale.

 

CUISINE

Riz et noix de coco représentent la base d’une alimentation équilibrée.

La sapèque d'or, l'amok, le prahok, le loc lac, le poulet au curry, les nouilles de riz sont les mets principaux du Cambodge.

 

RELIGION

Religion d’État, le bouddhisme theravada est pratiquéepar 95 % de Cambodgiens, mais coexiste avec une petite communauté musulmane (2 %) de l’ethnie Cham principalement.

De plus, quelques chrétiens et des minorités montagnardes ont conservé l'animisme, présent avant l’apparition de l'hindouisme, et toutes ces religions semblent vivre en bonne communauté.

Bord du Mékong, coucher de soleil

PHNOM PENH (1,5 million hab.)

Une vieille femme, nommée Penh, avait installé sur une colline quatre figures de Bouddha qu'elle avait découvertes au bord du Mékong. D'où le nom colline de Penh. 

Au XVe siècle, Angkor est abandonnée, car exposée aux attaques du royaume de Siam, et la capitale transférée à Phnom Penh, dont la position sur le Mékong présente un atout pour le commerce avec le Laos et la Chine.

Malheureusement, les incursions vietnamiennes du XVIIe siècle privent la ville de son accès à la mer, réduisant la région à un rôle de zone tampon entre Siam et Vietnam.

Ce n'est que sous protectorat français, à partir de 1863, qu'elle regagne de sa superbe, avec une division en quartiers abritant quelques édifices prestigieux, jusqu'à l'Indépendance et le règne de Norodom Sihanouk, renversé en 1970.

L'extension de la guerre du Vietnam et l'afflux de réfugiés booste la population à près de 3 millions, avant qu'elle ne se vide littéralement en 1975 à l'arrivée des khmers rouges.

Elle se repeuple à partir des années 1980, mais ne recouvre lentement une santé économique qu'à partir du XXIe siècle. (8)  (9)  (10)

 

Musée Tull Sleng

La S-21 est le nom donné à un ancien lycée, devenu l'un des pires camps de prisonniers des Khmers rouges entre 1975 et 1979. Son directeur était Douch, jugé il y a quelques années. 

On y torturait les traîtres au régime, à juste titre ou non, ainsi que leurs familles, qui finissaient par avouer des faits dont ils ignoraient l'existence.

On estime à plus de 15 000 le nombre de victimes passées par là. (4)

En 1978, une délégation suédoise, invitée par Polpot à se rendre au Cambodge, visite nombre de bâtiments et de fabriques sans se rendre compte des atrocités commises, et continue à soutenir le tyran, y compris au siège de l'ONU dans les 10 années qui suivent sa chute, réclamant son retour.

Les fils de fer barbelé des baraquements visaient à empêcher le suicide des désespérés. (3)

L'appareil dénommé la potence servait à l'exercice physique du temps des lycéens.

Au S-21, on y suspendait les prisonniers par les pieds pour les interroger, jusqu'à ce qu'ils perdent connaissance, puis leur plongeait la tête dans les jarres sises en dessous pour qu'ils reviennent à eux et que reprenne l'interrogatoire. (5)  (6)

Le camp d'exécution de Choeung Ek, connu sous le nom de champs de la mort ou killing fields, "accueillait" le trop-plein de prisonniers, que l'on assassinait à coups de bambou ou, pour ce qui est des enfants, en leur projetant la tête contre un arbre.

 

Marché russe

Surnommé ainsi parce que les expatriés russes y faisaient leurs emplettes dans les années 1980, c'est un immense bazar. (7) 

En fin d’après-midi, les bords du Mékong se remplissent de promeneurs, d’adeptes du sport, de bigots venant allumer des bâtons d’encens et de cartomanciennes qui annoncent aux clients ce qu’ils souhaitent entendre. (1) (11)

 

BATTAMBANG (250 000 hab.)

Deuxième ville du pays par sa population, elle est le centre commercial de l’ouest depuis plus de 500 ans.

Un géant roi, lançant un gourdin à un rival pour le tuer, le manque. Le bâton retombe et forme un ruisseau nommé O Dambang, avant de se perdre dans une région reculée, nommée « province de Battambang » (perdre le bâton) par l’un des rois suivants.

L’administration coloniale française, arrivée en 1907, démantèle les maisons en bois traditionnelles du bord de la rivière, les remplaçant par des habitations en dur, et construit un centre-ville, relié par la route et le rail à Phnom Penh.

On encourage les commerçants d’origine chinoise, comme dans toute l’Indochine, à en animer le cœur avec leurs échoppes. (14) (15)  (16) (17)

Battambang a quelque peu conservé de son atmosphère provinciale, même si son soi-disant charme colonial est exagéré.

La gare ferroviaire, plus desservie depuis 2009, attend que soit restaurée la voie ferrée, devenue dangereuse.

Les travaux, prévus par un accord entre le gouvernement et des sociétés privées, se font attendre. (12) (13) 

Durant le mois de novembre, chaque bourgade dispose d'un jour dédié aux moines bouddhiste, auxquels ils vont offrir de la nourriture et des vêtements, ces derniers ayant interdiction pendant trois mois de sortir du temple pour aller mendier leur pitance à l'extérieur, comme il est de coutume le matin. (19) (20) (21) (22)

Les maisons traditionnelles en bois appartiennent beaucoup au passé, les Cambodgiens ayant aussi franchi le pas du béton.

Ces habitations anciennes, faites en partie de tek, et d'acajou pour le sol, se visitent aujourd'hui comme un musée. (23)               

Trajet en bateau, filets de peche

Entre Battambang et Siem Reap, le bateau, moyen de transport apprécié, permet de passer des villages flottants, avec école, église, temple et magasins, et d'observer des pêcheurs de tout poil, à la ligne ou au filet, notamment ces immenses nacelles qui flottent sur l'eau. (24) (26) (27) (28) (29) (30) (31)

 

SIEM REAP (175 000 hab.)

Temple d'AngkorEn plein essor touristique du fait des temples d'Angkor,  la ville mélange est en pleine croissance.

Son patronyme, Siamois, terrassés, se rapporte à une bataille entre armées siamoises et…khmères, victorieuses.

Aux alentours, près du lac Tonlé Sap, se trouvent des villages de pêcheurs et des sanctuaires pour oiseaux.

Dans la première moitié du IIe millénaire, l’empire khmer domine l’Asie du Sud-Est de la Birmanie au Viêt Nam, avec pour capitale Angkor, qui compte jusqu’à 750 000 habitants, pour une superficie de 3 000 km2.

Macaques

Haut-lieu de pèlerinage bouddhique du IXe au XVe siècle, elle n’a pas vraiment été découverte par l'Occident, mythe pratique dans le contexte colonialiste.

Au-delà des temples, ce site s’inscrit dans un complexe d'aménagements hydrauliques, base de la prospérité de la région, à la suite du fondateur de l’empire, Jayavarman II. (50) (51) (52) (53) (54) (55) (58) (59)

Bayon

Les barays, immenses citernes, permettent d’éviter les inondations et de stocker l’eau pour les périodes de sécheresse.

Suivant la cosmologie hindouiste, les temples-montagnes symbolisent le mont Meru, axe du monde.  

C'est Suryavarman II qui édifie Angkor Vat vers 1130, après une période troublée par les attaques des Chams, grands rivaux des Khmers. (33) (34) (35) (36) (37) (39)

Le bouddhisme mahayana devenu religion d’état, les constructions se multiplient, Bayon, Ta Prohm, Preah Khan…  (68) (69) (70) (71)

Le déclin viendra, officiellement, des confrontations avec les royaumes voisins au XVe siècle, notamment Ayutthaya, mais probablement surtout de l’extension de la capitale de l’empire khmer et ses conséquences écologiques.

Après le détournement des constructions vers des représentations du Bouddha par des moines, le site, abandonné, est enseveli sous la végétation. (60) (61) (62)

East Mebon

65-East-Mebon

Après le déminage et la restauration, il se visite aujourd'hui et ce sont des flots de touristes déversés chaque jour, dont une forte délégation chinoise, reconnaissable au bruit, aux couleurs, et au comportement qui pourrait bien menacer l’ensemble à terme…  (45) (46) (47) (49) (64) (65) (66)

En compensation des macaques peuplent l’endroit ici et là.

Banteay, Kdei

Comme d’habitude, les petits sont joueurs, les parents au taquet, et les ancêtres plutôt indifférents. (40) (41) (42) (43)

Entre les différents sites, l’activité campagnarde suit son cours, qui labourage, qui fabrication de pains de sucre. (48) (56)

Les couchers de soleil somptueux sont à éviter sur les sites recommandés, où l’affluence réglementée entraine fraude et potentiellement rendez-vous manqués avec l’astre ! (72)

 

L’Est                                                                                                        

Dans les provinces de l’Est du pays, à la population moins dense, les espaces sont forestiers.

Sous les Khmers rouges, les déportations, famines, et exécutions y furent moindre.

Les revenus proviennent à 80 % de l'agriculture, dont la riziculture majoritairement.

Le district de Kratie est relié aux trois quarts au réseau électrique, contrairement au reste de la province.

Les productions notables sont celles du riz, généralement supérieure aux besoins, donc permettant le commerce ; le maïs, deuxième production agricole du Cambodge, sans atteindre le niveau de Battambang ; et le sésame.

En plantations fruitières, on compte essentiellement des noix de cajou et des bananes.

Maisons typiques

Maisons typiquesKRATIE (37 000 hab.)

Sise sur le Mékong, la ville  présentait pour les Français, une position idéale, de laquelle ils pouvaient administrer les cultures de maïs, coton, latex et tabac de l’arrière-pays. (76) (77) (83) (84) (85) (86) (87)

Maisons typiques

 

Environ 80 dauphins d’eau douce de plus de 2 mètres de long peuplent les eaux du fleuve, entre Kratie et Stung Treng.                                                  

Cet immense cétacé à la tête protubérante et à une nageoire dorsale courte, est pourtant en voie de disparition.

Il se montre volontiers tout en restant furtif lorsque l’on « navigue » sur les eaux du fleuve à la hauteur de Kampi, à 15 km au Nord de Kratie. (81) (82)

20 km plus loin encore, à Sambor, sur le site de la Pagode aux 100 colonnes, le Centre pour la préservation des tortues du Mékong est un joli projet et une belle arnaque. (78) (79) (80)

L’idée est d’encourager les villageois à conserver les œufs de tortue pour les élever durant quelques mois, avant qu’elles ne soient rachetées par le centre.

A l’âge d’un an, elles sont relâchées dans la nature.

Koh-Trong, pileur de glaceUne pensée très louable. Mais l’attrait réside principalement dans la tortue géante qui peut avoisiner jusqu’à deux mètres…or, on ne la voit pas, elle dort (elles dorment ?) soi-disant dans son grand bassin.

En résumé un résumé presque exhaustif (!), 35 km, 4 dollars, pour quelques malheureuses tortues exhibées par un personnel peu motivé.

L’île de Koh Trong, face à Kratie, accessible par bac, est réputée pour ses pomelos, qui dont est affublé presque chaque jardin.

En sus, rizières, jacquiers, et autres bambous, pas une voiture, quelques sourires.  

Six kilomètres de circonférence et l’affaire est dans le sac. (87) (88) (89) (90) (91) (93)

 

RATANAKIRI

Le nom de la province, Rotanah Kiri vient de giri (montagne) et rotna (pierres précieuses).

Ici, l’ethnie khmère est minoritaire.

Passagers bateau

Les Khmers Loue (Khmers­ d’en haut), en fait une douzaine de minorités, peuplent la région depuis des siècles.

Entre le XIIIe et le XIXe, ils sont régulièrement réduits à l’esclavage par des marchands khmers, thaïs ou laos, qui font place, en 1893, au régime colonial de l’Indochine française, qui les emploie à la récolte du caoutchouc dans les plantations d’hévéas.

Suit une campagne de modernisation, et surtout de khmérisation, instaurée par Norodom Sihanouk, avec déplacement de populations, travail forcé dans les plantations d’hévéas, enseignement de la langue khmère et installation de Khmers dans la province.

Des émeutes en 1968 mènent au massacre de centaines de villageois, et à l’exploitation de la situation par Pol Pot, qui trouve ainsi écho à sa cause auprès des Khmers Loeu.

Le leurre est de courte durée. Bientôt, des purges interdisant à ces derniers d’utiliser leur propre langue et pratiquer leurs coutumes traditionnelles, considérées comme anticommunistes, les poussent à fuir au Viêt Nam ou au Laos.

Pourtant, il semble que ce soit la région dans laquelle les sévices des Khmers rouges aient été les moins importants.

A la chute du régime, en 1979, les Khmers Loeu se voient octroyer le droit de retrouver leur mode de vie traditionnel, droit pourtant menacé par la modernisation, tourisme, agriculture et immigration massive de Khmers en provenance des plaines.

Arbre geant

A cela s’ajoute la hausse des prix des terrains. Malgré une loi allouant aux communautés minoritaires des titres de propriété collectifs sur leurs terres traditionnelles, la corruption permet des ventes théoriquement illégales, même si certaines ONG parviennent à limiter les dégâts.                                                            

La géographie du Ratanakiri comprend collines, montagnes, plateaux et plaines, et deux rivières importantes, le Tonlé San et le Tonlé Srepok.

Connue pour ses forêts vierges aux sols rouges fertiles, secondaires, qui, défrichées, se reconstituent après avoir été laissées à l’abandon par les cultures sur brûlis.

Les espèces florales y sont variées, et feuilles de tabac ou mini-tomates se cueillent dans le jardin. (118) (119) (120)

Pour la promenade en jungle, le panat nko, entre arbuste et arbre, permet grâce à son jus, de s’abreuver si on le coupe en tronçons. (122)

La faune locale, importante, comprend éléphants d’Asie, singes, sangliers, tigres, ibis géant (…), toutefois peu aisés à rencontrer sur le chemin.

Même si de nombreuses zones sont protégées, à l’instar du parc national de Virachey, le développement récent - accroissement de la population, abandon de l’habitat traditionnel, intensification de l’agriculture, exploitation forestière et braconnage- engendre des problèmes environnementaux.

Le trafic du bois, aux mains des militaires cambodgiens et des exploitants vietnamiens, est une véritable menace.

240 villages disséminés en 50 communes, elles-mêmes réparties en 9 districts, sont administrés en respectant une composante traditionnelle basée sur les anciens, chargés de gérer affaires communales et différends. (106)                                            

L’agriculture devient commerciale, avec arachide, noix de cajou, tabac ou mangue et, à plus grande échelle, maïs, hévéas, palmiers, et le troc habituel entre les minorités tend à disparaitre. (135)  (136)

A cela s’ajoute l’extraction de pierres précieuses de la région de Bokéo. (127) (128)

Banlung

Banlung (18000 hab.)

Chef-lieu du Ratanakiri. (101) (138)

Ici peu de lumière le soir, il faut prêter attention, comme en journée entre les différents véhicules. Pas franchement de règle de circulation mais une anarchie contrôlée, chacun s’approche précautionneusement.

Au Cambodge, la conduite est à droite mais la place du volant, elle, est hésitante, reflétant peut-être les différentes influences du pays.

La langue se trouve, au contraire, bien définie. Le khmer ou une langue minoritaire, et, pour la communication avec l’ « étranger », l’anglais s’est imposé, détrônant le français parlé par quelques personnes âgées aujourd’hui.

Ceci dit, la langue de Shakespeare est sujette à quelques sautes d’humeur quant à sa maitrise, selon l’opportunité. Un côté très pratique pour les Cambodgiens qui, ainsi, s’éclipsent de certaines situations délicates.

Les chutes d’eau de Cha Ong (25 mètres de haut, Kan Chanh (12 mètres de haut), Ka Tieng (10 mètres) avec l’excursion à dos d’éléphant. (95) (96) (97) (98) (99) (10)

Le lac de cratère de Yak Loum.(102) (103)

Enfants Kavet

Les minorités

Les Khmers Loeu, majoritaires, à 70 %, regroupent des ethnies différentes : les Tampuan (très bien représentés avec 24,3 %), les Jaraï (17,1 %), les Kreung (16,3 %), puis les Bru, les Kachok (2,7 %), les Kavet (1,9 %), les Kuy, les Lun. (108) (109) (113) (116) (117)

A celles-ci s’ajoutent les Khmers (19,1 %), les Lao, les Kinh, les Cham, les Chinois.

Chez ces peuplades, le niveau d’éducation est peu élevé, l’eau potable à 5,5 %, les toilettes rares, à l’instar de l’électricité, la majorité utilisant des lampes à pétroles ou à huile. (110) (115)

Le bois est le combustible pour la cuisson. (107)

Guide KavetLes maisons rurales, construites dans des clairières gagnées sur la forêt, sont faites de bambou, de rotin, de bois et de feuilles, à la validité d’environ trois ans. (114)

Généralement animistes, leur cosmologie est liée aux éléments naturels, avec des esprits habitant les forêts.

Malheureusement la conscience écologique ne triture pas ces derniers et les abords des villages retirent parfois un peu du charme de l’endroit.

Sur les chemins, les traces des déchets organiques d’immenses vers de terre ressemblent à de petits cumulus montrant le cap à suivre. (105)

Homme Kavet coupant la viande

Les villageois, comme partout dans le monde, brassent leur propre alcool     , appelé ici jarwine (de jarre et vin), une mixture quelque peu sucrée à base de riz auquel on rajoute régulièrement de l’eau, et que l’on siphonne à l’aide d’une paille en bambou. (121)

Il faut souvent emprunter un bac pour gagner les côtés des rives où se situent les villages des ethnies minoritaires. (104)

Après Bokéo, la route laisse la place à la piste, jusqu’à la frontière vietnamienne. (125) (126) (129) (131) (132) (133) (134)

La route qui descend au Mondolkiri est tout récente, comme celle de Siem Reap au Ratanakiri, et la liaison s’effectue rapidement en van.

Vers frontière vietnamienne

Avec ces derniers, la règle veut qu’on attende à sa pension une demi-heure avant le départ prévu, car il ramasse tous ces passagers selon un schéma propre au chauffeur, pour partir généralement en retard.

Mais ce temps semble être calculé dans la durée du transport total.

L’arrivée répond à la même logique, à savoir des aller-retours pas toujours compréhensibles.

Les places, nombreuses, quatre rangées de quatre (pensées pour trois par le constructeur), plus deux à l’avant, semblent, elles, suivre un plan simple : les locaux devant, là où l’on peut étendre ses jambes.

Pulung, plantation caféMONDOLKIRI  (Rencontre des collines)

Sise à une moyenne de 800 m d’altitude, avec un point culminant à 1 078 m au Phnom Nam Lier, la région offre quelques chutes d’eau spectaculaires aux abords à l’air de décharge publique comme il se doit, mais également un paysage de verts vallons ponctués de routes rouges, propices à l’exploitation de l’hévéa et l’épicéa, par Ikea entre autres, qui détient quelques forêts et verbalise tout propriétaire d’éléphant qui s’attacherait à en entamer l’écorce. (139) (140) (143) (144) (145) (147)

Une belle route toute neuve la relie au Ratanakiri et au Viêt Nam voisin. (146)

Ici, les deux tiers de la pêche sont consommés sur place.

Une partie, classée en zone naturelle protégée, abrite deux sanctuaires animaliers.

 

Sen Monorom (7500 hab.)

Ville principale de la province, elle a quelque chose des bourgades de l’Ouest américain d’antan.

Son développement rapide ainsi que les spéculations sur les terrains ont fait grimper les prix, multipliés par trois ou quatre en quelques années.(141) (142)

Putang, champs, grand-parents de BoulLes Bunong

La minorité du Mondolkiri au taux de pauvreté élevé, peuple les zones plus inhospitalières du pays. (156) (159)

Le tourisme aidant, certains parviennent cependant à faire évoluer le revenu de la communauté, ou tout au moins le leur, en proposant des promenades ou treks alliés à l’observation d’éléphants dans un milieu semi-naturel, à savoir les travaux des champs.

Un projet se dit vouloir les y réinsérer, après qu’ils ont servi au transport de voyageurs sur certains sites.

La question de la véracité de ce projet me semble pourtant se poser, à l’instar du bénévolat qui s’y pratique –comme partout dans le pays avec les cours d’anglais par exemple- pour lequel des touristes en mal de bonne cause donnent de leur temps, voire payent pour aller construire un semblant de barrage et laver des pachydermes.

Le business de l’action humanitaire va bon train et, dans le cas contraire, pour des périodes d’un jour (?) à un an, c’est le doute qui m’envahit quant à la pertinence et l’efficacité de l’engagement. Satisfaction de la bonne conscience ou altruisme à durée déterminée ? Ou existe-t-il une méthode révolutionnaire qui permet d’enseigner la langue du perfide Albion en quelques jours ?

Putang, vuePutang est le vivant exemple de cet essor, où l’on peut également simplement se loger et prendre ses repas. (150) (151) (152) (153) (154) (155)

L’électricité, installée voici trois ans, pose les bases d’une communauté en développement et permet la lumière dans les chaumières, ainsi que la télévision en continu, qui distille des soap opéras mal synchronisés, en provenance de Thaïlande et autres producteurs de soupe à l’eau de rose.

Depuis un an, le puits a été automatisé, facilitant grandement la quête de l’eau, et les lavages en tous genres, préparations culinaires. (157) (158)(160)(161)(162)(163)(165)Putang, champs, soeur de Boul

Les transports sont variés et les opérations inhérentes au progrès se réalisent sans aller forcément au garage. (164) (169) (167) (168)

Le village dispose aussi de son école, où ont lieu les cours d’une manière aléatoire, selon le calendrier des fêtes et des jours de nettoyage. (170) (171) (172)

Soit dit en passant, les tâches relatives aux champs s’accomplissent aussi sans participation pachydermique. (173) (175) (176) (177) (178) (180)

Culture du poivreKampot (42 000 hab.)                                               

Située dans la province du même nom, la ville était, au temps colonial, synonyme de poivre, une marque toujours présente dans son pedigree.(183)

Cette épice issue d'une liane tropicale représente le premier produit agricole cambodgien à avoir bénéficié d'une indication géographie protégée (IGP) en 2010.

Considérée par certains comme l'un des meilleurs poivres au monde, elle avait pourtant presque disparu sous les Khmers rouges.

La production importante des pays voisins, quoique de qualité inférieure, a rendu  difficile la reprise de sa culture, aujourd’hui de retour grâce aux coopératives, qui veille au séchage et au tri de grains de qualité. (191)

Les premiers fruits apparaissent au bout de trois ans et un plant donne de 2 à 4 kg.

Non loin de là, plusieurs entreprises est produisent également du sel.

Les grottes sanctuaires de Phnom Chngok.

Quelques stalagtites peuplent l’endroit, tout comme les chauve-souris qui vivent dans deux cheminées naturelles.

Dans la chambre principale un temple de briques du VIIe siècle (ère de Funan) est dédié à Shiva. (186) (187) (188) (189)

Mobylette chargéeLe paysage à l’entour, typique de l’Asie du Sud-Est, avec ses rizières et ses cocotiers, est ponctué de bars où se rassemblent, samedi oblige, les aficionados de la boxe cambodgienne…et les paris vont bon train. (184) (185) (190) (193) (195)

Bord du Mékong, coucher de soleilKoh Tonsay (île aux lapins)

Petite île au large de Kep, elle baigne dans le golfe de Thaïlande. (196)

Fréquentée avec retenue, encore, l’activité y fonctionne au ralenti. Cuisine, massage, baignade…de quoi terminer en beauté relaxative… (200) (201) (202) (203)

Son nom provient de sa forme, aucun lapin en vue sur l’île. (199) (204) (206) (207)

L’algue, au contraire, semble être un mets apprécié, à en croire les plateaux de séchage que quelques îliens entretiennent avec soin. (197) (198)

 

Phnom Penh

…le retour, pour les achats. Et la constatation que, sur la route, les conducteurs ne sont pas tous des fous de vitesse, un tuktuk emprunté dans la ville se révèle être probablement le plus lent de ceux qui habitent le Cambodge. Pourtant, la course n’est pas forcément plus longue, de par sa connaissance des raccourcis.

Le Cambodge ne m’a pas déçu. Sans devenir mon pays favori, aucun n’a pu détrôner le Myanmar, dans la région au moins, et sans offrir des paysages à couper le souffle –pas une ville non plus que je pourrais qualifier de charmante-, il s’avère souriant, présente des facettes multiples, selon la région, et montre un peuple qui a su ressortir la tête de l’eau après une page d’histoire terrible, marquée au fer rouge.

Celle-ci a été tournée, même s’il semble que quelques individus isolés n’ont pas accepté la reddition, et aujourd’hui le rapport au tourisme présente certes les caractéristiques inhérentes à son essence mais les désagréments restent dans les limites du raisonnable.

Certaines parties du pays, à l’Est principalement, restent ignorées de la masse, mais la création récente de routes pourrait peut-être contribuer à leur essor.

Reste alors à espérer que le développement se fasse en douceur, contrairement à ce qui se passe dans la région des temples où les sites, menacés par une épée de Damoclès, auraient certainement besoin d’une surveillance accrue, et surtout moins laxiste.

 

17 octobre 2015

HISTOIRE Sulawesi viendrait selon certains du

SULAWESI

GLOBE-POUR-SULAWESI

CARTE SULAWESI

 

HISTOIRE

Sulawesi viendrait selon certains du sanskrit trisula (trident), l'un des attributs du dieu Shiva et wesi (fer), de par la forme de l'île.                                                   

L’autre version traduit sula par île, donc l’île du fer, en raison des quelques gisements du Sud de l'île, autrement peu nombreux dans l'archipel indonésien.

Vers 2000 avant J.-C., des habitants de la Chine gagnent Taïwan, d’où certains migrent ensuite vers les Philippines, puis les Célèbes et les autres îles indonésiennes.

Pourtant l'occupation des grottes de Leang-Leang, à une heure de Makassar indique une présence humaine datant de 3000 av. J.-C., à l’instar de quelque 400 mégalithes de granite du centre de l’île, datés de 3000 à 1300 avant notre ère. La fonction de ceux-ci est cependant inconnue.

Les Portugais sont les premiers à accoster aux Célèbes en 1525, à la recherche d'or, censée y être produit. Arrivent ensuite les Néerlandais en 1605, puis les Britanniques.

A partir de 1660, les Néerlandais font la guerre à Gowa, principal état de la côte ouest, obtenant en 1669 le contrôle du commerce pour la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Ainsi construisent-ils le fort Rotterdam à Ujung Pandang (Makassar).

L'île est intégrée en 1905 aux Indes orientales néerlandaises, ce jusqu'à l’occupation japonaise de l’archipel pendant la deuxième guerre mondiale.

Des massacres ont lieu aux Célèbes lors de la Révolution nationale indonésienne de la fin des années 1940 avant  que l’île devienne un état fédéral indonésien.

De 1999 à 2001, Sulawesi voit s’affronter chrétiens et musulmans, principalement dans le centre de l'île, sous prétexte de nettoyage ethnique. Malgré un accord, au cours des années suivantes, les émeutes se poursuivent régulièrement jusqu’au milieu des années 2000, date à laquelle les esprits se sont calmés.

 

LANGUE

114 langues parlées sont répertoriées, réparties en 3 groupes, les langues philippines, célèbiques et sulawesi du Sud.

Anciennement dénommée Les Célèbes, cette île indonésienne est située entre Bornéo et l'archipel des Moluques, sur la route des épices, que surveillaient jadis les pirates Bugis et Makassars.

Avec 15 millions d'habitants pour 180 680 km2, soit un tiers de la France, elle n'est pas surpeuplée mais offre pourtant un brassage important de langues et cultures, dont les trois principales, les Makassars, les Torajas et les Bugis.

4 images debut

 

12.11.2014

Makassar (ou Ujung Pandang) en est d'ailleurs la ville principale.

Bruyante et peu emballante à mon avis, les gens y sont pourtant charmants et elle permet de régler quelques affaires sans encombre.

Carrefour de transports, son port fleurit, "gardé" par le fort Rotterdam, une enceinte à l'architecture coloniale hollandaise qui remplaça l'ancien fort gowanais au XVIIe siècle. (1)

C'est le site romantique par excellence, où vient se promener la jeunesse dorée de Makassar, arpentant les allées et les murs. 

Je me fais d'ailleurs photographier à cinq reprises, et sous tous les angles à chaque fois.

 

13.11

Après une nuit sans le moindre sommeil, décalage horaire oblige, je me dirige d'abord sur Daya en bemo, taxi-brousse local, pour ensuite me rendre à Sengkang,

L'une des passagères, Ernie, est médecin de formation et travaille pour le ministère de la santé, chapeautant des programmes divers sur l'île.

Elle est plus particulièrement spécialisée dans la santé mentale et, m'assure-t-elle, elle ne risque pas le chômage dans cette branche!

Son bureau est sur ma route, et en prenant congé, elle me signale avoir payé mon trajet jusqu'à la gare routière !

Au sortir de la grande banlieue de Makassar, le véhicule prend la route de la côte Ouest, le béton fait peu à peu place aux rizières et cultures en terrasses bien vertes qui ponctuent les blocs de roche posés çà et là.

Les maisons, en conséquence sur pilotis, affichent encore davantage de verdure avec de multiples plantes et fleurs en pot. Entre autres, je reconnais des zamioculcas et des bougainvilliers qui, s'ils ne sont tous bien hauts, possèdent des pieds conséquents.

Sengkang, congestionnée par la circulation, présente principalement de l'intérêt en ce fait qu'elle permet une pause sur le chemin de Rantepao.

Son lac, Tempe, n'est actuellement que peu praticable car plutôt sec.

Atelier de tissage de soie

Restent les soieries, à l'extérieur de la ville, où les jeunes femmes, voire jeunes filles, jouent du métier comme du piano, certaines d'ailleurs le casque collé sur les oreilles.

J'ai du sommeil à rattraper et, en fin d'après-midi, après avoir dégusté quelques sucreries du crû en compagnie de la propriétaire de l'hôtel, affairée avec son comptable, je parviens tout juste à quitter mes bottes avant de m'affaler sur le lit, comme si je tenais une bonne cuite !

 

14.11

Mon départ, de par l'attente de remplissage du taxi-brousse, est l'occasion de remplir un peu mon carnet de vocabulaire indonésien, grâce aux vendeuses de la gare routière et leurs bambins.

Coin bicitaxi de Pangkajene

Je dois changer à Pangkajene, où quelques mototaxis se détendent en jouant aux dominos ou aux échecs, puis poursuis en car jusqu'à Rantepao.

Les gens sont toujours souriants, s'ils ne le sont pas au premier abord, alors au "deuxième rabord". Ils fument énormément, peuvent concourir pour la palme d’or dans le monde. Même dans le bus, les clopes scintillent et dégagent leur odeur de clou de girofle, spécialité indonésienne.

 

15-20.11

Le pays toraja est le haut-lieu de la culture à Sulawesi, l'un des éléments-phare qui attirent l'étranger ici.

J'ai de la chance. Je commence mon séjour ici d'entrée par une cérémonie d'inauguration d'église, à Lemo, un village au sud de Rantepao. Johnny, un guide local, m'y accompagne.

Eglise

Il va au but et cela me permet un premier contact avec les environs, que je continuerai à découvrir par moi-même ensuite.

La région est à 90 % chrétienne, majoritairement protestante, alors que l'Indonésie, mises à part quelques enclaves bouddhistes, est principalement musulmane.

Cette religion se pratique pourtant sur fond de croyances ancestrales à la peau dure, puisqu'elles ont résisté aux autres groupes ethniques et à la sanglante répression hollandaise au début du XXe siècle.

Pour cette cérémonie, on sacrifie quelques cochons et un buffle. Le sacrifice de ce dernier témoigne d'un effort particulier. Quand j'arrive, l'opération a déjà été effectuée et les animaux sont déjà au sol, la tête du bovidé en pôle position. Les cochons qui suivent en procession, portés à l'aide de bambous par de jeunes hommes, seront vendus. Mais leurs cris me suffisent, et la vue des plus âgés bavant de stress, n'est pas réjouissante.  (8) (9) (10)

Pour les sacrifices, l'apogée est de fournir du sang de poulet, de cochon et de buffle. Pour un Toraja, les trois éléments qui constituent la vie sont la plante, l'animal et l'être humain lui-même. Et l'on retrouve la symbolique de ces éléments sur la croix devant l'église avec, au sommet, le poulet.  (11)

Suivent des danses, accompagnées au tambour, qui sont déjà plus agréables à regarder, tout comme les habitants, et surtout les habitantes, qui ont revêtu leurs plus beaux atours. Viens alors l'heure de la messe, et c'est le moment où Johnny me signale qu'il serait temps de gagner l'autre but de la journée. Ça m'arrange. (12) (13) (14)

Danse

Plus fameuses encore dans cette zone, les cérémonies funéraires attirent une foule immense, comprenant la famille proche et éloignée, les voisins, les alentours et quelques touristes. Certains proches vivent même dans des îles voisines.

Le défunt l'est parfois depuis plusieurs années. Pour ma première cérémonie, en l'occurrence 7 ans.

Placés alors dans des monuments funéraires temporaires, ils attendent patiemment que la famille dispose des fonds nécessaires pour procéder à une cérémonie convenable. Celle-ci se déroule alors sur une période de plusieurs jours.

Procession

Lors du premier, très intéressant pour quelqu'un de non coutumier du fait, après la messe et les remerciements de la famille, un repas est servi. Il consiste généralement en un papier épais sur lequel on dépose ce qui est amené dans les gamelles, généralement du riz puis, selon les moyens, de la viande et des légumes. Une petite bouteille d'eau accompagne l'ensemble et pour terminer, le balok ou vin de palme. (16) (17) (18)

Le corps, conservé à l'intérieur d'un tongkonan, est alors fixé sur un support de bambou.

Le tongkonan est cette forme architecturale propre au pays toraja que l'on retrouve également près des maisons, bien plus grande encore, et qui sert alors de réserve à grains. Sa forme particulière reflèterait pour certains celle des cornes de buffle, animal prisé, pour d'autres celle des premiers bateaux qui emmenèrent jadis les populations toraja jusqu’à Sulawesi.  (26) (27) (53) (54) (55)

Le corps est alors transporté jusqu'à sa dernière demeure, aujourd'hui en l’occurrence sur un kilomètre à travers forêt et rizières, un trajet ponctué par de multiples arrêts, la pièce se faisant pesante.                                                                                         (19) (20) (21)

Il est également l'occasion de batailles de boue entre les porteurs et les jeunes gens suivant le cortège. Ce sont des festivités joyeuses.  (22)                    

Arrivé à destination, le corps est extrait du tongkonan et placé dans une cavité rocheuse creusée à cet effet par des spécialistes. La porte est refermée et le tongkonan reste sur place. Pour certains, dont les moyens le permettent, des représentations picturales du défunt y sont posées, les tau tau(23) (24) (25)

Les jours suivants, les cérémonies se poursuivent avec danses, chants, et de nombreux sacrifices de cochons et buffles. Pour ces derniers, on assiste parfois à des combats qui peuvent se solder par la mort de l'un des deux mais pas nécessairement. Son prix élevé, peut parfois battre des records, à l'instar les buffles albinos. (28)  (29)

Quant aux cochons, c'est un spectacle révulsant. Ils passent des heures à terre, ligoté aux bambous qui permettent de les transporter ensuite. On ne leur tranche pas la gorge mais ils sont éventrés. L'agonie s'en trouve allongée. Leurs cris transpercent l'âme. (30)

Pour les Torajas, c'est le seul moyen de veiller au bon accompagnement de l'âme du disparu.

Au micro, la longue liste des donateurs, venus de toutes parts, est clamée haut et fort. Les autres, touristes et locaux moins fortunés ou moins concernés, se contentent d'apporter une cartouche de cigarettes.

Rizières

Le reste de mon séjour m'amène aux différents caps de la région, le Nord un peu plus montagneux, le Sud davantage parsemé de rizières. (41) (42) (43) (44) (60)

Je parcoure l'ensemble en Vespa locale, une japonaise automatique. Ici, on roule certes à gauche mais je ne suis pas complètement sûr que la différence soit nette dans l'esprit des conducteurs, surtout les automobilistes. Alors il faut conduire à l'Indonésienne, un habile mélange d'observation et de coups d'accélérateur.

Mais c'est un moyen pratique pour écumer le coin en étant souple et indépendant.

Tombes

Tombes

Je visite ainsi les grottes mortuaires de Londa, qui servent tout simplement de dernier refuge à des cercueils que l'on croise en progressant dans la cavité, tout comme ces têtes de mort, qui prêteraient à penser que l'on se trouve dans des catacombes. (31)  

A Sangalla, ce sont les arbres qui servent de cimetière aux bébés. Ils y sont disposés à la verticale de façon à ce qu’ils poursuivent leur croissance avec le végétal dont l'écorce les recouvre alors. (32)

Et il n’est pas rare, au détour d’une route, de découvrir une roche-cimetière, avec quelques effigies des chers disparus.                                                                            

Tout cela entrecoupé de pause-balok avec un militaire et ses potes de boisson, du spectacle des buffles en train de se baigner, ou de se faire baigner, de quelque échange-pantomime avec des gamins, ou de la contemplation des rizières. (33) (34) (35) (36) (37) (38) (39) (40)

Rantepao, principale ville du pays toraja, quant à elle, est dotée de son marché hebdomadaire, le pasar Bolu, avec étoffes, pains de sucre, noix de coco, poussins colorés et autres herbes à cuisiner. (46) (47) (48) (49) (50) (51) (52)

Vue sur Rantepao

Juxtaposé se trouve le marché aux bestiaux où s’échangent particulièrement les buffles.

Le perchoir de Singki, à plus de 900 m, offre une vue plongeante et étalée sur la commune et ses alentours. (59)

La vie nocturne se trouve beaucoup moins animée, la quasi-inexistence des lampadaires municipaux y joue certainement un rôle. Un bar à l’extérieur de la ville, que m’ont fait découvrir mes voisins de chambre russes, situé entre le karaoke et le bordel. Je ne l’ai vu qu’en après-midi. Et un petit restaurant, ouvert depuis deux mois, que j’ai découvert par hasard, dans lequel des étudiants viennent chanter, gratter de la guitare et jouer du caisson. Donna, une jolie toraja, en profite pour pratiquer son anglais, entre deux chansons et les sms avec ses amis. (56)

Lors de ces pérégrinations, un kuresumanga (merci en langue toraja) amène systématiquement un rire d'appréciation supplémentaire.

Après quelques compères russes il y a quelques jours, je passe les dernières soirées avec Jonas, un Italien travaillant à Amsterdam et rêvant de lâcher sa vie occidentale pour l'Asie. Il pense y parvenir d'ici quelques années avec son salaire confortable d'ingénieur informaticien.

 

21.11

Je quitte Rantepao dans un bus dont à peine un quart des sièges est occupé, un taux de remplissage qui ne changera pas jusqu'à Tentena. Donc un voyage de 12 heures loin d'être pénible, ponctué de diverses pauses et en partie occupé à discuter avec Nadine et Michel, un couple de Grenoblois croisé déjà lors de la cérémonie funéraire de Labo.

Nous arrivons de nuit, j'aurai donc, et j'aime cela parfois (c'est une des composantes d'un voyage), une nouvelle perception de l'endroit demain au réveil.

 

22.11

Perchée à 600 m d'altitude, Tentena se trouve au bord du Danau Poso, avec 32000 hectares le 3e plus grand lac d'Indonésie.

Malgré les 450 m de profondeur moyenne du lac, je ne perds pas pied en m'y baignant à la plage de Siuri.

Musulmans et chrétiens cohabitent dans cette petite ville paisible, et j'y entends de concert la prière des uns et le prêche des autres.

A 15 km de là, les chutes d'eau de Salupa sont un lieu de villégiature apparemment prisé des Indonésiens. Nous y croisons d'ailleurs une famille de 3 générations de Balinais. (62)  (63)

Chutes de Salupa

L'endroit, situé à 20 km de la ville, est facilement accessible en mobylette et, sur le dernier tronçon, bordé de cacaotiers en pagaille. (64)

L'étonnant est que, malgré cette multitude de la précieuse noix, l'Indonésie l'exporte en majorité pour ensuite éventuellement importer du chocolat.

Les quelques bourgs avant l'arrivée surprennent par la présence de petits temples hindou qu'on n'attend pas du tout dans cette zone fortement musulmane voire chrétienne. (65)

Dans la ville même, près du pont qui enjambe le Poso, d'immenses pièges en forme de V sont disposés pour attraper des anguilles pouvant mesurer jusqu'à 2 mètres lorsque celles-ci quittent le lac pour aller se reproduire en mer ou sur leur retour. (66)

Le marché de Tentena, au premier abord classique, recèle pourtant une particularité moins répandue, en l'occurrence la vente de chauve-souris herbivores, dont la vue n'est pas forcément un régal pour les yeux. À côté du stand, un homme se charge de cramer les petits poils de l'animal au chalumeau. (67)  (68)

Marché, chauve-souris

Marché, chauve-souris

On peut retrouver en partie ce produit sur les tables des warung, ces échoppes typiquement indonésiennes, le soir au moment du dîner. 

 

23.11

La chance au niveau des transports se poursuit entre Tentena et Ampana via Poso. Le dimanche n'est en effet pas un jour propice au déplacement et nous trouvons malgré tout une voiture, sans frais supplémentaires, pour l'ensemble du trajet. Deux Indonésiens partagent la première partie, puis nous en jouissant complètement pour la suite, même si pour les 40 derniers kilomètres, nous tenons à l'œil Pépère au volant...qui semble s'assoupir un peu parfois.

Une nouveauté pour nous trois au cours de nombreux voyages : aux pauses café, toilettes, repas ou distribution de courrier, il ajoute la pause plaque d'immatriculation…ou devrais-je dire la pose plaque d'immatriculation. Il s'arrête en effet pour couvrir celle-ci d'une autre dont il dispose dans sa voiture. Il nous explique alors que nous changeons de région et que cela est préférable avec la police.

Les cacaotiers, encore présents sur des kilomètres et des kilomètres, laissent place finalement aux cocotiers qui annoncent une mer du Sud comme celle dont tout à chacun peuple ses rêves.

Et au bout Ampana, d’où un bateau va nous mener aux îles Toggian.

 

24-29.11

Juste avant le départ, je change de l’argent à la dernière banque avant un moment. Comme à Rantepao, un personnel charmant, cela change des hypocrites aux finances de La Poste. La roupie indonésienne a pris du galon ces derniers jours, l’euro non, et il est même possible de marchander le taux. La jeune employée discute l’affaire avec son chef. J’obtiens peu mais le principe est intéressant.

A ma droite, un jeune homme repart avec une sacoche qu’un vigile l’aide à fermer tellement elle est pleine. Il agit apparemment pour le compte de son patron. Il a l’air détendu, l’ambiance est bonne et, de toute façon la criminalité ne semble pas trop élevée à Sulawesi.

Carriole

L’activité portuaire s’agite quelque peu comme à chaque départ pour les îles. Après l’enregistrement dans une baraque, j’achète le billet dans une autre baraque et en voiture Brigitte! (69)

Nadine et Michel sont déjà à bord, et nous ne serons rejoints que par quatre gringos supplémentaires…en bahasa indonesia pas de mot particulier pour nous désigner, contrairement à la Chine, l’Afrique, la Thaïlande et autre Amérique latine.

Le bateau pour Wakai ne sort pas du dernier salon nautique. La marchandise s’amasse au fil de l’arrivée de nouveaux passagers. (70)

Nous nous tenons, assis, parfois debout, à l’avant. Le premier arrêt, 4 bonnes heures plus tard, est le nôtre. Les passagers pour les îles plus éloignées sont à l’intérieur, allongés sur des matelas dans des « salons privatifs ». Les bébés somnolent dans des filets accrochés au plafond. (71) (72) (73)

Le capitaine dispose de sa propre cabine où il a recouvert le matelas avec un drap à l’effigie du Manchester United.

Des poissons-volants nous accompagnent  alors que nous passons les îlots, pour certains inhabités. (92)

A Wakai, l’atmosphère est au moins tout aussi agitée, les départs croisant les arrivées.

Les îles Toggian constituent un archipel de 56 îles dans la baie de Tomini. Volcaniques, elles sont couvertes de forêt, et cernés de récifs coralliens, dont on trouve, fait rare, les trois types : barrière de corail, atoll et récif frangeant. Et la faune sous-marine y est riche.

Nous enchaînons pour l’île de Kadidiri, à 20 minutes en bateau motorisé. (74)

La haute saison, pendant laquelle Sulawesi est étrangement visitée principalement par des Français se trouve être juillet-août. Actuellement, la place ne manque pas et sur les trois possibilités de logement de la plage, seul le nôtre est quelque peu occupé.(75) (76) (77) (78)

Nocturne

Sur les îles Toggian, on parle de resort, selon le terme anglais, complexe hôtelier normalement dans la langue de Molière, mais il n’effraie pas car il s’agit en fait de bungalows confortables mais simples. Selon l’endroit, l’eau peut être distribuée à des horaires précis et on se lave souvent au broc. L’électricité est disponible en soirée. (79) (80) (81)

Le tout pour un prix très abordable, dépendant du standard de la chambre, comprenant trois repas quotidiens, principalement à base de riz et poisson, accompagnés de divers légumes, tomates, aubergines, et nouilles. En outre, bananes et pastèques se retrouvent régulièrement, notamment au petit-déjeuner, avec douceurs fruitées en pancake, à moins que l’on ne préfère là aussi le classique nasi goreng (riz). Café, thé et eau préalablement bouillie (parfois au goût fumé) à volonté.

Je repasse un brevet initial de plongée, le mien, passé il y a une bonne vingtaine d'année au Honduras, étant périmé.

Pour l’instructrice, c’est le nom consacré, je ne tombe pas sur la perle. Une Française, qui connaît certes son élément mais expatriée depuis 2 ans à Bali (elle effectue ici un remplacement d’un mois), travaillée par la ménopause, et ce n’est pas une formule (!!!), autoritaire mais ni organisée ni pédagogue, contradictoire et décousue dans ses propos, en trois mots à la ramasse, je ne vais pas développer.

Donc, je passe ce diplôme avec deux jeunes, un Belge et une Allemande, qui accrochent davantage et sont donc moins dilettantes. Elle les materne et chacun y semble trouver son compte. Elle épuise également Nadine et Michel, qui pourtant ont moins à faire avec elle et quittent les lieux 2 jours avant moi.

Il s’en faut même de peu que j’arrête le premier jour, après un instant panique sous l’eau, qui en vaut au moins deux à terre (!). Et ce n’est pas la psychologie de la dame qui me pousse à continuer.

Bref, j’ai le papier et il me permettra de plonger, et m’améliorer, à l’occasion de sites propices.

Kadidiri, zanclus cornutus et poisson papillon de Raffle

Et je peux contempler quelques poissons de toute beauté, même si je ne peux les retenir sur écran qu’un court laps de temps, à mon goût, après que ma caméra sous-marine me lâche lors d’un snorkling post-plongée. (82) (83) (84) (85) (87) (88) (89) (90)

Le personnel y est agréable et je sympathise un brin avec Atem, originaire du Nord de Sumatra, qui pour la première fois a quitté sa patrie pour travailler quelques mois ici en tant que maître de plongée, et espère gagner Bali dans un mois afin d’y passer son brevet d’instructeur.

ETOILE-BLEUE

Mais ce ne sera pas en collaboration avec la mienne, il n’apprécie apparemment pas davantage la personne et ses accès d’autorité.

Je gagne à l’occasion la plage voisine de Barracuda, à 30 minutes par un sentier de jungle, l’opportunité de voir l’arrière-boutique de cette plage paradisiaque. (91)

 

30.11-03.12

Etape suivante, l’île de Malenge, plus à l’Est. Trois heures de ferry, le Puspita, sur lequel j’aborde littéralement après qu’Ao, conducteur de la barque motorisée de l’hôtel, a décidé de me déposer devant la porte, en fait un accès latéral qui abrège l’attente. Les villages défilent devant mes yeux, somme toute similaires, Tobil, Katukat, Tongkabo et Malenge, à la nuit tombée.

A l’arrivée, Hadi prospecte déjà les clients potentiels qu’il se propose de loger. Cela tombe à pic, mon choix s’était déjà porté sur le Lestari, à une demi-heure de là, et il m’y emmène avec Andi à la barre. (117) (118) (125)          

Là encore, peu d’occupants, Ian, un Hollandais qui s’est mis en retraite prématurément, à l’âge de 46 ans, accompagné de Lani, originaire de Kalimantan, la partie indonésienne de l’île de Bornéo.

Comme à Kadidiri, la place est habitée par quelques chiens avenants, Open, chasseur dans l’âme, qui dort devant ma porte, Molo, la femelle du clan, une douceur aux yeux en amande, et Moka, rejeton des deux premiers, amateur de café et fidèle compagnon de randonnée. Open et Molo ont remis ça et attendent un heureux événement dans les semaines qui viennent.

Nous partons avec eux et Iman, qui nous escorte dans une jungle un soupçon plus inhospitalière, visiter la grotte des chauves-souris, avec l’espoir de rencontrer  en route, à la cime de quelque arbre des tarsiers, ces tout petits exemplaires de la race simienne.

Jungle

Jungle

La promenade n’est pas de tout repos, aucun singe en vue, même si les chiens, soudain partis en trombe, en débusquent un ou deux dans les hauteurs. Mais nous apercevons un calao, un crabe des cocotiers et, dans la grotte, effectivement des chauves-souris par centaines qui virevoltent dans tous les sens.  (93) (94) (95) (96)

Vers la fin de notre escapade, Iman prend un mauvais sentier et nous nous retrouvons certes très proches du Lestari mais un bout de mer nous sépare, et la nuit étant là, Hadi vient nous prendre en barque.

Du bungalow, je peux apercevoir Papan, village bajau que je rejoins à deux reprises à la rame en 15 minutes. (97)

Les Bajau, gitans de la mer, ont un statut à part, considérés par beaucoup comme des parias.

En partie sédentarisés sur pression du gouvernement, qui y trouve un avantage économique en réduisant leur territoire, ils se sont recrées un espace à eux en milieu marin avec, généralement, des maisons sur pilotis arrangés autour de quelques promontoires rocheux, et reliés au cœur du village au moyen de passerelles. (98) (99)

Leur habitation, à l’instar de celles des autres populations locales, comprend une ou deux pièces vastes, avec peu de mobilier, généralement ouvertes sur la mer. Il faut d’ailleurs parfois les traverser pour pouvoir accéder au village.    (100) (101)

On leur prête différentes légendes sur l’origine de leur vie errante.

D’aucuns assurent que, voici des siècles, vivant autour de la péninsule malaise avec une peur chronique des gens du rivage, qui kidnappèrent la fille de leur chef. Cette dernière réussit à prendre la fuite et regagner le bateau de son père. Ainsi, par peur de représailles, les Bajaus se laissèrent dériver à l’aide du vent pour gagner la mer de Sulu.

D’autres parlent d’une rivalité amoureuse entre les sultans de Sulu et de Brunei, tous deux prétendants à la main de la fille de celui de Johore. Le premier emporta la mise, contre la volonté de la jeune femme, mais le second envoya sa flotte et s’évada avec la princesse. A la suite de cette attaque, les habitants de Johore sillonnèrent la mer entre Sulu et Johore, et conservèrent ce mode de vie.

Gamins

L’univers maritime représente donc un élément très fort pour les Bajaus, qui y sont immergé dès qu’ils ont atteint l’âge de trois jours. Selon leur croyance, ils étaient capables antan de marcher au fond de la mer, et chacun y disposerait encore d’un jumeau. (102)

On leur met la pêche à l’explosif sur le dos, responsabilité qui est loin d’être assurée. Les poissons sont tués sur 50 mètres à  la ronde, et les coraux endommagés.

L’autre méthode de pêche plus que douteuse et initiée par des entrepreneurs japonais et surtout chinois, est celle qui consiste à diffuser du cyanure dans les cavités coralliennes. Les poissons anesthésiés sont alors maintenus en vie à l’aide d’une seringue dans la paroi abdominale jusqu’à leur arrivée à Hong Kong, où ils sont vendus 10 fois plus cher que la somme perçue par les Bajaus, soit 150 dollars hongkongais.

Certaines espèces se raréfient ainsi et les Bajaus mettent leur santé en danger en plongeant jusqu’à 10 fois par jour à l’aide de compresseurs en surface introduits par les Chinois, alors que la limite normale avec bouteille est de trois plongées. Les eaux s’appauvrissant, les Chinois louchent d’ores et déjà vers l’Est de l’Indonésie.

Pour ce qui est de la pêche traditionnelle, au filet (et pour une petite quantité à la ligne) à partir de leurs lepas, embarcation des Bajaus, leurs déplacements sont calqués sur les marées. (105)

La pêche au trépang, ou concombre de mer, serait une explication supplémentaire à leur vie errante. Ils la pratiquent depuis des temps reculés et les concombres des côtes des Célèbes jouissent d’une réputation certaine. Aujourd’hui, l’approvisionnement en masse des tables chinoises menace fortement les populations de trépang.

Les Bajaus bannissent la viande de leur repas, considérée comme impure.

De religion musulmane, ils pratiquent cependant celle-ci sur un fond animiste.

A Papan, une longue passerelle est en construction pour leur éviter d’emprunter une barque lorsqu’ils se rendent  l’école, dans le village voisin de Kadoda.

C’est cependant à pied que je m’y rends en empruntant la jungle, flanqué de Moka et Open qui disparait bientôt, vaquant à ses occupations guerrières.

Et au bout d’une demi-heure, je me rends rapidement compte que je me suis quelque peu fourvoyé, en reconnaissant des endroits de l’excursion précédente et atterrissant à nouveau là où Hadi nous avait repêchés, alors que je devrais être dans la direction opposée. La jungle a ses mystères.

Marais

Je décide alors de longer le bord de mer…mais celui-ci disparaît rapidement. La nature voit la chose autrement. Je me retrouve dans une zone marécageuse, les pieds dans la vase tandis que Moka débusque un varan qu’il course jusqu’à ce que ce dernier chope un arbre dans lequel trouver refuge. (108)

Moka me montre le chemin et nous finissons par arriver à Kadoda où je peux lui rendre la pareille alors qu’un mâle jaloux le course le long de la jetée.  (109) (113) (114)

Le village est propre, les cours apparemment un peu aléatoires, à en juger par la présence des écoliers pour certains à l’extérieur du bâtiment. (110) (111) (112)

Les gens semblent craindre les chiens, y compris l’institutrice qui me prie d’éloigner Moka lorsqu’elle veut sortir faire une course.

Nous nous en retournons en longeant le bord de mer, les pieds dans l’eau, j’opte pour la facilité. Mon compagnon fait juste une petite incursion dans la jungle pour une partie maritime qui ne lui convient pas. (115)

Gamine

Je croise mon premier serpent sulawésien sur ma terrasse, qui s’enfuit rapidement vers le prochain palmier. Un mètre de long pour un centimètre de diamètre, il est inoffensif. (116)

La journée la plus aventureuse est encore à venir. Nous décidons avec Lani et Ian de visiter quelques villages ou resorts à l’entour et, but ultime, le lac des méduses.

Le temps se révèle rapidement capricieux et nous voilà, après une demi-heure de route, moteur coupé, attendant que le vent se calme pour ne pas menacer notre petite embarcation.

Mais il ne semble pas décidé, aussi accostons-nous dans « l’arrière-pays » de Malenge, pour une pause sympathique où je joue à la luge avec des enfants sur d’immenses feuilles de cocotiers sèches tandis que leurs parents profitent du signal téléphonique disponible dans les hauteurs du site. (119)

Nous repartons alors pour écumer quelques endroits.

Bolilanga est désert, même si le gérant nous assure que 10 bungalows sont occupés par des touristes aujourd’hui en excursion. Mais nous pouvons y prendre le déjeuner apporté par notre équipage alors que la pluie bat son plein.  (120) (121)

Faisant face au village de Katupat, Fadhila est un resort tout aussi animé actuellement. La réceptionniste m’explique là encore que durant l’été la place est majoritairement colonisée par des Français. (122)

 La grande expérience du jour reste le lac des méduses. Séparé de la mer par un muret que l’on franchit au moyen de quelques marches installées dans ce but, il présente une particularité très rare. L’on peut y nager au milieu de centaines de méduses en toute quiétude. Des petites, des grandes, des bleues, des beiges, des brunes.

La première approche reste prudente, psychologie oblige, mais une fois la confiance prise, rasséréné, l’on se prend à se glisser entre elles, évitant de les heurter du pied, on les élève telles des plumes à la surface, où elles deviennent plomb, et l’on s’émerveille de pouvoir évoluer dans un monde que l’on évite normalement.

Dernier arrêt à Tongkabo, chez un cousin d’Andi, connu comme le loup-blanc par ici, pour attendre une nouvelle accalmie, la météo faisant vraiment des siennes aujourd’hui. (123) (124)

Oui, mais voilà, cela s’éternise et ce n’est qu’à la nuit tombée que nous tentons un départ…bref, puisqu’après 200 mètres, Andi, peu rassuré, décide de rebrousser chemin. Il connait le bateau, pas le dernier cri, est familier de cette mer qu’il côtoie depuis l’enfance, aussi nous fions-nous à son jugement.

Vue

Un repas est vite improvisé, la famille est délicieuse, j’ai joué avec la petite et ses voisins plus tôt dans l’après-midi, et nous sommes vêtus pour la nuit, un sarong, pagne local, qui sent encore la lessive, un sweatshirt qui la sent moins, et cela fait la rue Michel.

Voilà finalement l’occasion de passer un moment au cœur d’une famille, de surcroît très avenante. (126) (127)

Et c’est au petit matin que nous regagnons finalement nos bungalows respectifs pour une journée plus tranquille, consacrée à la détente et au snorkling.

 

04.12

Dans la série des « je me lève tôt », je demande le départ du Lestari !

 

Anisoptères

Le Puspita, qui devait nous emmener Lani et moi, Ian poursuit sa route vers le Sud, à Wakai est en panne.

Aussi devons-nous affréter un bateau pour Tengkabo (tiens, le nom nous parle !) à 4 heures 30, où nous pouvons emprunter le ferry qui nous mène à bon port, en l’occurrence encore une fois, où nous passons une journée en attendant le ferry pour Gorontalo, au Nord de Sulawesi. (129)

Gamines

Notre bagage est au frais chez un couple anglo-indonésien tandis que nous nous rendons à une cascade proche de là. Proche est cependant tout à fait relatif de par la chaleur du jour. (130)                                            

Des anisoptères, appelés dragons-mouches en anglais, nous régalent de leur couleur, puis nous nous en retournons en tuk tuk manger un morceau avant de gagner le port en milieu d’après-midi.  (131) (132) (133)

 

05.12

La traversée est confortable, allongés que nous sommes sur des matelas assez épais pour ne pas sentir le sol. La classe améliorée, je n’ai pas envie de passer le trajet assis sur du dur. Ceci dit, le bâtiment est loin d’être bondé.

Je retrouve un vendeur de beignets de bananes croisé en allant sur Malenge il y a quelques jours. Il m’avait offert un de ses articles pour que je lui en achète un ensuite. Cette fois, je lui en reprends une fournée.

L’arrivée à Gorontalo, prévue déjà avant l’aube, s’effectue finalement à 2 heures du matin.

Nous empruntons alors un tuktuk pour me chercher un hôtel avant que Leni ne regagne son logement. Comme à l’habitude, les rues sont peu éclairées (je pense que la mesure est motivée par l’économie et pas l’écologie) mais les habitants en ont l’habitude.

Notre recherche aboutit au quatrième établissement. Le président, Jokowi de son surnom, vient en visite aujourd’hui et la ville et en effervescence. Beaucoup d’espoirs reposent sur lui, en particulier dans la lutte contre la corruption (y’a du boulot !), même si tous ne sont pas convaincus.

Gorontalo est le genre de place qui fait déchanter après la surprise de la quasi-tranquillité de Sulawesi, un endroit où l’on retrouve les aléas usant du voyage, malgré les efforts de Leni. Une ville sans charme, l’état d’alerte nécessaire pour ne pas se faire arnaquer en beauté, impossible de changer le moindre euro après avoir visité 5 ou 6 banques, et l’extension de visa (pour quelques jours seulement), qui s’avère un chemin de croix après l’obtention du premier en 5 minutes à l’aéroport de Djakarta.

Tant pis, je le ferai à Manado.

 

06.12

J’opte pour une voiture, le coût étant au final sensiblement le même qu’un bus, puisque le véhicule me prend à mon hôtel et me dépose au terme du trajet là où je veux dormir.

Ce sont presque 9 heures, après que tous les passagers ont été récupérés. Je suis assis à l’arrière à côté d’un homme qui me parait être un acheteur, à en croire son portable qui sonne continuellement, auquel il donne les références griffonnées sur un papier ; pas trop mal installé lorsque le véhicule roule, sinon c’est la fournaise.

Devant nous, un couple avec une petite fille tranquille ; sa mère est plutôt lente à monter et descendre et son père, malade en voiture, jette les sacs par la fenêtre au fur et à mesure qu’il les remplit. L’écologie indonésienne a de beaux jours…devant soi.

A côté du chauffeur, une jeune bourgeoise peu avenante, assez imbue de sa personne, le genre cagole provençale avec les yeux bridés.

Manado…Gorontalo en plus grande, en plus polluée, en plus laide (alors que le scientifique Alfred Wallace l’aurait décrite comme l’une des plus belles villes au monde, voilà 150 ans), à une différence près…l’on peut y changer des euros en 1  minute 30, compteur en main.

 

07.12

Dimanche, la ville se remplit des gens des faubourgs ou des îles en proie à la fièvre acheteuse en cette période de Noël.

Je dois attendre un jour avant de pouvoir déposer mon passeport au bureau de l’immigration. Je ne vais pas moisir ici aujourd’hui.

Je gagne donc Bitung, Girian, puis Batuputih dans la réserve naturelle de Tangkoko, où 8 800 hectares de forêt, bordée de côte sablonneuse et jardins coralliens au large, abritent calaos de Célèbes, macaques à crête, couscous (une espèce de marsupilami) et… tarsiers, que je n’ai pu observer à Malenge. (142) (143)

Ils ont donc ma priorité, après que je n’ai toujours vu aucun singe lors de ce voyage.

Cobra

En prime, un cobra mal en point sur la route à l’arrivée –une voiture a dû lui rouler sur la tête mais son corps continue à se mouvoir en spirales inquiétantes-, une tarentule qui dort sur un arbre à la nuit tombée et quelques gonones, moucherons qui piquent et peuvent démanger pendant des jours. Ceci dit, ils sont relativement calmes en ce jour. (134) (139)

Les tarsiers, minuscules primates nocturnes disposent d’une paire d’yeux si conséquents qu’ils ne peuvent les faire bouger dans leurs orbites.

Leur tête compense en tournant à presque 360°, élargissant leur champ de vision ; leurs oreilles, grandes et sensibles se rétractent et se déploient comme des radars ; et leurs longues pattes disproportionnées leur permettent des bonds sur de dix fois leur taille.

Ces étrangetés anatomiques leur facilitent la capture d’insectes, leur mets favori.

Tarsier

Les tarsiers, qui peuplent uniquement certaines forêts tropicales indonésiennes et philippines, vivent en communautés de maximum 8 individus.

Timides, ils requièrent l’aide d’un guide qui connaît leur habitat. Grâce à lui, j’en approche deux clans, logés dans leur arbre, respectivement 3 et 5 individus.

Les sons stridents qu’ils émettent pour communiquer sont également un moyen de les situer. (135) (136) (137) (138)

Je termine la soirée en compagnie de mon hôte, Ido, joueur d’ukulélé et buveur de chaptikus, whisky local, à base de vin de palme ajouté à un mélange de ginseng et sous-écorce de palmier. (140) (141)

 

08.12

A 9 h 30, je suis au bureau de l’immigration.

Le gouvernement indonésien semble ne pas vraiment souhaiter les prolongations de visa (ou craint-il que je reste travailler…là, il peut dormir tranquille !!!), à en croire par les obstacles qu’il pose. A chaque fois, une nouvelle trouvaille.

La dernière, il me faut revenir demain pour payer, après accord d’un chefaillon. J’arrive heureusement à limiter l’attente mais il me faut passer à nouveau à 13 heures, juste avant le bateau pour l’île de Bunaken où je veux passer les 3 prochains jours.

J’y suis à 11 h 30, bien avant donc, et j’assiste au ballet des fonctionnaires qui glandent et glandent, un balai (!) mou cependant, on se croirait à La Banque Postale, sauf au moment du pointage pour la pause-déjeûner et qu’ils disparaissent sans que l’un d’entre elles (ou l’une d’entre eux) m’ait prêté quelque attention.

Et à 13 heures, je me jette sur le guichet où la philosophe, mirant fixement son écran pendant un quart d’heure, relève finalement la tête pour m’expliquer que je dois revenir demain. « 3étapes…problème d’ordinateur…

Nous avons les mêmes à la maison, ces bureaucrates incapables, bornés et lobotomisés.

Je prends donc mon passeport et les laisse à leur impotence intellectuelle. Je paierai à la sortie, un peu plus certes, mais ces allers-retours coûtent également financièrement, fatiguent le bonhomme et obligent à rester dans des endroits pourris qui réduisent sensiblement le plaisir du voyage et l’opinion que l’on garde de Sulawesi et de l’Indonésie en général.

Les gens ne me paraissent pas aussi affables que dans le Sud et le centre, sans non plus les trouver franchement désagréables.

Je gagne le port en ojek (taxi-moto), et pas en microlet, minibus que j’ai beaucoup emprunté ces derniers jours -avec l’ânerie congénitale de ces officiers de l’immigration, je risque en outre de louper le bateau-, et là je tombe sur le conducteur le plus prudent de Sulawesi. Je me demande d’ailleurs si c’est vraiment son métier. Ceci dit, il connaît des raccourcis et j’arrive à bon port.

Baleine

Le bateau ne part de toute façon pas à l’heure, avec l’activité portuaire et la nonchalance indonésienne et, en milieu d’après-midi, je suis sur l’île de Bunaken, après que nous ayons croisé une baleine en chemin. Je ne sais pas grand-chose sur son état, elle ne bougeait pas mais restait en surface, un grand oiseau planté sur le dos. Impressionnant et inattendu en tout cas. (144) (145) (146)

 

 09-10.12

Bunaken dispose de sa réputation pour la plongée. Ici, je vais me contenter du snorkling, avec masque, tuba et palmes.

Le principal village se trouve au port, avec son église que l’on remarque à l’arrivée, ils sont plutôt chrétiens ici et les fêtes de l’Avent battent leur plein. (147) (148)

Le reste consiste principalement en un chemin, boueux par endroits puisque la saison des pluies a entamé son activité, parsemé des différentes pensions qui n’affichent pas complet en ce moment.

Je suis installé selon le même principe qu’aux îles Toggian. Un bungalow, avec salle de bain et antichambre de salle de bains et trois repas par jour.

Confortable sans être luxueux non plus. Quelques araignées habitent également les lieux et je m’efforce de ne pa­­s trop les déranger. E­­lles étaient là avant moi.

A part elles, Stijn, un Flamand croisé à plusieurs reprises depuis Wakai, arrivé également aujourd’hui ; une Anglaise qui fait une pause entre diverses traversées nautiques où elle remplit différentes taches ; un banquier Catalan qui s’adonne à la plongée en apnée et compte passé un mois ici ; Bert, retraité Allemand qui a tourné Australien depuis une quarantaine d’années et semble vouloir prendre racine –il a déjà réservé un logement pour 2015. Mordu de kayak, c’est devenu une figure locale ; et un couple d’Autrichiens, encore indécis quant à la direction que doit prendre leur voyage, 5 semaines comme moi. (149)

Lorenzo, propriétaire des lieux, est l’un des pionniers ici. Il a ouvert son établissement en 1991, âgé alors de 21 ans. Une entreprise un soupçon familiale, avec quelques employés cependant.

Comme à l’accoutumée, quelques représentants de la race animale, trois chiens et deux chats. Pour ce qui est des canins, l’un est déjà prévu du jour de l’An et un deuxième un peu plus tard !

Les eaux regorgent de poissons et je pars avec Stijn pour une demi-journée, sur le bateau de pêche du père de Lorenzo qui loue son embarcation aux visiteurs. (150)

Barque

Il connaît les eaux des alentours et, outre poissons multicolores, nous pouvons observer une bonne dizaine de tortues, assez timides cependant. Elles nagent parfois près du récif, mais surtout vers la Grande Bleue, qu’elles gagnent rapidement dès que nous approchons à moins de deux mètres.

Malheureusement Manado est proche, et sur l’un des versants de l’île, ce ne sont pas qu’êtres vivants que nous croisons mais également détritus en pagaille !

Sacs plastiques, boîtes de boissons gazeuses, une chaussure…et autres polluants que nous heurtons littéralement au fil de notre progression. A ce point, je n’ai encore jamais vu cela.

L’Indonésie a vraiment du souci à se faire si aucune mesure n’est prise à cette encontre.

La veille de mon départ, Lorenzo, accompagné de son père et d’un ami, nous offre un petit concert, les deux premiers à l’ukulélé, le troisième à un instrument étrange pour nous, qui allie contrebasse et batterie, qu’il pratique avec maestria.

Lorenzo est au chant et l’ensemble rappelle davantage Hawaï que l’Indonésie.

 

11.12

Je regagne Manado pour m’envoler vers Makassar, Stijn quitte également les lieux, préoccupé lui-aussi par une extension de visa qui traîne et échoue également. Il va donc s’envoler pour les Moluques et réitérera ses essais là-bas. Sinon, il quitte le pays.

Dans le bus de l'aéroport de Makassar qui m'amène en ville, le jeune chauffeur me demande le nom de mon hôtel, le même qu'à mon arrivée à Sulawesi, et ne leconnaissant pas, il le recherche par le biais de son portable afin de le localiser. Bien avenant.

En soirée, je retrouve mes connaissances russes de Rantepao, Dimitri, Pavlov et Yuri. Je sors boire une bière avec le dernier.

La conversation est intéressante, un autre point de vue par rapport à la Russie. De part et d'autre, les médias ne relaient pas les mêmes informations. 

Yuri s'intéresse à la culture française, il n'a cependant pas le droit de se déplacer en Europe, travaillant pour le Sukhoi, équivalent du Mirage français. Secret d'état oblige.

 

12-12.14

Sur le conseil du garçon de mon hôtel, je ne prends pas le bus du matin pour Bira mais me rends à la gare routière un peu avant midi. Cela permet un peu de repos et quelques emplettes, et je comprends en arrivant que, surtout, il voulait m"y emmener et pas trop tôt. Cela lui faisait une course facile. Mais qu'il n'y a plus aucun bus. 

Uniquement un taxi collectif. Mais pour l'instant, aucun client, et ce n'est qu'au bout de deux heures qu'un autre, rempli entre-temps me prends, le mien étant toujours vide. Dans le feu de l'action, je laisse,  dans le premier véhicule, mon chapeau, un ami de 30 ans.

Le trajet dure pratiquement 5 heures, avec de multiples arrêts, dans une ambiance bon enfant. J'arrive de nuit et je prends la première pension venue, propre mais sans charme, j'aviserai ensuite.

 

13-14.12.14

Bira est connue pour la fabrication de bateaux, de petits comme de gros modèles. Actuellement, deux énormes bâtiments habitent la rive, dont celui commandé par un riche indonésien, à bord duquel on peut monter.  (152) (153) (154)Je m’y rends en compagnie de Barto, un Hollandais non volant qui habite à deux minutes sur la même rive. Ce cargo de 52 m sur 13, pesant pas moins de 600 tonnes, devrait être mis à l'eau d'ici peu. 

Une équipe de 15 ans homme a travaillé à sa construction pendant 15 mois, dont cinq à attendre des matériaux, bois différents qui le composent majoritairement, de l'acacia par exemple. (155)

L'on dirait une énorme banane et personne ne peut en expliquer la raison, les embarcations traditionnelles ne correspondant pas à cette forme. Cette dernière pourrait presque suggérer l'impression de tangage alors que l'on se trouve encore sur la terre ferme. 

D'après Barto, le prix convenu serait de 600.000 euros, un prix plus que raisonnable pour un bâtiment de cet acabit.

Une petite communauté d'étrangers s'est formée à Bira, composée de quelques Anglais, Slovènes, un petit clan de français, un Hollandais et un Norvégien, qui ouvre juste son petit resort et chez lequel j'inaugure l'un des bungalows. (151)

Tous ces expats sont occuper à gérer leur pension ou travaillent à un chantier naval, à l'instar de Denis, ancien chauffeur routier des Basses-Alpes , qui un jour a quitté sa région pour parcourir le globe en bateau, allant de la Martinique au Brésil puis gagnant d'Indonésie en passant par la Nouvelle-Calédonie. 

Barto, lui, propose ses services plutôt en tant que consultant, après avoir fabriqué des bougies artisanalement dans son pays d'origine.

Yohan, le Norvégien, développe des petites affaires ici et là, après avoir été marié quelques fois et ayant quelques bouches à nourrir, d'un mariage précédent, actuel ou des enfants adoptés. 

Racontant volontiers ses histoires de vie, il en a toujours une sur l'oreille, qui enchaîne avec la précédente et construit le puzzle de son existence. 

Ainsi explique-t-il sa présence ici par le biais d'une première femme indonésienne, rencontrée dans un pub irlandais de Pigalle, à Paris donc, où il avait échoué après une relation ratée à Copenhague.

Cette dernière s'est retrouvée un jour possédée, une croyance qui a ses adeptes dans la région, et a pris la poudre d'escampette alors qu'ils s'étaient rendus ensemble à une source d'eau qu'ils voulaient acquérir. 

Port

Yohan s'est marié peu de temps après avec sa femme actuelle. Elle gère la caisse, lui investit dans les centres de plongée, pensions, vaches, et autres terrains constructibles.

Sa pension sur Bira fait face à la mer, ce qui n'est pas toujours le cas dans le village, à deux pas du port. (156) (157) (158)

L'eau regorge de poissons, multicolores, l’un d’eux m’accompagne d’ailleurs un moment, lors d'un snorkling, même si cette fois je suis privé de tortues, pourtant présentes ici. (159) (160) (161) (162)

Une autre spécialité du coin, perchés sur les hauteurs: les karaokés, où viennent se divertir les villageois. En fait, ce sont rarement eux qui chantent mais plutôt les entraîneuses, mal, sur une sono de mauvaise qualité et poussée à fond, qui travaillent par ailleurs comme des fourmis. 

Les verres de bière sont remplis à nouveau dès la moindre gorgée bue, et les filles, payées à la commission, commandent ce qu'elles peuvent pour soulager la bourse du visiteur. Pour ce qui est de ses bourses, cela n'est pas automatique, tout est affaire de personne.

Le spectacle n'en reste pas moins amusant mais, un peu lassés au bout d'un moment, ce petit monde quitte les lieux et je me retrouve avec Denis et son copain Michel dans un autre karaoké, tout aussi assommant mais privé. 

Il s'agit en fait d'un particulier ou la fille de la maison crie à tue-tête dans le micro avec son amie. 

Bloqués un moment par la pluie qui bat son plein, nous nous soumettons à la torture mais profitons de la première accalmie pour regagner nos locaux respectifs.

 

15.12.14

Je quitte Bira au petit matin, par un superbe lever de soleil, je ne tiens pas à louper mon vol de retour, et, même si le taxi collectif me prend en retard, je suis à midi à peine à la gare routière de Makassar. (163)

Je me dois définitivement me résoudre à la perte de mon chapeau en y arrivant et j’enchaine avec un taxi directement pour l’aéroport.

A partir de là, les mésaventures se suivent. L’avion part en retard. A Jakarta, la récupération du bagage s’éternise. Heureusement, un jeune m’attend plus ou moins.

Les arnaques arrivent ensuite. A commencer par la taxe d’aéroport, inclue de Makassar mais à l’internationale elle s’en trouve par rapport à ce que j’avais vu à Manado.

Vient l’immigration. Ils ne veulent rien de mes expéditions aux bureaux de Gorontalo et Manado et, au lieu des 13/14 euros annoncés, ce sont 20 euros par jour ; de plus, du 11 au 15 décembre, ils comptent 5 jours.

Lever du soleil

Je crois qu’il faudrait boycotter l’Indonésie car, après les diverses histoires que j’ai pu entendre ici, la corruption n’est vraiment pas une légende et elle profite à des personnes qui ne sont pas les plus mal loties.

Les fonctions s’achètent, et les plus démunis ne peuvent donc pas y accéder.

En passant l’un des contrôles, une dame d’un certain âge à glisser un billet au contrôleur du tapis roulant juste devant mon nez. Ainsi, son paquet est passé comme une lettre à la poste !

En atterrissant à Francfort, avec du retard, nous restons enfermé dans l’avion pendant une demi-heure, suite à un malentendu entre le poste de pilotage et l’employé qui amène le pont pour la sortie.

Ajouté au passage douanier et au contrôle suivant, ma course jusqu’au point d’embarquement m’amène devant un guichet déjà fermé.

La Lufthansa ne vaut pas mieux que toute autre compagnie. Je sais par expérience que l’Allemagne n’est pas à la hauteur de la réputation qu’on veut bien lui prêter en matière d’organisation mais là, chapeau !

Je chope donc un autre vol pour Marseille via Munich qui me fait bien sûr arriver plus tard que prévu. Et, la cerise sur le gâteau, mon sac n’est pas à l’arrivée, il me sera livré à la maison.

En bref, un retour qui ne me fait pas regretter de rentrer…cela a au moins cet avantage.

En conclusion, je peux dire de Sulawesi que mon impression de première  partie de voyage ne s’est pas confirmée. Il n’y a pas que du positif. Mais où cela peut-il bien être le cas (?)

La circulation dans les villes y est étouffante. Avec quelque 2,5 millions d’habitants à Makassar (autant qu’à Paris intra-muros) par exemple, on ne peut s’en étonner,

Quelques endroits restent paisibles comme les alentours de Rantepao, à la culture fascinante, même si parfois un peu dure, les Toggian ou Bira, qui offrent une alternative à certaines attitudes ressemblant plus à des copies américaine ou européenne qu’à des traditions indonésiennes, avec les classiques de la gastronomie américaine !

Des eaux superbes, pas toutes encore touchées par la déchetterie que devient le pays.

J’ai ressenti le Nord comme moins avenant. Un jeune homme instruit de Jakarta, dans l’avion pour la capitale, m’a expliqué que la population y était plus rustique, spécialement à Manado.

Il m’a également confirmé la corruption qui gangrène le pays. Tout se monnaye, y compris le permis de conduire (auquel on échoue si l’on ne paye pas, ce qui rend l’examen caduque…peu le passent donc), les libérations de prison et autres achats de terrain ou postes en vue.

Le confort de vie des citoyens, sans être luxueux, n’est pas au ras des pâquerettes.

Les sourires sont nombreux et généralement pas calculés, avec des  « hallo mister » à chaque coin de rue.

Le progrès technique s’y développe timidement. Les connections Internet sont éparses, inexistantes parfois, à l’instar du téléphone, et c’est en même peut-être la raison du charme des endroits épargnés.

Enfin, des soubresauts d’arnaques se font sentir, encore limités, mis à part ceux émanant des représentants gouvernementaux, dont il faudrait vraiment reconsidérer les bases. Le nouveau chef d’état a du boulot !

 

Quelques renseignements pratiques :

RANTEPAO, pays Toraja - Johny Burin - Guide local : A/D Wisma Maria - JL. Dr Ratulangi No 23 Rantepao - Toraja - South Sulawesi - Indonesia                    johnyburun@gmail.com                                                                                                                                                            HP : 0821 9501 6444  -  0812 4148 2678

BIRA - Bungalow et plongée chez Johan : Johanlakeba@gmail.com

 

12 novembre 2014

GÉOGRAPHIE Situé dans la Corne de l'Afrique,

 

 

TITRE-ETHIOPIE

 

 

AVIGNON-ADDIS

 

GÉOGRAPHIE

Situé dans la Corne de l'Afrique, c’est l’unique pays de la région sans accès à la mer, avec des frontières communes avec l'Erythrée, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, le Kenya et la République de Djibouti.

Deuxième pays d'Afrique par sa population (91 000 000 hab.), neuvième par sa superficie (1,3 million km2), l’Ethiopie est essentiellement constitué de hauts plateaux, de la dépression de Danakil à -120 m aux sommets enneigés du mont Ras Dashan à 4 543 m.


 

L'Ethiopie se caractérise par le fait qu’il s’agit du seul pays africain à n’avoir jamais été colonisé.

Constitutionnellement laïque, c’est un pays où de nombreuses croyances coexistent, et la deuxième plus ancienne nation chrétienne  au monde (orthodoxes, catholiques, et protestants), après l'Arménie. L’on y trouve aussi des musulmans  et des minorités comme les Falachas (juifs) ou les animistes. 

 

HISTOIRE

Berceau de l'humanité, elle est avec le Tchad et le Kenya, l'un des pays où l'on retrouve les plus anciens homonidés, Lucy en 1974 et, en 2003, les plus anciens spécimens d'Homo sapiens.

L'apparition de l'Homo erectus et de l'Homo sapiens dans la région se situe entre 1,7 million et 200 000 ans avant notre ère.

Vue d'avion

Le royaume D'mt (VIIIe - Ve  siècle av. J.-C.) est considéré comme la première forme organisée d'un État en Ethiopie, même s’il existe peu de traces archéologiques de ce royaume qui aurait eu des relations étroites avec le royaume sabéen au Yémen.

Après sa chute, divers royaumes dominent la région jusqu'à l'émergence, au Ier siècle av. J.-C., du royaume d'Aksoum, premier empire important de l'histoire éthiopienne.

Sa capitale, Aksoum, est une ville cosmopolite où vivent Juifs, Grecs, et populations d'Arabie du Sud.

Situé au bord de la mer Rouge, le royaume prospère grâce au commerce, contrôlant les principales routes maritimes passant par la région. L'écriture s’y développe avec l'alphabet éthiopien. Vers 330, Ezana, Négus d'Aksoum se convertit au christianisme, qui devient la religion officielle, adoptée par la population locale majoritairement juive et païenne.

Il décline vers la fin du VIe siècle, avec l’expulsion des gouverneurs aksoumites et des garnisons militaires par les forces locales soutenus par les Perses, et l'expansion de l'Islam.

La destruction par les Arabes du port d'Adulis affecte les revenus de l'Etat, déstabilise l'autorité du royaume et aggrave les troubles internes. Les routes caravanières, insécurisées, sont impraticables, l'accès à la mer plus compliqué et les ressources naturelles s'épuisent.

 

Le Moyen Age éthiopien

La progression de l'Islam depuis les côtes repousse les Chrétiens vers l'intérieur des terres et diverses parties s'affrontent pour le contrôle du centre du pays.    

Vers 1140, les Zaqwés prennent le pouvoir, dominant le nord de leur province avant d’étendre leur contrôle, grâce au soutien de l'Eglise éthiopienne orthodoxe.

En 1270, le dernier souverain zagwé, Yetbarek, est renversé par Yekouno Amiak, qui marque l'instauration de la dynastie salomonide. 

Celle-ci perdure symboliquement de façon presque continue jusqu'en 1974, mais sans continuité familiale.

Le pays se développe culturellement et administrativement, et étend son territoire par des guerres contre les sultanats musulmans voisins.

La dynastie salomonide développe le christianisme orthodoxe et la littérature nationale. L'Empire est réorganisé et l’une des caractéristiques de cette période est le déplacement continu de la cour, ce qui permet aux souverains de marquer leur domination sur les responsables régionaux et d'assurer leur contrôle du territoire et des ressources.

 

Guerre, troubles et déstabilisation

Cette prospérité trouve un terme au XVIe siècle. Les troubles économiques et la poussée démographique des sultanats islamiques conduisent à une guerre entre l'Empire chrétien éthiopien et les musulmans qui, soutenus par les Ottomans, remportent une série de victoires. Pourtant, le cours du conflit change grâce à l’aide des Portugais. Mais le pays, en ruine, est fragilisé.

Les Oromos vont alors migrer vers la partie nord de l'Ethiopie, à l’instar des jésuites, qui imposent le catholicisme au souverain Sousnéyos en 1621. Pourtant les protestations qui déclenchent une guerre civile poussent Sousnéyos à abdiquer en 1632, mettant un terme à une tentative d'occidentalisation d'un pays africain.

 

Château de Fasilades

En 1632, le nouveau souverain fait construire un château à Gondar, nouvelle ville qui devient capitale du pays et important centre religieux et commercial. C’est le début d’une période de divisions doctrinales de l'Eglise, de percée de l'islam et de luttes contre les offensives oromos.

Un nouvel effondrement annonce l'Ere des Princes, avec, jusqu'en 1855, une série de souverains aux pouvoirs limités, contrairement aux maires de palais et seigneurs locaux, ce qui amène une stagnation économique.

 

Construction de l'Etat éthiopien moderne

Survient alors un changement, avec la succession de trois souverains importants. Le couronnement de Téwodros II annonce en 1855  le début de l'histoire moderne du pays, avec un processus d'expansion, d'unification et de centralisation. Pourtant, la résistance des notables régionaux devant les mesures adoptées et un conflit avec la Grande-Bretagne conduisent à son suicide en 1868.

Le court règne de Tekle Giyorgis de 1868 à 1871 est suivi de celui de Yohannes IV, moins centralisateur, qui fait progresser la construction nationale.

Cependant, les agressions étrangères après l'ouverture du canal de Suez le détournent de la politique interne, devant défendre avec brio les frontières éthiopiennes contre les Egyptiens, les Italiens et les Soudanais, et il meurt pourtant de ses blessures après la bataille de Metemma en 1889.

Menelik II poursuit l'expansion, l'unification et la modernisation du pays, tout en affrontant les menaces européennes. Un traité avec l'Italie censé assurer la paix et l'amitié entre les deux pays mais notifiant un protectorat débouche sur une guerre en 1895, qui s'achève par la victoire d’Adoua, assurant à l'Empire, indépendance et reconnaissance.

L'Ethiopie du début du XXe siècle à la chute de l'Empire

Dans les années 1910-20, deux souverains très différents se succèdent. En 1913, Ledj Eyassou se rapproche trop des milieux musulmans, ce qui mène à sa chute lors d’un coup d'État en 1916.

Sous Zewditou I, progressistes et conservateurs s'opposent quant à l'ouverture sur le monde, et c’est l’émergence de Tafari Makonnen, nommé régent et prince en 1923, qui fait alors de l'Ethiopie le premier pays africain adhérant à la Société des Nations. 

Modernisant les domaines social, économique et juridique, et faisant abolir l'esclavage, il monte sur le trône en 1930, sous le nom de Haïlé Sélassié Ier.

La première Constitution éthiopienne est promulguée en 1931, de nombreuses écoles sont construites, l'économie réformée et le pouvoir politique centralisé. L'Ethiopie est à l'abri d'une invasion coloniale. Pourtant, suite à une défaite éthiopienne contre l'Italie fasciste en 1935, le pays se voit partiellement occupé et une résistance nationale s'organise.

A sa libération, grâce aux forces anglo-françaises en 1941, s'ouvre une nouvelle ère. Haïlé Sélassié Ier reprend les chantiers du début de son règne. Le pays connaît alors une période d'industrialisation et de croissance économique, mais également de diverses rébellions de partout dans le pays jusque dans les années 1960, auxquels s'ajoutent manifestations et grèves.

Dans le contexte de la guerre froide, alors que la politique du Négus est plutôt favorable à l'Occident, le bloc est-européen soutient le mouvement de contestation militaire appelé Derg qui, en 1974, destitue Haïlé Sélassié Ier, renversant la plus vieille monarchie du monde.

 

La révolution et régime du Derg

Après l’arrestation d’Haïlé Sélassié Ier et de ses dignitaires, grèves et manifestations sont interdites, les étudiants envoyés dans les provinces afin de mener des campagnes d'alphabétisation et diffuser la nouvelle idéologie, d'inspiration soviétique.

Plusieurs entreprises sont nationalisées et un parti unique est mis en place.

Pourtant les partis politiques civils réclament un transfert du pouvoir et le retour des militaires dans les casernes et des affrontements brutaux ont lieu entre 1976 et 1978,

Le régime se radicalise et des classes entières d'étudiants et lycéens sont assassinées. La Terreur rouge a marqué les Ethiopiens, à l’instar des autres peuples du bloc communiste.

Des rivalités ont également lieu au sein du Derg et c'est finalement le lieutenant-colonel Mengistu Haile Mariam qui dirige le pays à partir de 1977.

La même année, envahie par l'armée somalienne, l'Ethiopie remporte le conflit, grâce au soutien des pays communistes européens et de Cuba.

Pourtant, les difficultés militaires, le manque de soutien de l'URSS, en plein écroulement, et les opérations coordonnées des deux principaux mouvements de guérilla (Tigré et Erythrée) au milieu des années 1980, annoncent la fin du Derg.

En 1991, Mengistu fuit le pays et une semaine plus tard, les forces du FDRPE (Erythrée) investissent la capitale.

Le 28 mai 1991, fin du régime du Derg, est devenu un jour de fête nationale.

 

Ere nouvelle

Jusqu'en 1995, un gouvernement de transition dirige le pays, avec les premières élections multipartites de l'Histoire du pays. Le référendum pour l'indépendance de l'Erythrée voit la victoire des séparatistes et une nouvelle Constitution est ratifiée en 1994.

Cependant, en 1998, l'Erythrée envahit l'Ethiopie et déclenche une guerre qui va durer deux ans, débouchant sur une victoire éthiopienne et créant depuis des rapports conflictuels entre les deux États.

Le gouvernement est également confronté à d’autres rébellions armées, en Somalie où l'Ethiopie est intervenue, en soutien au gouvernement officiel de Mogadiscio, de 2006 à 2009.

En 2012, Meles Zenawi décède après 21 ans au pouvoir et, conformément à la Constitution, Haïle Mariam Dessalegn est désigné comme Premier ministre par la Chambre des Représentants des Peuples.

 

Origine du nom Ethiopie

Saint Panthaleon

Multiple, elle désignerait au IVe siècle le royaume d'Aksoum, avec l'inscription d'Ezana qui traduit Habachat (au visage brûlé) par Aithiops en grec ancien.

Autre version, selon La Chronique des rois d'Aksoum, il proviendrait d'Ityopp'is, fils de Koush ayant fondé la ville d'Aksoum.

Pline l'Ancien, lui, parle d'«Aethiops, fils de Vulcain».

D’autre part, le pays a été longtemps connu sous le nom d'Abyssinie, hebeshe (mélangé en sémite), un terme désignant aujourd’hui la totalité des habitants du Nord de la Corne, Ethiopiens et Erythréens, voire Soudanais.

 

Famine de 2011 dans la Corne de l'Afrique

Suite à la sécheresse dite  la plus dure depuis 60 ans, une crise alimentaire en Somalie, Ethiopie et au Kenya, en  menace la vie de plus de 10 millions d'individus. Egalement touchés sont Djibouti, le Soudan, le Soudan du Sud et quelques régions de l'Ouganda.

Les conditions météorologiques de l'Océan Pacifique (avec el Niño) ont interrompu les pluies durant deux saisons consécutives, un manque qui a amoindri les cultures.

En outre, l'instabilité politique de la région (notamment les rebelles islamistes de Somalie), et l'achat de terres agricoles par des investisseurs étrangers (qui favorisent l'exportation et le développement agro-industriel) amplifient la crise humanitaire, empêchant les familles modestes d'avoir accès à une nourriture bon marché.

Le taux de malnutrition atteint parfois 50 % chez les enfants.

GÉOGRAPHIE

Lionne de Gobedra

Climat

L'Ethiopie dispose d’une large variété de climats, alpin, tempéré, tropical, désertique, selon l’altitude et avec des degrés intermédiaires. Mis à part les régions du Sud-ouest, les autres zones peuvent être également influencées par la mousson de l'océan Indien.

 

Géographie administrative

Depuis la nouvelle constitution de 1994, l'Ethiopie repose sur un système fédéral et est divisée en neuf régions et deux « villes-régions ».

 

Géologie

Femmes hamer

Suite à une fracturation et la collision de trois blocs voici 600 millions d'années, des chaînes de montagnes colossales se forment et s’érodent, faisant place à de basses plaines en marge de l'Ethiopie.

A partir de 250 millions d'années avant notre ère se produit une élévation du nord de l'Ethiopie et un affaissement au Sud.

Puis vers 35 millions d'années av. J.-C. se dessine la géologie actuelle  du pays.

La plaque arabo-éthiopienne s’élève brutalement sous l'effet de la montée du magma en fusion, provoquant un effondrement de l’écorce terrestre.

Trois fractures donnant naissance à la mer Rouge, au golfe d’Aden et à la vallée du rift.

Tis Abay, cascades du Nil bleu

Certaines zones (plateau de Danakil au nord-est de l'Ethiopie) s'enfoncent à 120 m sous le niveau de la mer. La mer Rouge envahit cette dépression, et la poursuite des éruptions volcaniques forme ensuite des digues basaltiques conduisant à la formation d'une mer intérieure. Lorsque celle-ci s'évapore plus tard, des lits de sels de plusieurs kilomètres d'épaisseur apparaissent alors.

Langues d'Ethiopie

Six langues sont principalement parlées en Ethiopie, l’amharic (33%), l’oromo (32%), le tigrinya (6%), le somali (6 %), le gurage (3,5 %) et le sidama (3,5 %).

Mais ce sont en tout 80 langues parlées, dont certaines ont moins de 10 000 locuteurs. Certaines restent encore non classifiées mais la majorité appartient soit à la famille des langues afro-sémitiques, les autres à celle des langues nilo-sahariennes.

Peuples d'Ethiopie

 

Hommes hamer

Divisés en grands ensembles, ils possèdent comme élément caractéristique, la langue.

Le premier, constitué des peuples habesha (Amhara, Tigré, Agew et Béte Esraél) parle principalement des langues sémitiques.

Le peuple amhara, deuxième démographiquement au niveau national, habite les hauts plateaux, pratique l’agriculture et est de confession chrétienne-orthodoxe. Il parle l’amharic, aujourd'hui langue du gouvernement, après qu’il a joué un rôle important dans la construction de l'Etat moderne au XIXe siècle.

Les Tigrés, également chrétiens orthodoxes, démographiquement deuxième peuple du groupe, parlent le tigrinya et sont installés dans le nord de l'Éthiopie, donc liés à l'héritage aksoumite.

La deuxième entité est constituée par les Oromos (Borenas, Arsi, Gujis, etc.), le premier peuple du pays, démographiquement parlant.

Ils peuplent une vaste zone, allant de la frontière du Soudan à l'ouest, à l’Ogaden à l'est et à la frontière kenyane au sud.

L'élevage bovin représente leur activité principale.

Ils n’ont pas d'unité religieuse, pratiquant le christianisme orthodoxe pour les uns, l’islam pour les autres, et le protestantisme pour une petite fraction.

C’est la langue oromo qui constitue leur union.

A l'Est du pays vivent les Afars et les Somalis, peuples de pasteurs, majoritairement musulmans.

Ils parlent l’afar et le somali. Nomades, ils sont organisés en clans.

Dans le Sud-Ouest vivent les Gurajes, les Kaffas, les Sidamas, les Welaytas (…), peu important démographiquement mais détenant cultures homogènes et organisations sociétales.

RELIGION

 

Enfant mursi

La liberté de culte, garantie en Ethiopie par la constitution de 1994, spécifie l'absence de religion d’état.

 

Christianisme

Dominé par l’Eglise orthodoxe éthiopienne, majoritairement répartie dans les régions des hauts plateaux, il se partage entre Eglise orthodoxe éthiopienne (44 %), protestantisme (19 %) et Eglise catholique éthiopienne (1 %).

Introduit lors de la conversion du roi Ezana d’Aksoum, vers 330 (ce qui en fait le deuxième plus ancien Etat chrétien au monde après l’Arménie), il reflète l'influence du christianisme orthodoxe, avec monastères, architecture, art, peinture (…) au long de l’histoire éthiopienne.

La tentative de missionnaires d'introduire le christianisme romain mène à une guerre civile qui se conclut par l'expulsion des jésuites sous Fasilades.

Jusqu'en 1959, l’Eglise orthodoxe éthiopienne fait partie de par l’Eglise orthodoxe copte puis devient alors autocéphale.

Islam

Sunnite, pratiqué par 34 % de la population, il est surtout présent dans les basses plaines chaudes du Sud et de l'Est, dans les régions de Harar, Afar et Somali, et le Sud de la région Oromia.

Sa présence remonte à l'époque de l’Hégire, exil du prophète Mahomet, vers 622, qui aurait trouvé refuge en Ethiopie.

L'islam s'est ensuite développé dans les régions commerçantes côtières du sud de la corne africaine, le long des routes maritimes.

L'expansion des Oromos vers le nord l’affaiblit un certain, avant que ceux-ci n'adoptent progressivement la nouvelle religion, mélangée à leurs anciennes croyances.

Harar, avec ses 82 mosquées, est considérée, par les musulmans éthiopiens, comme la quatrième ville sainte de l’islam.

Judaïsme

La croyance des Beta d’Israël coexistait probablement avec l’animisme avant l'arrivée du christianisme. Installés depuis l'antiquité dans les provinces de Gondar et du Tegré, dans de petits États indépendants, ils deviennent une minorité marginalisée au XVIIe siècle, lors de la conquête par l’Empire d’Ethiopie.

Les Falashas font abstraction de la littérature rabbinique, en particulier du Talmud. Ils n'ont ni synagogues ni rabbins, et n'utilisent pas l’étoile de David, symbole de la royauté éthiopienne. Leur lieu de culte est appelé masgid.

La version occidentale du judaïsme n’apparait qu’à la fin du XIXe siècle, lorsque la communauté se redéfinit et vient à se considérer comme juive, et plus seulement comme Béte Esraél, notamment lors des opérations de rapatriement vers Israël.

Les particularismes religieux se dissipent, rapprochant les Beta Israël du judaïsme orthodoxe et leurs pratiques séculaires régressent alors.

Le mouvement rastafari

Originaire des Caraïbes, il doit son nom au ras (tête) Tafari Makonnen, couronné en 1930 negus Ethiopie, roi des rois, lion conquérant de la tribu de Juda, sous le nom d’Haïlé Sélassié.

Marcus Garvey a contribué à son développement puis, plus tard, Bob Marley.

Il s’agit là d’un mode de vie plutôt que d’une religion, et d’une attitude critique vis à vis des institutions corrompues.

CUISINE

 

Injera

Elle se caractérise par l'usage l’injera, galette sur laquelle on place ragoût, sauces et légumes.

La variété du climat éthiopien permet de faire pousser divers légumes et féculents tels millet, lentilles, pois cassés, orge, maïs ou coriandre.

La sauce, souvent du wet, se réalise à partir de viande de bœuf, de poulet, d'agneau ou de poisson. Elle peut inclure légumes, pois cassés, pommes de terre, carottes et blettes, et s’accompagne d'oignons et de piment rouges, parfois d'ail, de gingembre, de cardamome, ou de cannelle.

Le t’ella, bière traditionnelle, est brassée à partir d’orge, de malt, ou de houblon et de feuilles de gesho, que l’on emploie également pour la fabrication du t’edj, d’hydromel local.

Le café, originaire d’Ethiopie, occupe une place centrale dans la culture nationale.

Le cérémoniel veut qu’on le serve à l'aide d'une jebena, cafetière locale, après que les grains de café ont été grillés et sentis par les convives. Un tapis de fleurs ou de feuilles recouvre le sol et de l'encens brûle.

SYSTÈME ÉDUCATIF

 

Huttes

Laïcisé depuis 1974, il est l’un des domaines privilégiés sous Haïlé Sélassié. L'enseignement y est pourtant encore marqué par l’influence ecclésiastique et la place importante accordée à la langue amharique.

Principalement financé par l'Etat, l'école est gratuite, à côté de laquelle existent des instituts privés, généralement gérés par des organisations étrangères ou des Eglises. Le cursus se compose de six années d'école primaire, quatre années de cursus secondaire et deux années de cursus secondaire supérieur.

Pourtant certains problèmes subsistent, dus à la ruralité de la majorité de la population, qui rend l'accès à une école publique difficile.

Le manque d'effectif et de ressources compliquent de plus la tâche des enseignants. Pourtant, depuis les années 1990, la situation s'améliore, avec un nombre croissant de femmes scolarisées.

Quant à l'éducation supérieure, elle compte 70 % de professeurs détenteurs d’une maîtrise ou d’un doctorat, les autres ayant au moins le niveau baccalauréat.

SYSTÈME DE SANTÉ

L’Ethiopie aurait entre 1 et 2,6 médecins pour 100 000 personnes.

Les principaux problèmes de santé sont dus aux conditions sanitaires précaires et à la malnutrition, problèmes accrus par le manque de main-d'œuvre qualifiée et d'infrastructures de santé.

L’espérance de vie du pays est de 59 ans, avec un taux de mortalité infantile de 68 ‰. Le sida, même si l’on note une réduction du taux de nouvelles infections dans les dernières années, est également très répandu.

Le manque de professionnels de santé et de fonds accordés aux services médicaux amène beaucoup d'Ethiopiens à faire encore appel aux guérisseurs traditionnels.

Le fort taux de chômage les rend incapables de subvenir aux besoins de leur famille et d'acheter des médicaments. 

ÉCONOMIE

Ressources naturelles

 

Marché

L'Ethiopie dispose de 65 % de terres arables. D’autre part, 14 rivières traversant le pays constituent des ressources en eau immenses.

En outre, le riche cheptel de 27 millions de bovins, 24 millions d’ovins et 18 millions de caprins place le pays au premier rang continental et au dixième au niveau mondial. Après une déforestation accrue au cours du XXe siècle, des efforts de reforestation ont permis de reconstituer le parc forestier.

Les ressources géologiques sont l'or, le gaz naturel, le fer, l'étain, le lignite et la potasse. Egalement des pierres (opale, topaze, olivine, corindon), des métaux rares et des minerais industriels. Les explorations pétrolières en Éthiopie débutent en 2000 avec l'implantation de la compagnie américaine Hunt Oil. Actuellement quelque 11 compagnies sont présentes dans le pays.

 

Mercato, chaussures

Le café arabica fait vivre 12 % de la population, lors de la période des récoltes, qui s'étire d'octobre à février. Le pays pourrait, dans quelques années, passer du sixième au troisième rang des exportateurs mondiaux de café arabica.

Secteur énergétique

Le potentiel hydroélectrique y est varié : énergie géothermique, charbon, énergie issue des déchets agricoles, bois et énergie éolienne.

Dans certaines régions, les conditions climatiques seraient également favorables au développement de l'énergie solaire.

Un programme public d'accès universel à l'électricité, mis en place afin d'étendre le réseau d'électricité dans les zones rurales, a porté ses fruits.

En 2010, un contrat est signé avec une compagnie chinoise devrait permettre de doubler la capacité de production électrique du pays, permettant l'accès à 70 % des personnes qui ont sont actuellement dépourvues. Il constitue le second plus grand barrage hydroélectrique de l’Afrique subsaharienne. 

DRAPEAU

L’actuel est adopté en 1996 mais ses couleurs (reprises par le mouvement rastafari), vert, jaune et rouge, remontent à l'empereur Ménélik II, déjà utilisées pour le drapeau de 1897, un an après la bataille d’Adoua.

DRAPEAU ETHIOPIEN

Le vert symbolise la terre et l'espoir, le jaune la paix et l'harmonie, et le rouge la force.

Le schéma tricolore existait déjà au début du XIXe siècle, et ces couleurs portaient déjà une signification particulière deux siècles plus tôt encore.

Le drapeau royal était souvent assorti d'un lion de Juda, couronné et portant une croix au centre de la section jaune.

Les emblèmes changèrent selon les régimes, mais les couleurs restèrent constantes. L'étoile sur fond bleu, ajoutée en 1996 après la chute du régime marxiste, symbolise la diversité et l'unité tandis que les rayons qui l'entourent symbolisent la prospérité.

Les couleurs panafricaines sont aujourd'hui utilisées par de nombreux états africains, du fait de l'indépendance de l'Ethiopie alors que l'Afrique était colonisée.

TOUR

Carte-ethiopie

30.10.2013

ADDIS-ABEBA (4 millions d'habitants)

Une arrivée au petit matin, 6 heures, avec une Ethiopian Airlines ponctuelle, ce qui semble être plutôt la règle.

Les démêlées habituelles avec les conducteurs de minibus (ou taxi, les requins se débattent dans le même océan) et me voilà à l’hôtel, Taytu, comme l’impératrice éthiopienne, un endroit où la terrasse du restaurant verte contraste avec le gris et blanc pisseux des chambres. Un peu bruyant mais équipé d’Internet, je constate alors que, contrairement à quelques rumeurs du net, l’utilisation de Skype n’est pas prohibée…ou alors je suis passé en ce début de séjour à travers les mailles du filet.

Capitale de l'Ethiopie, située au centre du pays, Addis est la capitale la plus élevée d'Afrique, à 2300-2600 mètres d’altitude, et la quatrième mondiale.

Menelik II et son épouse Taytu Betul s’y installent, en raison du climat d'Entoto, froid et venteux. En 1886, Taytu, y admirant le paysage, s’enchante pour une fleur d'une rare beauté, d’où le nom Addis Abeba (nouvelle fleur en amharique).

Addis se développe alors avec l'implantation de la souveraine, de dignitaires et de soldats, suivis, après la victoire d'Adoua (qui a bouté les Italiens hors du pays), de ressortissants étrangers.

Suite à un incendie en 1892, Menelik décide de bâtir un palais plus imposant que le précédent, entouré d’une cinquantaine d'habitations et équipé d’un système d'approvisionnement en eau. De nouvelles populations de toutes les provinces éthiopiennes s'installent alors à proximité du palais, et, en 1893, Menelik ordonne la construction d’une mosquée pour les Ethiopiens musulmans, fait nouveau dans la capitale.

Addis-Abeba se développe alors autour du palais impérial et de la cathédrale Saint-Georges, centre politique pour le premier, religieux et commercial pour le second. Lors de l'occupation italienne, l’activité commerciale se déplace vers le quartier Mercato.

Des bâtiments publics à l'influence européenne sont construits, l'hôtel Taytu, la banque d'Abyssinie, l'imprimerie nationale (…), suivis de la construction du chemin de fer franco-éthiopien en 1907.

Différentes célébrations impériales ont lieu, dont le couronnement de Haïle Selassié Ier en 1930, faisant d'Addis Abeba une ville internationalement connue.

Lors de l'Occupation italienne, certains monuments de la capitale sont retirés dont la statue équestre de Menelik II, symbole de la bataille d'Adoua, et les Italiens rebaptisent des rues importantes du nom des membres de la famille royale et du gouvernement.

Addis endosse des fonctions politiques internationales depuis 1963, date de création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) sous le patronat d'Haïlé Sélassié Ier.

Je contacte l’agence de voyage avec laquelle travaille ma collègue, pour quelque aide, non sans mal puisque l’adresse, vague, ne parle pas aux minibus et quelques passagers s’empressent gentiment d’appeler le numéro de téléphone…qui semble invalide !

Je finis malgré tout par y arriver par le biais d’une autre agence. Au final, ils ne m’avancent pas beaucoup plus, si ce n’est qu’ils m’adressent à la compagnie Ethiopian Airlines à Addis, la seule apparemment, à vraiment être en mesure de me communiquer les prix des vols intérieurs. L’attente est longue, et j’en prends quatre d’entrée, l’Ethiopie mesure le double de la France et les routes sont légèrement moins praticables, avant de m’en retourner manger un morceau et m’étendre à 16 heures pour un bon tour de cadran !

 

31.10.2013

 
Lucy

Après avoir récupéré un sommeil légèrement déficient, je débute ma découverte du pays par une visite à Lucy, une bonne entrée en matière, je pense. Un peu dure d’oreille, la vue qui baisse mais la vieille dame est au rendez-vous, dans son musée archéologique, et peut-on lui en demander davantage au bout de 3,18 millions d’années. Il s’agit bien sûr d’un fac similé, l’originale reposant dans un laboratoire quelques pièces plus loin.

Je file ensuite vers le Mercato et commence à avoir le sens des prix des transports, dérisoires certes, mais qui peuvent grimper rapidement lorsque l’on est doté d’une tête de visage pâle.

Ceci se confirme d’ailleurs chez un marchand d’étoffes qui, sur un ton plaisantin, m’annonce deux prix, pour local et pour étranger !

                                                                                                                 

01.11.2013

AKSOUM (50 000 habitants)

C’est ma première étape après la capitale. Dès que j’ai une chambre, je pars en visite avec Muez, qui sera mon bajaj attitré (rickshaw ou tuk tuk local).

Alentours

Centre religieux de l'Eglise éthiopienne orthodoxe, Aksoum a été le centre de l'empire aksoumite entre le Ier et le VIe siècle, comptant alors parmi les quatre plus importantes puissances au monde.

Le site archéologique des obélisques fait partie du patrimoine mondia de l'UNESCO depuis 1980.

Les grandes stèles marquent l'emplacement des tombeaux des souverains de l'empire aksoumite. Le contenu de ceux non pillés est conservé dans les musées d’Aksoum et d'Addis-Abeba.   (1)                                                                                            

En 1937, après l'occupation par les armées de Mussolini, l'un des obélisques a été emmené en Italie et dressé près du Circus Maximus, à Rome. Engagée en 1947 à le restituer, l'Italie ne l’a finalement renvoyé qu'en 2005.

Selon la tradition éthiopienne, l'Arche d'alliance aurait été volée par Ménélik Ier, fils du roi Salomon et de la reine de Saba et reposerait près de l'église Sainte-Marie de Sion. Les Israéliens (-ites) voient bien sûr la chose d’un autre œil !

Ste-Marie de Sion

Ceci dit, si le pays est plutôt bon marché, la visite d’une église (payante, ce qui, en soit, me parait déjà un vice !!) se révèle exorbitante…8 euros. Je vais me limiter…peut-être que ça m’arrange un peu d’ailleurs. J’aime aller à la rencontre des gens, et là, c’est plus austère déjà. Quoi qu’il en soit, un local me montre quelques manuscrits pas piqués des hannetons, des pavés de 15 kilos, ornementés de peintures religieuses vives, à l’instar de l’intérieur de l’église. Je me demande à cette occasion où va l’argent du droit d’entrée. Au peuple ? Je n’en ai pas l’impression ? A la conservation ? S’il ne se passe rien en la matière, les manuscrits que je peux admirer ont une espérance de vie limitée.  (2) (3)

J’ai choisi celle-ci parce qu’elle serait la plus ancienne, et que Bob Marley fait référence à Zion dans ses chansons…est-ce le même sujet ( ?),  je n’en suis qu’à moitié convaincu mais ça rentre dans le cadre.

En empruntant un chemin parallèle, je gagne le palais de Dungur (vestiges du palais du roi Khaleb, du VIe siècle) sous lequel seraient situés les vestiges du palais de la Reine de Saba.  (4)                                                                                      

Il ne reste que quelques murs mais une estrade permet d’apercevoir les paysans au labeur dans les champs voisins.

Plus loin, une montée m’attend, alors que je suis encore en peine de ma courte nuit, pour rendre visite à la Lionne de Gobedra, sculptée à même la roche. Nous y parvenons accompagnés de quelques gamins, voisins de la féline.  (5)                      

Au loin, je peux apercevoir l’université d’Axoum, perdu dans le paysage.  (7)        

En traversant la ville, on arrive symétriquement à une autre grimpette, celle qui mène à l’église de Panthaléon, qui va ajouter à la fatigue.

Mais la vue dédommage de l’effort, je serpente à travers les euphorbias, des plantations diverses et sur les hauteurs, un habitant s’en revenant des champs, serpettes à la main, me montre fièrement au loin, l’étendue de l’aéroport, qui mesure bien…300 ou 400 mètres.  (8)                                                            

Mon ascension prend fin là où le moine conservateur, auquel un travailleur livre des jerricans d’eau, me demande à nouveau ma contribution  pour l’accès au bâtiment. Je suis d’accord que l’entretien demande une obole, mais pas trop exagérée, et pour ce qui est de l’entretien…à en juger par l’état du musée juxtaposant l'église Sainte-Marie de Sion, je reste sceptique.

Mon dîner sera expéditif aujourd’hui. Je suis plus éreinté qu’affamé. En outre, deux essais infructueux de restaurants où ils attendent que mon choix soit fait pour m’annoncer ce qui est indisponible ou passent 10 minutes à chercher le menu qu’ils m’apportent revu et corrigé pour l’occasion, m’ont achevé.

De retour à l’hôtel, je change de chambre, l’eau débordant des toilettes dans la précédente, et au dodo.

 

02.11.2013

Je change d’hôtel, l’Africa, même si légèrement plus excentré, se révèle beaucoup plus fiable, et équipé d’Internet…à ses heures. Le précédent, Khaleb, n’a de royal que le nom. De plus, j’ai vu les toilettes avant le ménage dans plusieurs chambres et me demande ce qui différencie certains clients du monde animal…sans vouloir offenser mes amis les bêtes.

La journée peut alors commencer, par un café, ans l’un des petits stands qui bordent la route, abrité par une toile tendue à la grille du parc d’un hôtel.

Million, c’est son nom, fait tout d’abord griller les grains dans une petite poêle, avant de le passer. Puis le liquide coule alors de la jebena, cette cafetière typique de l’Ethiopie dans de petites tasses remplies à bord.  (10)                                                                   

Le café trouve son origine ici, au Xe siècle avant J-C., à Kaffa, dans les hauts plateaux éthiopiens frontaliers au Soudan.

Le nom viendrait de là, même si académiquement l’origine tiendrait au mot qahwa, un vin consommé à partir de cette graine dans le Yémen du XVIIe siècle, avant que l’on en tire le terme de café arabica en 1753, répandu aujourd’hui à 70% sur la planète.

Sa découverte en revient à Khaldi, un jeune berger, consommé par le désir d’imiter ses chèvres, grignotant les grains rouges de cet arbre.

Cette tasse me permet de faire la connaissance de mes co-buveurs. L’un d’entre eux m’explique la leçon d’un patriarche qui, concernant l’Arche d’Alliance (en d’autres termes, le Livre des 10 commandements) aurait considéré comme « bienheureux celui qui y croit en sa présence à l'église Sainte-Marie de Sion» car on ne dispose d’aucune preuve.

Je suis dans le Nord de l’Ethiopie, région chrétienne et pieuse.

Je gagne ensuite le marché avec l’autre compagnon. Ce sont fruits, légumes, immenses paniers en rotin, bijoux en métal brut, miel…  (11)   

En route, nous mangeons un morceau dans un boui-boui, où je teste la fata, plat local qui consiste en deux pains que l’on réduit soi-même en morceau, avant qu’ils ne soient épicés en cuisine, puis servis accompagnés de condiments.

Puis le marché aux bestiaux où Tedi est à la recherche d’un mouton pour son père. Pour choisir, il tâte la queue de l’animal (qui ne semble pas apprécier outre-mesure, je n’apprécierais pas non plus à sa place), gage de qualité si elle est bien charnue.

L’affaire ne se fera pas aujourd’hui. Il faut compter au minimum 150 euros et il ne devait pas coûter plus de la moitié.  (12)        

En chemin, nous passons un bâtiment en construction, un de plus, Axoum est en effervescence, où s’affairent deux dizaines de personnes en musique pour que les travaux avancent plus allègrement.  (13)                                                             

Nous terminons par goûter la soha, sorte de bière, préparée localement chez un privé, et fréquentée par quelques jeunes du quartier.

Sur le chemin de l’hôtel, je fais un passage par le parc Ezana, jardin compartimenté, avec tables de billard, terrasses de café ou enclos privatifs, qui me font songer à ces arrière-salles rencontrées parfois en boîte de nuit.

Le nom vient du roi par lequel le christianisme est arrivé en Ethiopie.

Puis je m’arrête boire un nouveau café, cette fois chez Salam, jolie jeune fille, aînée d’une famille de quatre enfants, qui soutient ainsi sa mère, son père étant apparemment parti avant sa naissance. (14)                                              

Les clients ne se bousculent pas et cette activité permet davantage de subsister, les prix qu’elle pratique lui permettant surtout de couvrir les coûts de revient.

Dans la rue, que je définirai de « principale » a lieu un mariage en grande pompe. Une limousine habillée de fleurs, dans laquelle se tiennent les jeunes mariés, saluant comme un couple présidentiel, et la foule des invités qui dansent autour du véhicule se mouvant très lentement.

Je retrouve Tedi en début de soirée, qui veut m’emmener à une party. Je comprends vite qu’il s’agit simplement de bars, où il compte boire quelques coups (de Coca pour lui) aux frais de la princesse,  et aujourd’hui la princesse…c’est moi !

Nous en visitons deux endroits.

Le premier est principalement fréquenté par des hommes. Pourtant au moment du départ, l’une des seules représentantes de la gent féminine me propose une séance de chaka chaka.

Dans le deuxième se trouvent plus de serveuses que de clients et, après que la bouteille de Tedi se soit éclaté sur le sol, emportée par les vibrations musicales, il faut payer la consommation doublement !!

Demain, c’est le départ pour Lalibela. Je crois que quelques jours supplémentaires ici et je ne ferais plus un pas sans rencontrer quelque connaissance, même si la plupart reste, pour le moment, intéressée, à l’instar des gosses qui espèrent quelque argent pour un dictionnaire (tout au moins le prétendent-ils), un stylo ou aimeraient cirer mes chaussures.

                                                                                                                  

03.11.2013

LALIBELA

Cité monastique située à 2 630 m d'altitude, classée au patrimoine mondial en 1978, Lalibela est une ville sainte des chrétiens orthodoxes d'Ethiopie, fameuse grâce à ses onze églises creusées dans le roc, dont l'Eglise Saint-Georges, âgée de huit siècles.

Cases

Après la chute de l’Empire axoumite, le pays assiste à l’émergence d’une nouvelle dynastie, celle des Zagoué, sur le site de Roha, aujourd’hui Lalibela, roi qui, au XIIe siècle, est à l’origine de la construction de ces bâtiments religieux, après qu’il est revenu d’une tentative d’empoisonnement, qui l’a promené dans les 7 cieux avec les anges.

L’on suppose qu’il s’agit en fait d’un exil de 13 ans pendant lequel il a vu Jérusalem et le monde byzantin, ce qui explique les répliques de sanctuaires, lieux de pèlerinage de l’époque.

Une première promenade me donne le la. Comme à Axoum, je me fais aborder avec quelques classiques. Le club de football auquel une contribution serait la bienvenue pour investir dans un ballon ; la bibliothèque qui manque de livres ; les raquettes de pingpong qui sont défectueuses (et pour lesquels la pression se fait plus importante après que j’ai fait l’erreur d’accepter de faire une manche)…parfois, ils ont même la lettre manuscrite qui explique l’affaire…histoire identique qu’en Europe avec les Roms. A cela vient s’ajouter l’histoire personnelle : des jeunes venus de la campagne pour pouvoir fréquenter l’école, le père mort à la guerre, les petits boulots pour aider la tante qui héberge (je rencontre ici plus de cireurs que de paires de chaussures !), le manque de fournitures scolaires.

Le malheur est que certes le pays est pauvre, mais que les ficelles sont tellement grosses que cela en devient presque un jeu et que l’on peut alors passer à côté de la misère pure en l’ignorant. Une volonté d’aider ou donner un coup de pouce risque de se heurter à ses limites.

Ainsi je fais la connaissance de Tedi (un autre) et Roméo qui « m’invitent » à la cérémonie du café chez leur « tante ». Rendez-vous est alors pris pour demain pour gravir la montagne jusqu’à l’église d’Asheten Maryam, à 3000 m.  (16)                   

Je renonce volontairement au groupe des 11 de la ville, que j’aperçois malgré tout de l’extérieur, le prix a triplé cette année et ils exigent un droit d’entrée de 50 dollars !!! Il semble d’ailleurs que ce soit une marque typiquement française, à en croire un guide local que je croise ici !

J’accepte totalement que nous payons plus que les locaux (quoique certains qui ont le loisir de s’intéresser à la culture ne soient pas forcément les plus démunis !!!), auxquels on ne demande d’ailleurs aucun droit d’entrée, mais là Jésus frise l’insolence. Encore une fois, la religion fait des siennes.

La douche à l’hôtel se termine au baquet après que la réserve se soit épuisée.

 

04.11.2013

Nous avons prévu un départ à 6 heures pour éviter la chaleur, mon escorte est plus qu’à l’heure (les deux gamins m’appellent déjà 20 mn avant !) et il fait un peu frisquet.

Nous croisons les premiers paysans qui descendent en ville, chargés comme des mules, que nous croisons d’ailleurs aussi, accompagnés de leurs muletiers. A l’occasion, ils accompagnent ainsi les quelques touristes qui effectuent la montée et ne tiennent pas la route. (17)   (18)                                                                            

Vient alors un hameau où un type se tient déjà au garde-à-vous, ses bouteilles de soda à la main, et des petites vendeuses de souvenirs faits maison, mini-poupées de chiffon, figurines de prêtre lisant la bible et autres bondieuseries.

Une heure trente à deux heures d’ascension et nous voilà parvenus à un semblant d’église où il faut encore négocier pour les droits de photos.  (19)   (20)             

Un soi-disant prêtre me montre l’intérieur, obscur, où je parviens à distinguer une croix sculptée dans le plafond de pierre, puis quelques manuscrits qui, là encore, auraient certainement besoin de soins plus attentifs. (21)                              

Mais la vue sur les montagnes à l’entour est prenante, l’horizon lointain, l’effort pour venir jusqu’ici a trouvé sa récompense, même si plus haut une nouvelle église se construit. (22)                                                                                                       

Nous croisons une paysanne venue collecter différentes herbes pour le thé et la cuisine, je reconnais alors une odeur familière qu’exhale son sac…du thym.  (23)        

Je passe une bonne partie de l’après-midi chez Blainesh qui me hèle pour une cérémonie du café du haut de sa hutte alors que je déambule dans sa rue. Et elle me fait la totale, les grains dans la poêle, qu’elle pille ensuite devant moi, l’encens, le brasero et les trois tasses traditionnelles, le abol (premier), le tona (second) et le baraka (le troisième, celui de la chance).  (24)                        

Je longe alors au coucher du soleil le parcours des églises, où des gardes veillent  à ce que l’on ne pénètre pas sur les sites, je parviens pourtant à apercevoir la croix fameuse de l’église Saint-Georges, et admire les cases rondes des habitants que certains enfants regagnent juste après la fin de l’école.

Le système ici est organisé en tranches. Selon la classe, les cours ont lieu le matin ou l’après-midi, et la semaine suivante, on inverse.

Mon séjour ici se termine par une discussion avec Serkei, la jeune réceptionniste de l’hôtel qui m’a dépanné hier en eau.

Orpheline, deuxième de quatre enfants, cette fois les propos me semblent sincères, elle a veillé sur les deux plus jeunes, jumeaux, et espère l’année prochaine, commencer par correspondance une formation en management, afin d’améliorer son sort. Elle gagne 11 euros par mois, pour quelques 12 heures de travail journalier.

                                                                                                       

05-06.11.2013

GONDAR (120 000 habitants)

Le trajet dure un peu. De Lalibela au petit matin, je me lève à 4 h pour assurer le coup, et surtout si possible une place vers l’avant du bus. J’en trouve une, à côté d’un étudiant sympathique rencontré à l’arrivée. Son meilleur ami est là aussi. Je note qu’au pied de mon siège se trouve un sac de provisions, fait typique en Afrique, certains répartissent leurs sacs ici et là. Je dis à mon co-voyageur qu’ils m’ont fait mettre mon bagage sur le toit, alors que celui-là a intérêt à dégager. Il m’assure que ce sera le cas…puis se met à rigoler, en m’expliquant que c’est celui de son ami, assis devant nous !!!

Vue

Un premier bus m’amène donc à Gashena, pris dans une course entre deux chauffeurs après que le suivant nous a doublés. Heureusement le nôtre se calme rapidement, et je change alors au bout de deux heures pour un minibus en direction de Gondar, avec un changement à Woreta, organisé entre conducteurs par téléphone.

Quatre heures sur une route asphaltée cette fois, alimentés par, semble-t-il, un psychotique qui gémit à l’arrière du véhicule, une panne due à une fuite d’huile (vite réparée), un klaxon qui rugit régulièrement pour éloigner les troupeaux en tous genres qui traversent la route, et des arrêts passagers ou marchandise.

Et le soir même, après un tour de ville, où je me retrouve dans un bar-boîte, emmené par Mary, la réceptionniste de l’hôtel, fraîchement sortie de ses études de sociologie. Cela lui permet de boire un coup à l’œil et à moi de repérer quelques musiques locales. Je ne rentre pas tard car le lever était tôt, mais j’ai pris rendez-vous avec le DJ qui me mettra quelques morceaux sur une clef USB quand je repasserai.

Le royaume de Gondar émerge d’une fin de XVe siècle livrée à des guerres interminables.

Ainsi, le roi Fasilades s’inscrit-il en tant que restaurateur de la tradition. Bon administrateur, il déplace la capitale de Gorgora (sur le lac Tana) à Gondar où il fait bâtir un château et différentes églises, ainsi que plusieurs ponts, majoritairement sur le Nil bleu, pour développer les voies de communication.  (26)  (27)                   

Son château surprend par sa touche, comme les suivants pris dans la citadelle impériale, pas franchement africaine, qui rappelle fortement nos citadelles moyenâgeuses, avec une construction puissante, carrée et massive. (28) (29)             

Je suis surpris au restaurant par le pain, servi pratiquement avec chaque plat, qui rappelle un peu la baguette française.

Outre les restes de la cité impériale (bombardée par l’aviation britannique contre les Italiens au cours de la deuxième guerre mondiale), l’ « arrière-boutique » n’est pas non plus inintéressante. Marché, rues adjacentes, un vieux agressif (peut-être ivre ?), le garage des bus en besoin de réparation, des chemins campagnards où sèche du linge… (30)                                                                                  

                                                                                                        

07.11.2013

Monts Simien

Je gagne aujourd’hui Debark, aux abords des Monts Simien

Ce sont 2 à 3 heures de minibus, 100 km d’une bonne route bitumée, avec les arrêts classiques fréquents pour optimiser le trajet !

Quand je croise certains de ses véhicules, verts, je m’envole automatiquement vers l’Allemagne…côté police !  (32)                                                           

A ce propos, les contrôles ne sont pas rares. Le nombre des passagers est vérifié, mais la règle, soi-disant pas plus de 12, semble très souple, puisque nous sommes généralement 16, y compris cette fois une policière qui monte après l’inspection.

Un petit accroc aux abords d’un hameau…une passagère refuse de descendre, et c’est en pleurant, bousculée par son frère, parent, mari, prétendant ( ?) qu’elle s’exécutera. La position de la femme dans le pays ne paraît pas avoir la priorité dans la hiérarchie des problèmes à régler.

Une autre a, elle, trouvé sa position…la tête sur mon genou. Elle est, m’assure-t-on, sujette aux haut-le-cœur en voiture et je ne trouve que le prétexte du danger que représente ma rotule pour son menton pour l’inciter à changer de position.

La forme et la matière des maisons change à mi-chemin, ce sont des constructions carrées, faites de planches, contrairement aux huttes de terre rondes de Lalibela. (43)                                                                                                        

Inscrit sur la liste du patrimoine mondial depuis 1978 et considéré depuis 1996 comme en péril, le parc national couvre les monts Simien et le Ras Dashan, 4e sommet d'Afrique.

Lemalimo, babouins gelada

Les formes des rochers, pics et vallées atteignant 1 500 m de profondeur sont dues à l'érosion.

On peut y trouver des espèces endémiques comme le bouquetin et le loup d'Abyssinie (espèce de canidé la plus rare au monde), quelques types de babouins, l’antilope oréotrague, ainsi que plus de 130 espèces d’oiseaux.

Pour ma part, c’est à Lemalimo (de Lema, le constructeur italien de la portion de route qui y mène), aux abords du parc que j’aperçois un chacal doré, quelques ibis, et ai le temps d’observer plusieurs babouins gelada en train de grignoter graines, feuilles et autres racines.  (34)  (35)  (36)  (37)                                                               

Je suis, comme il se doit (c’est obligatoire) en compagnie de Bramsu, un scout, sorte de ranger local, aussi bien en charge de l’escorte de visiteurs que de la préservation du site, en l’occurrence prendre garde à ce que les arbres ne soient pas coupés  clandestinement. Il est équipé d’une Kalachnikov mais, selon ses dires, il n’en a jamais fait usage. On croise ici, très, régulièrement ses collègues.                      

Outre Bramsu, quelques jeunes paysans nous rejoignent pour se faire quelque sou, pas pressants cependant. Je partis à un et j’arrivai à cinq ou six. (38)                

Ici, l’on essaye de limiter les menaces pesant sur le parc comme l’activité agricole et pastorale, l’érosion des sols, les incendies fréquents dans les forêts de bruyères et l’importance excessive des animaux d’élevage. Ainsi, certains secteurs ne sont ni habités ni cultivés, et une coopération étroite avec les communautés locales est nécessaire pour conserver la valeur du site, en étendant les limites du parc.

Et cela ne me semble pas superficiel lorsqu’on mire la beauté scénique de ces montagnes qui s’étendent à n’en pas voir le bout.    (39)  (40)  (41)                     

Nous passons une ferme, où quelques sourires, toute en discrétion, sont échangés avec femmes et enfants. (42) (44) (45)                                                     

Le retour à Debark est plus brutal. Alors que j’observe quelques jeunes affairés au babyfoot, je me fais aborder par un autre, qui sent la bière à plein nez. Et comme d’habitude, lorsqu’il y en a un…il est pour moi. (46)  

 

08.11.2013

Un petit tour de marché, bien campagnard, ponctue cette virée aux abords des monts Simien.  (47) (48)

Je m’apprête à prendre le cap sud dans quelques jours et pour cela, je dois repasser par Gondar, et décide dans l’après-midi de faire un saut à Woreka, à 3 km au Nord de la ville, le « village-témoin » juif.

Au milieu des années 1990 sont en effet quelque 60 000 Juifs d’Ethiopie vers Israël.

Ils vivaient alors dans un espace qui allait du lac Tana aux monts Simien. 

Leur nom est Falacha (émigrer en langue guèze) et leur origine, controversée, remonterait au groupe agäw, dont la langue a été perdue lors de la politique d’amharisation (l’amharic est la langue officielle du pays aujourd’hui). Leur judaïsme se serait prononcé en réaction aux poussées expansionnistes  des amharas chrétiens.                                               

L’autre version les donne descendants d’un groupe judaïsé avant la conversion du royaume d’Axoum au christianisme.  (49) (50)

En fait, Woreka n’est plus habité que par des Chrétiens. Des jeunes filles qui me sautent dessus dès que je sors du bajaj pour me vendre quelque figurine, l’une encore est à moitié juive.

Elles m’emmènent ensuite jusqu’à la synagogue, une hutte dans le style local puis, à l’aide de quelques plaisanteries, le harcèlement fait place à un moment agréable, devant un café, dans l’abri prévu à cet effet. Ce dernier tombe d’ailleurs à pic car je vis ma première pluie depuis mon arrivée en Ethiopie. Ceci dit, elle se limite à des coups de tonnerre et trois gouttes de pluie.

L’endroit, restreint quant à son contenu ethnologique, relève donc plutôt du folklore, mais la compagnie est sympathique. Les jeunes profitent du brasero pour cuire quelques figurines supplémentaires, et derrière la mère prépare la tef (sorte de crêpe) destinée à l’injera, plat traditionnel, où elle accueille, légumes, sauce et/ou viande.  (51) (52)

En soirée, je retourne dans la discothèque de mardi dernier, flanqué brièvement d’un « garde du corps » de l’hôtel (j’ai opté pour un endroit plus miteux mais proche du centre…et espère ne pas récolter une nouvelle puce, comme à Lalibela !), un type collant qui pense probablement avoir trouvé le gugus rêvé pour aller s’éclater en boîte.

Je retrouve Ernest, le DJ qui, comme prévu, me concocte un lot de musique sortie de son ordinateur.

Bizarrement, alors que dans la rue, je suis sans cesse sollicité, même si je n’en ai pas toujours l’envie, ici rien ne se passe. Des quelque 90 personnes présentes lorsque je quitte l’endroit (80 hommes pour 10 femmes !), pas une conversation engagée.

En prenant mon petit-déjeuner, crème d’haricots avec œufs et yaourt, j’observe le défilé des cafés et en-cas vers le bureau de poste mitoyen. Ils ont le sens pratique, entre la bouffe et la musique au travail, ils ne se laissent pas abattre.

Puis je pars pour l’étape suivante.

 

BAHAR DAR (225 000 habitants)                                             

Ancien village de chasseurs, puis centre d’échange pour les caravaniers, la ville, au bord du lac Tana, est aujourd’hui en pleine expansion.

Tis Abay, vue

Les allées bordées de palmiers et le palais sur les hauteurs de la ville sont le reflet de l'ambition d’Haïlé Selassié qui voulait en faire la capitale moderne de l'Ethiopie.

Ville-source du Nil bleu, elle essaie de préserver l’environnement afin de conserver le potentiel d’eau potable pour les générations futures.

L’attraction que représente une telle ville pour les populations campagnardes devait être contrôlée et Bahar Dar a réussi le pari de la contenir par le biais de la construction, même si certaines caractéristiques propres aux bidonvilles restent inévitables.

On y respire pourtant un parfum assez méditerranéen et la mendicité, présente, y est moins insistante.

J’entends, me semble-t-il, pour la première fois ici, l’appel à la prière du muezzin. Il va peut-être falloir que je m’y habitue car en descendant vers le sud, l’islam va probablement prendre le pas sur le christianisme orthodoxe.  (54)

Le Nil bleu a ici son importance, avant qu'il ne monte vers le Soudan pour s'accoupler avec le Nil blanc arrivé tout droit d'Ouganda.

Tis Abay, cascades du Nil bleu

A une trentaine de kilomètres à l’est de Bahar Dar, je peux admirer ses chutes, dans le village de Tis Abay, que je gagne en bus local.

Une centrale électrique y permet certes depuis 1953 d’approvisionner en électricité la région jusqu’à Gondar, mais le site reste somptueux. J’y effectue une promenade ponctuée de divers points de vue, passant par un pont construit par les Portugais au début du XVIIe siècle, rencontrant quelques paysans s’en revenant du marché, me menant à un autre pont, suspendu celui-là, avant de me trouver devant les chutes même, où sont installés deux cafés de plein air.  (55) (56) (59) (62) (64)

Entretemps, j’ai bien sûr eu tout le loisir de passer quelques boutiques improvisées devant des cases et faire connaissance avec les jeunes filles au bagout bien prononcé. L’une d’entre elles, en train de se faire coiffer, laisse d’ailleurs tout en plan pour venir me faire son baratin. Avec les deux suivantes, je vais passer un bon moment, assez drôle, même si il y a alors un temps pour dire stop.

J’achète une bricole à celle dont les cheveux sont couverts d’un voile, après qu’elle les a enduits de beurre, fait déjà observé à Woreka, près de Gondar. Ceci est profitable à la beauté du cheveu ! (57) (60)

Pour terminer, une barque à moteur me permet de regagner le village rapidement en traversant le Nil.  (61) (63)

Le bus de retour est plein, les contrôles restent aléatoires, et la musique bat son plein, ce qui m'amène, grâce à mon voisin, à connaitre quelques noms supplémentaires de musiciens éthiopiens, dont je me fais charger plusieurs albums dans une boutique d’informatique à Bahar Dar.

Le lac Tana, plus grand lac intérieur d’Ethiopie y est aussi bien sûr emblématique. Il abrite une trentaine d’îles et 38 monastères, que l’on gagne en bateau. J’en affrète un, certes seul, mais au port, donc sans intermédiaire, professionnel du tourisme qui se prend une énorme commission. Je me contente de la maison de Dieu la plus proche, Debre Maryam, et encore de l’extérieur uniquement. (65)  (66)

Mais les abords sont tout aussi intéressants, l’eau y domine, c’est pour ainsi dire un point où se rencontre le lac et le Nil bleu, et diverses sortes d’oiseaux s’y régalent.

Une gamine, perchée dans un arbre, s’éternise à se gorger de fruits, tandis que sa copine rentre à la maison en pagayant laborieusement sur une embarcation basse faite de bambous. L’eau n’est pas profonde et la végétation très présente, elle doit donc appuyer fort sur le bâton qui lui tient lieu de pagaie. (67) (68) (69)

En fin d’après-midi, je retrouve Suzy pour boire un verre, une jeune Ethiopienne qui sert de chaperon à des Allemands vivant ici depuis 2 ou 3 ans. Je l’ai rencontré accompagnant une de leurs amis, une retraitée qui, bien qu’ayant séjourné à plusieurs reprises en Afrique, a certains problèmes pour s’accoutumer à l’Ethiopie.

Suzy a eu, grâce à ces connaissances, déjà l’opportunité de séjourner en Allemagne pour une quinzaine de jours, et souhaiterait bien y émigrer. S’expatrier, le rêve de beaucoup d’Ethiopiens, je crois. (70)

 

12.11.2013

L’aéroport de Bahar Dar contraste avec la modernité de la ville. Il doit être soit vétuste, soit en construction, soit en rénovation. Sommaire, sale, avec des câbles qui pendouillent çà et là. Le contrôle, au contraire, est plutôt sérieux. (71)

Après une heure de vol pour Addis, je quitte promptement la capitale en évitant les taxis de l’aéroport. En marchant un peu, je réussis, après quelques efforts et, chose rare, l’aimable assistance d’un rabatteur, à prendre deux bus pour gagner la bonne gare routière, celle qui me mène à Nazret.

 

NAZRET (260 000 habitants)                                                                    

La ville tient son nom du temps où a été construite la ligne ferroviaire d’Addis à Dire Dawa, entre 1912 et 1917, et que l’on en fit une halte, en tant que porte vers l’Est.

Rue

Peuplée majoritairement d’Amharas et d’Oromos, elle porte chez ces derniers, à tendance musulmane, le nom d’Adama, qui n’a pourtant pas réussi à s’imposer.

Mis à part ces considérations d’ordre ethnique, c’est plutôt une ville-étape, où le harcèlement est cependant plus modéré, et les prix non adaptés spécialement au visiteur étranger. A tel point que dans un restaurant bien en vue, le menu n’est qu’en amharic. L’anglais des serveuses étant limité, j’opte pour un plat de spaghetti, en fait des nouilles chinoises (76) (73)

Le nom de la ville m’inspirant, je joue les J-C. après avoir fait un tour devant l'église (où aucun droit d'entrée n’est exigé, waouh ! Cela ne m’incite d’ailleurs pas davantage à y pénétrer). C'est Dickens ou Hugo. Des miséreux peuplent l’escalier qui y monte. Alors que je reviens avec quelques emplettes, biscuits, bananes, pain de mie et beurre de cacahuètes, je vois l’un d’eux, qui apparemment se réveille juste, éloigner des excréments à l’aide d’un bout de carton. Ensuite, c’est la ruée. Une vingtaine de personnes s’affaire autour de celui chargé de la distribution. Bien sûr, il en arrive d’autres, un peu tard. Ceci dit, la répartition s’est effectuée à peu près équitablement et sans heurt. Le « répartiteur » prend congé de moi avec un « merci, à la prochaine". Pauvre, il conserve le sens de l'humour. (74)  (75)

Ma chambre est correcte, même si le bâtiment, en pleine rénovation, semble sortir d’un tremblement de terre.

 

13.11.2013                                                                               

Je laisse Nazret et, au Nord-est, la vallée d’Awash, patrie de Lucy, et descend la vallée du rift, là où elle se rétrécit quelque peu.

Ici se trouvait, en des temps plus humides, un immense lac qui, lors du réchauffement climatique, s’est transformée en plusieurs lacs de taille plus réduite.

Lac Langano

Je prends un grand bus, vétuste certes, mais je constate qu’il présente l’avantage, par rapport aux minibus, de s’arrêter moins souvent.

Celui-ci m’arrête en bord de route, et là ce sont presque 3 km de marche sur la piste à tirer mon sac à roulettes derrière moi car les hôtels ici sont espacés de quelques centaines de mètres à quelques kms mais à partir de la route. Et rien, pas même une boutique ou un bajaj.                                                                                          

Je croise quelques fermiers, bergers avec troupeaux, qui se rencontrent créant un brouhaha chez les animaux, gamins qui tirent mon bagage pour un bout de chemin, et arrive finalement à l’hôtel…qui ne dispose que de bungalows payés à l’année par des habitants d’Addis ou Awasa, plus au Sud. Ceux-ci viennent généralement le week-end. (78)  (87)

Reste le camping, ils fournissent la tente, et directement en bord de lac, à 5 mètres. Je vais m’endormir avec le ruissellement de l’eau. (79)

 

LAC LANGANO

Besa, la serveuse du restaurant un peu plus en hauteur, originaire de Shashemene, n’est donc pas débordée, pourtant présente de 6 à 21 heures, sauf le lundi, son jour de repos.

Le lac Langano atteint par endroit jusqu'à 46 m de profondeur. Lieu apprécié des touristes locaux privilégiés, il est le seul lac éthiopien à ne pas être contaminé par la bilharziose. De plus, il abrite une avifaune variée. (84) (85)   (86)                                                                               

La plage est régulièrement interrompue par des buissons épineux, créant ainsi une multitude de criques. Il est éventuellement possible de passer à travers mais parfois il me faut remonter pour redescendre ensuite à la suivante. (80) (81) (82) (83)

Les oiseaux y sont à l’aise. Parfois l’on bute sur de la pierre ponce, témoignage de l’origine volcanique de la région.

En remontant, je m’arrête à LA boutique. Le jeune homme vend 2 ou 3 bricoles et fait office de salon de chat, ces feuilles que l’on chique ici ou à Djibouti.

A sa grande satisfaction, je lui fais quelques tours avec le jeu de cartes qui traîne sur la table, avant de prendre congé.

 

14.11.2013

C’est accompagné d’un porteur que je regagne la route au matin, cela fait marcher l’économie locale et me soulage bien !

A peine sur le bitume, il m’arrête un camion. Il s’agit d’un habitant de Shashemene qui rentre de livrer du grain à Addis, un voyage de deux jours. A l’arrivée, avant que je ne cherche une chambre pour la nuit, il me convie à prendre un thé.

Deux de ses filles sont justement là, en visite. L’une habite Londres, mariée à un Britannique, l’autre travaille aux Etats-Unis, sur une chaîne d’empaquetage dans le Minnesota, après avoir bénéficié de la « loterie des visas ».

 

SHASHAMANE (100 000 habitants)     

La ville n’est pas vraiment charmante et bruyante. (89)  (90)              

Ceci dit, la population n’abuse pas l’étranger sur les prix, qui restent globalement locaux, bajaj, cigarette, café, injera

Bob Marley

La caractéristique de la cité est le quartier de Nock. (91)  

En remerciement pour la mobilisation de la diaspora noire du monde entier contre l'agression italienne de 1937, Haïlé Sélassié Ier concède 2 km² de terres où, à partir de 1955 des Rastas (essentiellement jamaïcains) et des juifs noirs d’Amérique, viennent s'installer dans la ville, regagnant ainsi la «Terre Mère» de laquelle ils avaient été arrachés par l'entreprise esclavagiste.

Ici, un petit musée, une pièce pour l’instant, témoigne des figures de proue du mouvement rasta, Haïlé Sélassié (le ras –roi-  Tafari Makonnen de son vrai nom, d’où rastafari) et Bob Marley en tête, avec tableaux, et articles divers regroupés sur une table. Ainsi une photo des premiers retours, des certificats d’établissement en Ethiopie, avec le sceau du lion, le Négus Haïlé Sélassié(92) (93)             

Le 13 février 2005 Shashemene, accueille un festival regroupant des milliers de personnes en hommage au soixantième anniversaire de la naissance de Bob Marley, qui s'y était rendu en 1979.

Ceci dit, l’ambiance rasta, comme souvent, est plutôt glauque. Ce que je regrette car la musique me plaît. Il me semble qu’il y a un sacré décalage entre ce que c’est et ce que cela se voudrait d’être !

Je dois remettre l’un d’entre eux à sa place, qui me pompe l’air, à force d’être insistant. Il veut être guide et dealer, mais est surtout défoncé, et ça ne l’inspire pas (contrairement à certains que cela peut porter), ses neurones ne suivent pas le rythme.

Ce sont les femmes,  je trouve, qui souvent compensent ici. Je les estime moins agressives dans l’ensemble. Même dans les « affaires », elles décoincent, même si la vente ne s’effectue pas. (94)  (95)

 

15-17.11.2013                                                                            

Singes

L’hôtel dans lequel j’ai atterri ici, avec ses salles de conférence, se veut plus luxueux qu’il ne l’est (tout barre en sucette, les poignées de douche, les vis des divers suspenseurs, les téléviseurs et leurs télécommandes, les chauffe-eaux…) le site est étendu, avec multiples bars et restaurants. Et alors que je prends mon petit-déjeuner débarque soudain une armée de singes qui, apparemment, connaissent bien l’endroit. Les uns s’engouffrant dans quelques salles ou chambres où les femmes de ménage sont en train de s’affairer, les autres se goinfrent de fruits directement sur l’arbre, à moins que des clients leur fassent partager leur repas, et les plus jeunes se chamaillent simplement entre le sol et les escaliers. (96) (97)

Aujourd’hui, l’étape ne me mène pas bien loin, une bonne demi-heure et je suis rendu. Avec un zeste de pluie cependant, et il me faut discuter pour que mon sac (pour lequel je paye un supplément…ils tentent le coup parfois, et là j’accepte) rentre à l’intérieur.

 

AWASSA (130 000 hab.)                                                            

 Marabouts

Située sur les bords du lac du même nom, dans la vallée du grand rift, c’est un des plus beaux endroits que j’ai vu en Ethiopie jusqu’à maintenant. Je dirais qu’elle correspond, dans le Sud, à Bahar Dar.

Le centre-ville n’est pas spécialement charmant, quoiqu’il reste propre, mais ses allées de palmiers et les abords du lac sont un régal pour les yeux. (115)  (116)

Un soupçon bourgeoise, anciennement capitale de la province de Sidamo jusqu'à la réforme constitutionnelle de 1995 qui l’a transformée en ville région, Awassa appartient aujourd’hui à la région des nations, nationalités et peuples du Sud. Ceci ne s’est d’ailleurs pas effectué sans heurts puisque la police avait ouvert le feu sur 3000 manifestants sortis dans la rue.

Je trouve un hôtel charmant, aux couleurs du pays, et des chambres coquettes. J’en essaie d’ailleurs trois, après quelques problèmes, relatifs pour le pays, de nettoyage de chambre ou de toilette…mais étant donné que je suis l’unique pensionnaire ces jours-ci ! (99)

Bien que moderne, Awassa subit chaque jour des pannes d’électricité, pas une première en Ethiopie, mais à cette fréquence, cela m’est nouveau.

Le matin, je me réveille, tôt, au son du muezzin. Le week-end, il prêche et cela dure et dure ( !), quelle tchatche, il me fatigue déjà pour la journée…jusqu’à ce que je me rende compte que, près de là ne se trouve pas une mosquée mais une église orthodoxe ! J’ignorais que les prêtres orthodoxes devaient également racoler à ce point pour nettoyer le cerveau des brebis égarées.

L’intérêt principal réside ici dans le lac, où évoluent nombres d’oiseaux. Ibis, martin-pêcheurs, pélicans, ombrettes africaines (…) et, dominant les marabouts, croisés sur la promenade, perchés en haut des arbres, déambulant dans la rue ou flirtant avec les véhicules (100) (102) (107) (114)

La pêche est la principale industrie locale et ils fréquentent bien sûr le marché au poisson, où ils sont assurés de glaner quelques restes. (103)  (104) (105) (108)

Dans les restaurants près du lac, c’est également le mets principal pour les flâneurs, un poisson grillé, que l’on déguste avec les mains, accompagné d’une sauce piquante et un morceau de pain. Je suis étonné du peu qu’il reste dans l’assiette lorsque les locaux ont terminé le repas !

Du marché, je gagne les hauteurs, le mont Tabor, flanqué d’un jeune guide de 10 ans, Samuel, qui m’apprend que les marabouts dotés d’un goître sont les femelles. Ainsi stockent-elles la nourriture pour la redonner plus tard à leur rejeton. (106)

La vue vaut l’effort et, pour redescendre, nous empruntons un chemin différent, passant par l’arrière-pays, où femmes et gamines s’étonnent ou s’amusent de me voir là. (109) (110) (111) (112) (113)

Un autre paradoxe de cet endroit moderne, c’est le peu de personnes qui se débrouillent en anglais. Benjamin fait exception. Originaire d’une famille pauvre d’Aksoum qui s’est hissée dans la « hiérarchie financière » à force de travail, il travaille dans le bâtiment, actuellement au Soudan du Sud où, m’assure-t-il, tout reste à faire.

Nous passons le samedi après-midi ensemble, café, aquarelle, photo, puis bière au moment du match de football, pour lequel la population se prépare depuis le matin déjà, à force peinture sur le visage, t-shirts et hymne musical, celui qui oppose l’Ethiopie au Nigeria. (117) (118)

Ils ont perdu à l’aller…et il n’en est pas autrement pour le retour. Ce n’est encore pas en 2014 que le pays rejoindra la coupe du monde ! L’ambiance reste cependant au beau fixe après la défaite. La musique bat son plein, et certains dansent dans les cafés et dans la rue.

Benjamin, qui se rend à Arba Minch lundi, me propose de partager sa voiture (qu’il voudrait même me prêter sur place, pour visiter les villages environnants). Sympa, la proposition est alléchante.

Mais le lendemain, alors qu’il doit me téléphoner pour manger ensemble, l’appel se fait attendre et aucune réponse aux miens. L’Afrique !!!

Je passe ma dernière soirée  pour la première fois ici avec deux Occidentaux, Tom, un jeune chirurgien hollandais qui en pince pour l’Afrique et vient de passer un moment à l’hôpital ici, et Ronan, un journaliste israélien qui vient de quitter son job, menacé par Internet, en route pour le Kenya, qu’il connaît déjà.

En gagnant le centre-ville, Tom nous dit voir pour la première fois les feux au carrefour en fonction…ils viennent d’être installés voici quelques jours.

 

18-19.11.2013                                                                             

Vue

Si mon passage à Awassa s’est bien déroulé, il en va autrement de mon départ. La station de bus une fois de plus.

Outre la sempiternelle discussion, une fois le tarif du trajet fixé, du supplément pour le bagage (qui semble être réservé au voyageur étranger), il m’est demandé, juste avant le départ, pour la première fois dans une gare routière depuis que je voyage, d’ouvrir mon sac. Ceci semble être à l’initiative d’un voyageur que je m’empresse d’incendier, une espèce de fonctionnaire probablement en crise d’autorité, un frustré auquel je rabats rapidement son caquet ! J’explique que je ne m’exécuterai qu’en présence d’un policier et note, devant leurs yeux, le numéro du bus.

Quelques minutes plus tard, sur un appel d’un employé des bus apparaît un uniforme…qui parle autant anglais que les autres !

Je vais donc lui montrer le contenu de mes bagages, en ayant pris soin auparavant de faire dégager les autres cons de voyeurs. Le contrôle n’en est d’ailleurs que formel, je lui montre un peu ce que je veux, il semble plutôt embêté.

Une employée de la gare l’est tout autant et elle est ravie de me voir prendre le bus suivant, pour 150 km, après que je me suis éclipsé entretemps pour boire un thé.

Il me faut malheureusement effectuer un changement dans un bled appelé Woleita, donc affronter à nouveau ces sangsues des bus, et ce n’est plus le jour à me courir sur le haricot.

Ce sont à nouveau 100 km, et là, je me retrouve à une place que j’évite d’ordinaire, celle à l’arrière du bus, d’autant plus qu’une majeure partie du trajet est sur piste

Ce n’est vraiment pas mon jour, l’un des moments où l’on se dit : « j’ai vu le pays, mais ne réitérerai pas l’expérience ».

 

ARBA MINCH (75 000 hab.)

A peine arrivé, je trouve une chambre miteuse, mais je n’ai pas le cœur à chercher davantage, ce ne sera que pour une nuit, avec l’aide de Muruken, un guide local.

Normalement, je ne me laisse pas mener ainsi, mais il m’en montre 2 ou 3 vraiment bon marché, tout en douceur, et il ne cherche pas la commission, plutôt quelqu’un à guider pour la région du Sud.

Je lui explique qu’étant moi-même du métier (comme je le fais régulièrement ici pour les stopper dans leur élan), je cherche là à me distancer de l’activité. Si bien que nous passons un moment sympathique, un première approche de la ville et de ses environs, avec même un phacochère se promenant près d’une école, et je le « dédommage » avec boissons et dîner.

Arba Minch (quarante sources en amharique), deuxième grande ville de la région, après Awassa,  tient son nom de ses sources locales.

Située à l'ouest de la vallée du grand rift, elle est réputée pour sa production de fruits (mangues, goyaves, bananes, pamplemousses, oranges…) et son élevage de poissons.  

Composée de deux parties, haute, avec les bâtiments administratifs et les hôtels, et basse, près du parc, elle est un mélange urbano-fermier, une sorte de cité qui ne peut encore se défaire de son côté campagnard.

Le parc national de Nechisar y recouvre l’isthme qui relie deux lacs, d’Abaya et de Chamo.

La ville a succédé à Chencha en tant que capitale de l'ancienne province de Gamu-Gofa, titre conservé jusqu'à la réorganisation du pays en régions en 1995.

Marché

Chencha est à quelque 40 kms d’Arba Minch, une bonne heure de bus donc, et à voir principalement pour son marché très bigarré.

A peine arrivé, je suis abordé par un type (puis deux ; comme souvent il s’opère une greffe !)…travaillant pour le gouvernement…comme moi je suis pape. Ils sont là pour ma sécurité et doivent me guider. Comme c’est « obligatoire », je lui propose d’aller au poste de police pour officialiser la situation, et après quelques mètres m’en voilà débarrassé.

Je déambule alors en direction du marché et tombe, à point, sans me faire mal, sur une couturière. Il se trouve que le bas de mon pantalon aurait besoin d’une reprise, un ourlet en quelque sorte, mais je n’en ai aucun de rechange. Me voilà donc assis à côté d’elle, deux bouts de tissu, des semblants de jupe, sur les genoux pour protéger mon intimité devant toutes ces spectatrices qui ne manquent pas la représentation. L’affaire est bâclée en quelques minutes et je peux me rhabiller. (121)

Le marché est effectivement très coloré. Je me retrouve vite affublé d’un pseudo-guide, que je ne refoule pas car il présente au moins l’avantage de limiter le reste du harcèlement courant, et j'observe les tractations pour fruits, légumes, animaux, tabac.

Des fumeurs s’adonnent d’ailleurs au plaisir de la pipe à eau par le biais d’un long manche relié à la classique cafetière éthiopienne.  (120) (122) (124)

Je décide ensuite de gagner Dorze à pied, 5 à 7 km, d’où je prendrai un véhicule pour retourner à Arba.

Je ne manque pas de me faire aborder une paire de fois mais, adoptant un pas alerte (et parce que l’après-midi est déjà avancé), je parviens facilement à semer mes « poursuivants ». (125)

Il y a également la population qui s’en retourne au foyer, comme cette femme, souriante, que je croise et recroise, pliant sous le poids de son fardeau, alors que je m’accorde quelques pauses-photo. Le lièvre et la tortue.

Les huttes typiques des Dorze sont particulières en ce sens qu’elles sont étirées et que leur toit de chaume se ponctue par une pointe. (126)

Ceci dit, je constate que nombres d’entre elles font d’ores et déjà place à des bicoques couvertes de tôle ondulée.

 

20-21.11.2013

Le temps est venu de se diriger vers la vallée de l’Omo, le berceau de l’humanité, là d’où nous venons tous.

Une nouveauté, je voyage avec Hanna, une Coréenne rencontrée deux jours avant alors que je déambulais sur la partie haute d’Arba avec Muruken, qui avait proposé de la guider, sans succès, dans la région de Konso.

Hanna est une prof d’art de 26 ans qui vient de quitter son job pour parcourir le monde. Tiens, ça me dit quelque chose !

Je crois qu’en fait elle redoutait un peu de s’aventurer seule par-là.

Cat

Nous gagnons la ville de Konso en 2 bonnes heures, pas un but en soi, plutôt un passage, au mieux un point de chute pour rayonner autour.

Mais là, 4 heures d’attente avant que ne soit rempli le minibus pour Key Afer, que nous voulons rejoindre aujourd’hui, pour être au marché dès les préparatifs. (127)

Ceci nous permet largement de changer de l’argent (cela risquerait d’être difficile ensuite), de déjeuner et de prendre un bon jus de mangue à une devanture de maison.

La propriétaire, charmante, nous fait la conversation et m’apprend que la France a ici une réputation dans la diplomatie ( ?), la finesse et la beauté !

Nous finissons quand-même par atteindre Key Afar en début de soirée. Il fait nuit mais nous trouvons de suite un hôtel, pas celui de l’arrivée, où l’eau ne coule pas, mais celui-ci d’en face, pour le même prix, et avec une salle de bains propre et pas délabrée. Le prix est étranger s’entend, l’autre serait le prix abesha, africain en Ethiopie.

Nous prenons rapidement la température de l’endroit, de nuit (à voir ce que le jour nous réserve !), en cherchant à manger. Après une rapide intrusion dans ce qui me semble être un bouge, nous ingurgitons un injera bien copieux dans un endroit tenu par une famille musulmane sympathique et nous laissons prendre au jeu avec les enfants.

Troupeau

Ici, l’électricité ne fonctionne qu’en soirée, de 19 à 22 h 30. Nous en profitons alors pour recharger nos divers appareils.

Jeudi, jour de marché, Key Afer est en effervescence. Des jeunes filles en uniforme et munies d’un bâton se chargent de régler la circulation, en fait de s’assurer que les piétons se tiennent au bord de la route.

On nous a annoncé le début des festivités vers 13 h. Nous nous rendons sur la place dès 9 h. Bien nous en a pris car nous pouvons alors assister à l’arrivée de nombres de commerçants et la mise en place des stands.

Nous observons cela de l’endroit où se vendent quelques poules, œufs, tabac en branches, et tabac en poudre à priser, justement très prisé par certains, à l’instar du chat.

S’ils ne viennent pas en transport, certains n’hésitent pas à parcourir des kilomètres à pied pour se rendre à ce carrefour des minorités, où populations ari, tsemai et banna se rencontrent.                                                                 

Marché

Pomponnés, ils arborent colliers et bracelets de perles ou de fer-blanc, plumes d’oiseau ; certains hommes, aux jambes longues et fines, et revêtus d’un court pagne, me font songer à de jeunes Spartiates, tandis que certaines femmes portent une peau de vache ou de chèvre sertie de coquillages blancs. (131) (132)

Les femmes tsemai se distinguent à leur scarification sur le visage.

Outre le tabac, ce sont fruits, légumes, beurre qu’ils viennent chercher ici, ustensiles traditionnels tels calebasses ou mini-sièges de pasteur (dont je fais l’acquisition) et bien, sûr artisanat local, davantage destiné aux quelques bus de touristes qui vont se déverser en cours de journée. (133) (134) (135)

L’ensemble prend alors un aspect plus folklorique qu’ethnologique, les ethnies ayant bien compris qu’ils peuvent demander une obole en échange de la photo.

Ils prennent d’ailleurs les devants, n’attendant plus que le photographe les en prie. Je m’amuse alors à les contrer, en leur disant « two birr, to birr, sinon pas de photo ! ». Si certains le prennent mal (ou prétendent ainsi), la majorité en sourit. (136) (137) (138)

En fin d’après-midi, la place se vide comme elle s’est remplie, et dans les rues, je vois quelques arrière-boutiques, sortes de bars où a lieu l’« after ». (139) (140)

Nous montons, maintenant avec Iuji, un Japonais qui m’a abordé déjà à Arba Minch, la côte qui part vers les alentours de Key Afer afin de profiter de la vue sur le village.

En regagnant nos quartiers, nous croisons quelques femmes des minorités, certaines souriantes, d’autres passablement "énervées", au sortir de l’after me semble-t-il.

Nous dînons à 5, un couple de Japonais en sus. Iuji, je crois, est lui aussi en recherche de camarades de jeu pour la région, avec apparemment une préférence pour les couples, puisqu’il était déjà avec deux compatriotes à Konso, partis au Kenya maintenant.

 

22-23.11.2013

Il faut une bonne heure, en fonction du nombre d’arrêts effectués pour charger ou décharger biens et personnes, cela va de soi, pour relier Jinka.

 

JINKA                                                                                           

141 - Marché

La plus grande ville de la Région des Peuples du Sud représente surtout un avant-poste pour visiter les villages mursis, ceux des femmes à plateau.

Son intérêt reste sinon relatif, mis à part la présence d’Internet, unique dans le coin, et son marché, le samedi. (142) (143)        

On peut y rencontrer des Mursis…mais pas depuis deux semaines, après une tuerie entre Mursis et Aris.

Le premier, ayant acheté de l’alcool (interdit par la tradition), qu'il avait déguisé en y glissant du jus d’orange, n’a pas dupé le second lors d’un contrôle. Ce dernier a alors déversé le liquide sur le sol. Sur ce, le Mursi a tiré.

Le père du Ari, ayant déjà perdu un fils, est arrivé peu après pour régler ses comptes.

Les rapports s’en trouvent donc troublés actuellement.

Pour se rendre dans les villages mursis, ce sont 60 km, une voiture à louer,  un guide obligatoire, une entrée de parc, une entrée de village et une place de parking !

Tout çà pour aller voir l’une des minorités apparemment parmi les plus harcelantes, où les birrs doivent couler pour chaque photo. L’entourloupe à l’éthiopienne !

De plus, je dois retrouver ma collègue Bettina dans quelques jours, elle est avec un groupe, et la date correspond à son incursion chez les Mursis. Je saisirai donc cette occasion, qu’elle m’avait d’ailleurs recommandée.

Les Japonais restent encore un peu, Hanna hésite et finalement renonce aux Mursis.

Les bus en direction de Turmi se font rares le week-end et il faut descendre sur Key Afer pour arrêter là-bas un véhicule. Nous assure-t-on. Mais, au final, c’est un bus en provenance de Jinka que nous récupérons pour aller jusqu’à Dimeka ! Les rabatteurs des gares routières sont baratineurs et pas toujours au fait des événements.

Il se fait tard, et nous voulions de toute façon faire étape ici à un moment donné.

Le choix de l’hébergement se fait difficile, nous en voyons trois tous aussi miteux les uns que les autres, accompagnés par des sangsues qui annoncent que la patronne arrive, ensuite ils sont les boss, pour finalement aller s’occuper ailleurs ; dans l’autre, la peinture vient d’être refaite et le proprio nous passe la pommade, allant jusqu’à pousser mon sac « gratuitement », ce dont je me passe volontiers.

Un point commun, ils ont tous les douches à l’extérieur en l’occurrence celle-ci s’effectuera au broc, abrité derrière une voiture, une 4x4 estampillée Nations Unies (on en croise régulièrement dans le pays).

Nous optons pour le Tourist hotel, au moins les draps y sont propres, les chambres sont équipées d’une prise électrique et un restaurant y est disponible.

Un couple de Hamers est en pleine dispute. Même scénario que celui observé dans le Nord, dans le véhicule en direction de Debark. Elle ne semble pas vouloir suivre. Il la tire vers lui, elle ne coopère pas. Il réitère l’opération quelques fois puis une beigne. Au bout d’un moment, ils finissent par disparaître ensemble.

La fête sinon bat son plein ce soir. La présence d’une équipe gouvernementale pour fêter la mutation de certains d’entre eux fournit l’occasion d’une animation, repas et musique compris. Nous y sommes conviés, pour une ou deux danses, rien de plus, probablement le plaisir de voir se trémousser deux faranji.

Nous laissons la vedette à un Hamer, qui se glisse dans la salle de danse, à la satisfaction de cette bande de fats échevins qui risquent bien de s’étouffer dans leur attitude supérieure  vis-à-vis de ce représentant de la minorité locale.

Ils ne valent pas mieux que nos fonctionnaires, à la différence que le pays n’est pas franchement au top. En deux mots, ils sont d’une inutilité navrante.

 

24-26.11.2013                                                                                     

144 - Femme hamer

Le centre du village reflète le brassage des populations, l’on y croise Hamers et Amharas, les premiers amenant de la couleur par le biais de leurs divers apparats.

L’extérieur, très vert, y est très campagnard. Le lit vide de la rivière permet, là où subsistent quelques flaques, de procéder à une douce succincte et au lavage des vêtements. A la pompe à eau se succèdent indifféremment hommes, femmes et enfants pour ramener quelques jerricans du liquide qui se fait très précieux dans la région. (145) (146) (147)

Dimanche, classiquement, est jour de messe. Lors du prêche, les fidèles se tiennent en dehors de l’édifice religieux, se prosternent de temps à autre, puis, pour le final, se dirigent vers l’église avant de se séparer dans un mouvement quasi uniforme et regagner leur gîte. Une femme hamer, dont les yeux suppurent vaguement, se tient à l’extérieur, guignant un bout de pain ou un billet. (148) (149) (150)

Le départ se fait difficilement. Entre les quelques Hamers qui étalent leur marchandise alors que nous sommes assis en bord de route, pour stopper un véhicule, et Amharas, curieux, stupides et harcelants, l’attente se fait interminable.

L’Ethiopie se partage principalement entre une population qui quémande, sans cesse, auprès du potentiel que nous représentons, l’autre, financièrement à l’aise, qui nous ignore, et les minorités qui, quand elles ne posent pas pour une photo à valeur de 1, 2 ou 5 birrs, se révèle parfois agressive. En gros, le pôle reste l’argent.

Le peu de voitures qui s’arrêtent parce qu’elles ne sont pas pleines ou au service de faranji, espèrent juste un gros coup.

Au bout de 5 heures, une voiture s’arrête qui revient de l’hôpital où une petite a subi une opération de la bouche par des chirurgiens occidentaux bénévoles et ambulants. Une infection qui aurait pu la défigurer complètement. Tout s’est bien déroulé et elle rentre à la maison.

En route, je donne à la famille, qui pratique l’agriculture, quelques paquets de graines (carottes, petits pois, betteraves, radis…) hérités d’un couple d’Israéliens, qui les tiennent eux-mêmes d’un compatriote.

Une bonne idée dont le problème récurrent, lorsque l’on arrive « utile », reste de trouver les bonnes personnes, celles qui ne sautent pas sur le faranji à forces « birr, pen, book, t-shirt, banane… ».

Finalement, à l’arrivée, une demi-heure de route, ils n’acceptent pas notre contribution au transport.

 

TURMI (3 000 hab.)                                                                          

Marché

Passage pour les véhicules qui s'affairent dans la région (et dont les moteurs tournent, inutilement, dans la cour de « l’hôtel » dès 6 h 30 le matin !), Turmi s’anime de son marché  le lundi. (152) (153) (154)

Même topo que pour les précédents : l’arrivée progressive, le fourmillement de la fin de matinée jusqu’en milieu d’après- midi, et le départ en passant par la case bar, signalée par une grosse barquette de plastique jaune devant l’habitation. (155) (156)

Nous croisons les Hamers sur le retour à l’extérieur de Turmi, étant partis, avec Iuji, revenu de chez les Mursis, tenter une approche des villages ethniques. Sans trop de succès. Photo, photo, sinon il faut dégager. (157) (158)

En poursuivant jusqu’à la rivière, ici aussi plutôt asséchée, nous plaisantons avec certaines ou assistons à la douche improvisée, mais tout ceci reste motivé par une vue pécuniaire. (159) (160) (161)

Je troque pourtant un collier pour un autre, un des multiples objets dont je pensais faire cadeau  lors d’une occasion propice. (162)

Nous assistons aux premiers pas d’un chevreau, tout au moins aux tentatives de se tenir debout, avant qu’un gamin, stupide, comme beaucoup par ici, attrape le nouveau-né par une patte pour l’emmener à 30 mètres de là, après notre refus de lui verser quelques pour la photo. Un spectacle tragi-comique ! (163) (164)

Un Américain de 70 ans se trouve ici pour un deuxième séjour prolongé. Il est le premier, dit-il, à avoir traduit 3000 mots de hamer en anglais, mais ne parlant pas vraiment la langue, il se penche maintenant sur la grammaire.

En fait, il va probablement rester ici et y acquérir ou faire construire une maison. S’il y tient vraiment, je lui recommanderais d’en prendre une avec douche et prises électriques. Ici, il faut attendre 18 heures et amener appareils au bar pour recharger.

Mis à part ces considérations d’ordre « hydro et lectrique », je pense que, là encore, les locaux voient le gugus idéal pour pomper du fric sans se fouler un pouce.

J’en juge par le gamin qui, le matin, tente de lui soutirer quelque somme et, à défaut, d’utiliser son téléphone ; la femme qui, le soir, lui exprime son envie de se marier et d’obtenir une voiture pour être la deuxième de la gent féminine à conduire au village ; cette autre, plus âgée, trop paresseuse pour cuisiner qui souhaiterait partager son petit-déjeuner, alors qu’il a acheté 200 kg de sorgho à la famille (à laquelle il a également assuré des soin à l’hôpital en cas de besoin) ; et toute cette cour qui, ici et là, s’agite autour de lui.

Il avait un ami claudiquant ici, qui, apparemment souvent ivre et quémandeur, s’est fait fracasser sa jambe folle puis la tête à coup d’une immense caillasse, au détour d’un chemin à Dimeka, l’année passée.

Nous sommes dans le berceau de l’humanité, celui de la préhistoire, et ils n’en sont pas encore tous sortis.

Hanna retourne sur Arba Minch avec Iuji. Elle est indécise quant à sa route vers le Kenya et veut s’occuper du visa et du vol qui, plus tard, l’emmènera vers un autre continent, probablement l’Amérique du Sud.

 

27.11.2013

Je dois retrouver Bettina, avec son groupe, demain à Key Afer. Je m’avance donc jusque là-bas, et  m’allonge afin d’étouffer dans l’œuf une crève qui s’annonce depuis quelques jours. Le nez,  la gorge pris et aujourd’hui, alors que ces deux-là se sont calmés, ce sont le ventre et les courbatures. 

 

28-29.11.2013

Un nouveau petit tour sur le marché de Key Afer, entouré de gamins (et autres) alors que j’esquisse quelques croquis.

Puis j’attends Bettina et son groupe ; Fanuaille, son guide local, me téléphone et m’annonce une panne donc 2 bonnes heures de retard.

Je prends mon mal en patience et les retrouve finalement en début d’après-midi.

Nous filons alors directement sur Jinka, puis de là, chez les Mursis, dont j’ai encore entendu parler ce matin…à propos du harcèlement.

Femme mursi

Le village que nous retrouvons se trouve à deux heures de Jinka et n’est donc pas le plus visité. C’est un avantage.

En outre, nous y passons la nuit, privilège organisé par l’agence avec laquelle travaille Bettina ici, ce qui fait que finalement, c’est chez les Mursis que je trouve le moins d’harcèlement.

Ceux-ci, semi-nomades en périphérie du Parc national de Mago, sont l’un des derniers peuples africains où vivent les femmes à plateau.

La mise en place de l’ornement labial inférieur intervient dès l’enfance. Une fois extraites les incisives inférieures, car cela serait gênant et douloureux, la lèvre est perforée et une cheville de bois mise en place. L’espace est ensuite agrandi peu à peu par l’introduction de cylindres de plus en plus grands. (166) (167)

Cependant pas d’excision ici.

Selon certains, le but de cette pratique aurait été de rendre les femmes indésirables afin de les protéger des razzias esclavagistes. (168)

Mais ce serait plus probablement le fait de la caste, élevée, de certaines femmes.

La taille du plateau se mesure à la dot exigée par la famille de la jeune fille. Plus elle demande de chèvres et de vaches (et maintenant généralement une arme à feu), plus le plateau se doit d’être conséquent.

Son port, non permanent, se limite aux rencontres importantes, officielles, ou celle, ponctuelles de touristes.

Les Surmas pratiquent également cette coutume.

Autres parures des femmes mursis, à l’instar des hommes d’ailleurs (qui, pour certains, se rasent entièrement, signe d'élégance), les disques dans les oreilles percées, les colliers, perles et scarifications, sur les bras, la poitrine ou  le ventre. (169) (170)

Chez les hommes, elles correspondent à un acte de bravoure, inspirant le respect.

Lors du donga, tournoi ayant lieu à la fin de la saison des pluies, les jeunes célibataires prouvent leur courage devant la tribu, à l’aide de perches de forme phallique.

Ils s’affrontent alors, s’efforçant de donner une correction sévère aux rivaux, sans le tuer, ce qui serait formellement puni. Le vainqueur, porté en triomphe devant un parterre de jeunes filles trouve ainsi son épouse.

Les Mursis vivent en symbiose avec l'environnement, et ont peu d'interactions avec les autres peuples de la région. Farouches guerriers, ils combattent vol de bétail et razzias de femmes à coup de lance et de kalachnikov.

Regroupés dans des villages éloignés des rives marécageuses de la rivière Omo, ils ne laissent s'abreuver leur troupeau à la rivière que

si nécessaire, afin de limiter les problèmes dûs à la maladie du sommeil, causée par la mouche tsé-tsé.

Au petit matin, Melisha, le chef du village, jeune homme de 30 ans, parle de son peuple et de son village, sur fond de cases en chaume, où discutent de vieilles femmes et chahutent les enfants. (171) (172) (173) (174) (178)

Il représente une exception. Respecté, à l’instar de son frère qui, curieux, a réussi par la fréquentation de missions et organisations diverses, à se faire cinéaste (et filmer son peuple, témoignage qui l’amène dans le monde entier), il parle bien anglais et tente d’instaurer un lien entre sa culture et le modernisme, afin d’éviter un développement nuisible.

La piste se développe, qui mène au village, plantations de canne à sucre oblige, et il ne faudrait pas qu’elle prenne trop d’ampleur sur la région. (175)

Le terme de la visite est un peu plus mouvementé, avec la vente des ornements buccaux, ces plateaux d’argile, par femmes et enfants, tandis que posent les guerriers et fusent les photos. (176) (177)

Mais le déplacement a valu le coup, la nuit à la belle étoile superbe malgré qu’elle a été courte et quelque peu agité…j’ai goûté une petite tasse d’hydromel local, alors que j’allais mieux. Colossale erreur ! Elle se remémore à moi toute la journée.

Je quitte le groupe là où je l’ai trouvé, à Key Afer, et réussis à gagner Arba Minch en 4 bonnes heures, un pick up confortable jusqu’à Konso, puis un minibus, jusqu’à l’hôtel s’il vous plaît !

 

30.11.2013

J’ai récupéré cette nuit, même si celle-ci a été interrompue à plusieurs reprises ! Un Chinois qui essayait d’ouvrir ma porte. Il s’est apparemment trompé de chambre. Mais se marrait, cet abruti. Et le prêtre orthodoxe qui n’avait pas eu sa piqûre. Il récitait et chantait ses prêches à tue-tête au micro. Le lavage de cerveaux fonctionne à merveille !!

Un petit-déjeuner que je n’évacue pas aussi promptement et une journée à vaquer…glander en d’autres termes. J’ai choisi un hôtel correct, avec grand jardin, restaurant, Internet quand cela fonctionne.

Je rends visite au coiffeur voisin. J’hésite mais cela reste, pour moi, une habitude de voyage. Je rends toujours visite à un coupe-tif. 

Et celui-ci, peut-être après avoir vu mon hésitation, me soigne. Faute de ruban pour le cou, il utilise du papier toilette, papier dont il me bourre également les oreilles, probablement pour éviter l’infiltration des cheveux lors de la tonte.

Car il dispose de plusieurs tondeuses soigneusement rangées devant lui dans un réceptacle.

Cela dégage sec mais le résultat me convient.  (179)

 

01.12.2013

Je poursuis mon rythme « pépère ». Après un petit-déjeuner pas trop matinal, mais sans dik-dik (petite antilope) à ma table - hier, elle s’est approchée si près que je lui ai caressé le museau -, et tour sur le marché local, je gagne l’aéroport en début d’après-midi.  (180)

Le vol pour Addis est reporté d’une heure. Je n’avais pas encore de numéro de portable lors de l’achat des billets, sinon j’aurais été averti, m’assure-t-on.

La machine à scanner les bagages a ses règles, alors le contrôle, sac de jour et grand sac s’effectue à vue ! Aïe aïe aïe ! La fonctionnaire me met la pagaille là-dedans.

Vérification zélée, idiote en tout cas, car ils ne s’aperçoivent généralement pas de la présence de toutes les poches.

Je note dans les toilettes du restaurant la présence de condoms à discrétion. J’avais déjà constaté cela dans certaines chambres de l’hôtel de Turmi. Très bonne mesure selon moi, même si en l’occurrence je m’interroge sur leur utilisation immédiate ici !

 

02.12.2013                                                                                

Cireur

Dernier jour en Ethiopie, dernier jour à Addis, avec une température un peu plus fraîche, surtout en matinée, ce qui permet une transition avant le retour vers le tard automne européen.

Je décide, après confirmation de vol, achat de quelques présents et envoi de cartes postales, de gagner Entoto, le quartier des hauteurs de la ville.

Il ne me faut pas moins de 4 bus (ou minibus) pour y arriver. Mais je m’aperçois qu’à Addis, où je me suis efforcé de rester le moins possible, on est beaucoup moins enquiquiné que dans le reste du pays. La prévenance est de mise mais les gens y sont plus enclins à aider, à renseigner, sans aussitôt quémander ou me tenir la jambe indéfiniment.

Entoto est en effervescence, apparemment a lieu aujourd’hui une cérémonie religieuse en l’honneur de Saint-Georges (l’occasion de boire une Saint-Georges beer !). (182) (183)

Ceci dit, rien de bien transcendant là-haut. Même la vue sur la ville, but de ma démarche, ne casse pas 3 pattes à un canard.           

Quant au palais de Ménélik II et Madame, Taytu de son petit nom, fait pâle figure à côté d’un mas provençal.

Mais je ne regrette pas ma journée, elle reste réussie et, de plus, ensoleillée encore une fois.

En redescendant, je discute avec un « professionnel » des médias, très avide d’en connaître davantage sur les nouveaux moyens d’information et de communication.

Il m’explique au passage que le(s) dirigeant(s) actuel(s) ne sont pas à la hauteur, comparant la situation, qu’il juge chaotique, à l’époque thermidorienne de la France !

Et, pour mon départ, un passage chez le cireur de pompes, qui s’applique en me rajoutant une crème. Avec cela, je devrais passer les contrôles aéroportuaires sans encombre !!

Mon séjour en Ethiopie touche à sa fin. Instructif et pas routinier.

Des paysages de montagne en partie époustouflants et méconnus, alors que le sens commun y voit plutôt un désert aride.

Une culture variée, forte de son histoire, remontant, selon la légende, jusqu’au roi Salomon.

Un pays fier d’être l’unique état africain à ne pas avoir été colonisé, même si occupé à deux reprises.

Des marchés colorés vers lesquels parfois convergent les ethnies diverses peuplant les villages des alentours.

Une culture du café qui remonte aux origines.

Une compagnie aérienne plutôt ponctuelle et des transports aux chauffeurs prudents. L’infrastructure routière se révèle d’ailleurs beaucoup plus avancée que ce que l’on en sait, elle s’y est apparemment bien développée ces dernières années, mis à part quelques portions.  Restent les bords de route à fignoler.

Mais également une déception d’un point de vue humain.

Des gens pas particulièrement attachants. Souvent harcelants, agressifs parfois, volontiers menteurs si cela peut rapporter, pas voleurs mais arnaqueurs, motivés du matin au soir par l’argent, ou, en disposant, peu ouverts sur l’extérieur, sur l’échange spirituel, intellectuel ou de quelque ordre que ce soit.

Une sorte de concentré de clichés sur l’Africain.

C’est certainement possible d’éviter cela, si l’on ne se mélange pas ou se maintient peut-être dans une sphère privilégiée. Mais où est alors l’intérêt ?

Les voyages de groupe avec guide protègent probablement de cette pagaille et laissent des souvenirs impérissables. Mais ce n’est pas la face réelle. Un peu comme ces politiques qui racontent un pays en se mouvant uniquement parmi l’élite économique ou intellectuelle, sans jamais avoir le moindre contact avec la population.

La palme revient à Lalibela et au pays hamer. Addis, même si en soit moins charmante, fait peut-être exception.

Voilà, une expérience malgré tout intéressante que je ne suis cependant pas sûr de vouloir renouveler. Même la beauté de certaines femmes, un sacré mélange, ne compense pas les désagréments (auxquels elles peuvent d’ailleurs contribuer).

Je suis venu, j’ai vu et  ça suffat peut-être comme ci.

3 décembre 2012

26.10.2012 Après un vol surclassé (en première)

TITRE-INDE

 

 

26.10.2012

Après un vol surclassé (en première) pour ma part, démarré en retard en raison des grèves mais compensé en route, nous atterrissons à Mumbai (anciennement Bombay) en fin de soirée.

AVIGNON-BOMBAY

 

Une fois les formalités effectuées, le harcèlement aéroportuaire se déroule donc déjà le 27...au, très, petit matin.

« Taxi taxi ! »

« No, thank you

Et puis on entame la discussion, pour finalement, après le marchandage habituel, gagner le centre de la ville où nous ne faisons pas de chichi pour l'hôtel...il vaut mieux.

Le trajet, conduite à gauche, est rapide, 1 heure, grâce aux pointes à 80-90 km/h malgré la limitation affichée de 40 km/h et les sémaphores dont le rouge, à la marseillaise, scintille pour notre chauffeur fortement au vert !

Olivier, chauffeur de bus de son état, écarquille les yeux !

 

27.10.2012 

Bombay, porte de l'Inde

Bombay, docks

Nous logeons en face de la gare Victoria et son architecture coloniale, héritage britannique oblige.

Mumbai, la ville la plus peuplée de l'Union, même si elle n'en est pas la capitale, ne m'a pas laissé un souvenir impérissable lors de mon précédent séjour mais s'avérait pratique pour l'atterrissage par rapport au trajet envisagé, à savoir débuter par le Gujarat.

Nous y prenons donc la température du pays, en arpentant les abords de la Indian Gate, animée par rabatteurs pour bateaux, mendiants, « peseurs » armés de leur balance et autres vendeurs de grigris indiens. Nous flânons ensuite à travers les marchés colorés de fruits et guirlandes de fleurs aux vertus religieuses, où errent de ci de là quelques chèvres en quête de nourriture. Puis nous traînons vers les docks où s'affairent femmes et fillettes au tri de monceaux de crevettes ; ici les photos sont interdites, probablement afin d'éviter les tracas avec Amnesty International. Le port y est bigarré, avec ses embarcations vétustes aux multiples tonalités (1) (2) (3).

1

A Bombay, le contraste est saisissant entre résidences aisées et bidonvilles qui, s'ils ne sont pas mitoyens, se regardent d'un côté de la rue à l'autre (7).

Ce soir, c'est le départ pour le Gujarat et, après l'achat d'une chaîne en métal destinée à assurer le maintien de nos bagages dans le compartiment, nous négocions une dernière douche à l'hôtel et rejoignons la gare centrale.

La ponctualité de notre train ferait saliver d'envie un horloger suisse, son modernisme moins déjà. Les draps ne sont pas prévus au programme, on fera sans, mais l'attache des sangles entre couchettes ne garantit pas forcément que la position lit tiendra toute la nuit !

Mumbai

 

Aucune porte ne nous sépare du couloir et nous faisons ainsi connaissance de nos « voisins de paliers », des convoyeurs de paquets postaux, qui, nous assurent-ils, se relaient dans le sommeil pour garder toujours un œil sur les paquets. Tu parles, après avoir dégoisé jusqu'à minuit, ils scient tous trois du bois à en concurrencer même Olivier.

 

 28.10.2012

Ahmedamad (l'abondance d'Ahmed), capitale de l'état du Gujarat, sixième de l'Inde pour sa population, annonce déjà une fréquentation touristique très modérée, si ce ne sont les Indiens eux-mêmes, que nous retrouvons pour une visite guidée à travers les pols de la ville, de vrais labyrinthes comprenant temples, mangeoires à oiseaux, passages secrets, portes (sens initial du terme pol) et maisons sculptées. Certains endroits ont subi des dommages lors du dernier tremblement de terre survenu en 2001 (9).

Ahmedabad, pol

Ahmedabad, lac Kankaria

A l'instar des vaches (vénérées au pays pour le symbole, la fertilité, et l'apport en calcium, le lait) ou chèvres rencontrées au coin des rues, ou en plein milieu de la circulation, nous croisons à plusieurs reprises un éléphant (peut-être est-ce le même), fardé de bleu, vert, rouge, employé à la voirie, pour ramasser le bois obstruant la route ou en transporter à des fins de construction.

Ahmedabad, temple

Ahmedabad, pol

En fin d'après-midi, le lac Kankaria, bien aménagé, nous offre son kitsch prisé par les familles locales. Une montgolfière stationne dans les airs, un petit train déambule sur toute sa circonférence, et la fête foraine bat son plein, le tout sur fond de coucher de soleil, cadre agréable pour terminer le week-end en beauté (12).

Ahmedabad, Gujarat

Cette nuit devrait être plus reposante, suffisamment longue, car nous nous rendons demain à la gare routière pour prendre le bus disponible après notre réveil, ainsi en avons-nous décidé après nos essais infructueux pour réserver un billet à la gare ferroviaire. Alors que le préposé de Bombay nous a expédié l'affaire en quelques minutes, celui-ci nous promène d'un guichet à l'autre où les directives nous renvoient irrémédiablement au sien...peu enclin à nous faciliter la tâche.

J'en profite pour rendre visite au coiffeur situé en face de notre hôtel, un jeune de 25 ans, habile et soigneux dans son travail, avec thé et massage du cuir chevelu à la clef !

 

29.10.2012

Le bus pour Surendranagar, nous nous dirigeons lentement vers le sud de l'état, du côté ouest du golfe de Khambat, est aussi ponctuel que le train de Mumbai. Il nous emmène à travers des plaines agricoles parsemés de temples et d'autels de paille, et le trajet est entrecoupé par les passages bovins qui le rythment comme le feraient les virgules du Ramayana, l'épopée mythologique (15).

Wahdwan, rue

Wahdwan, porte du village

Wahdwan, à 5 km de Surendranagar (où nous logeons, est notre but aujourd'hui. Il s'agit d'un village où le temps n'a eu que très peu d'emprise, si ce ne sont les dommages liés aux aléas météorologiques. Ainsi, sa muraille n'a-t-elle résisté qu'en partie, mais la porte y est restée intacte. A l'intérieur, ce sont ruelles étroites au hasard desquelles nous faisons la connaissance de Chimanlal, un instituteur retraité qui nous emmène déjeuner dans sa demeure.

Sa famille est fan de Napoléon Bonaparte, et il a également lu avec intérêt la période de la seconde guerre mondiale. Ainsi est-il calé en la matière !

Wahdwan, svastika

Les figures de la mythologie indienne ne sont pas en reste non plus, et nous ponctuons la rencontre, il ne perd pas le Nord, Pépère (!) par la visite de la boutique de son neveu, mitoyenne, la caverne d'Ali Baba pour objets en métal. Olivier en ressort avec un Ganesh, la divinité à tête d'éléphant, la préférée des Hindous, et moi avec un petit récipient dans lequel on allume une mèche de coton pour éclairer la divinité que l'on prie. Celui-ci est ponctué sur son tour de svastikas, originaires du pays, et qui permettent que le bonheur illumine la pièce des 4 points cardinaux.

Ganesh, quant à lui, tient sa tête à Shiva, son père qui, longtemps parti hors de son foyer, trouva, au retour, sa femme Parvati dans les bras d'un superbe jeune homme, auquel il trancha alors tout net la tête...avant de s'apercevoir qu'il s'agissait de son propre fils. Pour réparer la petite erreur, il décida d'ôter le chef de sa prochaine rencontre...qui se trouva être un pachyderme.

La douche de l'hôtel se trouve dotée d'un pommeau. Ainsi aujourd'hui pas de broc pour se rincer mais un lavage comme à la maison. La température est simplement celle qui sort du robinet mais pour l'instant, à quelque 30° bien tassés, nous ne craignons pas le froid !

 

30.10.2012

Aujourd'hui, nous réussissons à prendre un train, généralement plus confortable et encore meilleur marché.

Ecureuil

Le quai est déjà coloré, les écureuils courent le long des voies -ils ne sont vraiment pas farouches, nous en voyons régulièrement depuis Ahmedabad-, et le train a juste un quart d'heure de retard.

Il nous faut descendre tout d'abord à Bhavnagar, d'où nous repartons, après un tahli (plateau compartimenté rempli de riz, lentilles et légumes, accompagnés de pain indien) servi par un jeune homme avenant dans un bouiboui proche de la gare.

Nous mettons le cap vers le sud et les champs proprement travaillés, aux lignes bien dessinées, contrastent avec la saleté des artères citadines jusqu'à maintenant.

Pommes de terre, maïs (…) et beaucoup de coton.

Nous enchaînons pour Palitana. Après un rapide coup d'oeil à gauche et à droite, je constate que notre compartiment est très sollicité. Les Indiens sont de grands curieux, jeunes et moins jeunes ; à cela s'ajoutent les enfants avec lesquels nous ne manquons pas de rentrer en contact, et le trajet est ainsi « torché » !

Nous atteignons l'endroit en milieu d'après-midi, où attendent bien sûr les rickshaws, mais nous optons cette fois pour la carriole d'un petit père tirée par un cheval. Il faut faire travailler tout le monde et par là même varier les plaisirs.

Notre bagage déposé à l'hôtel, nous partons explorer le marché de la ville, ainsi que « l'arrière-boutique », en l'occurrence nous repérons, tout au moins nous essayons, le départ de notre marche prévue demain.

 

31.10.2012

Palitana, colline de Shatrunjaya

Palitana, colline de Shatrunjaya

Palitana en soi n'a rien d'extraordinaire, son attrait vient plutôt de la colline de Shatrunjaya (littéralement place de la Victoire), qui la surplombe à 600 m (23).

C'est l'un des cinq monts sacrés des jaïns, ces végétariens (voire végétaliens) extrémistes qui portent souvent un masque devant la bouche afin de n'ingurgiter aucun être vivant, même par inadvertance.

Palitana, colline de Shatrunjaya

Palitana, colline de Shatrunjaya

En période de mousson, ils ne sont pas même censés effectuer le pélerinage, pour ne pas écraser quelque herbe en train de pousser. Ces règles strictes sont dictées par la religion, certains ne mangent pas non plus de tubercules, considérées comme impures, et en partie l'économie, la viande et le poisson étant des ingrédients pesants pour la bourse.

Des jaïns, mais également des touristes indiens et, pour le coup, deux exemplaires français laissent quelques bols de sueur dans l'ascension, au petit matin. Pour qui ne se sent pas d'attaque, des dholi (chaises à porteurs) sont disponibles dès le début de l'ascension. Selon le modèle choisi, ce sont 2 ou 4 porteurs qui se mettent à la tâche. Quelque relent de colonialisme à mon avis, mais les garçons (ou pas...certains ont déjà de la bouteille) sont cependant ravis d'avoir une clientèle, je pense.

Palitana, colline de Shatrunjaya

Palitana, colline de Shatrunjaya

Il faut prévoir 1 h 30 à 2 h pour l'ascension...en 1 heure nous y sommes (29).

Leurs édifices religieux de marbre blanc sont splendides, et ici, c'est le summum. 3950 marches à gravir pour s'émerveiller devant 863 temples. Dans l'un d'eux, une fente que l'on traverse en s'y glissant, permet de se laver de tous ces péchés. Il est fascinant de constater ce que l'être humain peut parfois s'infliger sous prétexte religieux. Tous ces blocs de pierre hissés si haut pour honorer une force dont on ignore tout en fait (27).

Palitana, marché

Pour éviter de redescendre par le même chemin, nous décidons d'emprunter un sentier qui contourne l'ensemble et doit nous permettre d'être de retour encore (!) plus rapidement. La vue est imprenable, nous croisons un berger et son troupeau de chèvres, apercevons d'autres sommets ponctués de temples, nous régalons de faire une belle boucle.
Oui...mais ce trajet n'est pas classique et donc pas vraiment fléché. Donc...nous nous fourvoyons en beauté et, après avoir partagé quelques pâtisseries avec deux petits paysans qui nous accompagnent un bout de chemin, nous retrouvons enfin la direction de Palitana que nous atteignons...3 h plus tard (30).

Un départ de bus pour Talaja est justement prévu dans quelques minutes (il partira d'ailleurs en avance!), qui nous permet 2 heures plus tard d'enchaîner pour Diu, où nous espérons dormir ce soir.

Jusqu'à Talaja, nous sommes assis dans la « cabine » du conducteur, sur sa demande. Olivier est de la partie, il s'amuse donc à observer et échanger des impressions sur l'état du véhicule, le salaire, les routes...

La seconde partie du trajet, sur des routes défoncées, se révèle interminable et rendue certainement plus pénible encore par le code de conduite indienne qui veut que le plus gros ait raison, ce qui sous-entend quelques écarts pour l'un ou pour l'autre, des coups de klaxon intempestifs, et, ici, de la poussière à revendre !

En d'autres termes, en ce jour nous sommes bien lessivés en arrivant à destination.

 

01.11.2012

Nous nous trouvons à la pointe Sud du Gujarat, au bord de la mer d'Arabie. Ancienne colonie portugaise, de 1535 à 1961, Diu est le pendant tranquille de Goa, plus au Sud de l'Union indienne. 

Diu, plage

Diu, plage

Nous entamons cette journée par un petit-déjeuner sans thé. C'est notre boisson quotidienne (aux épices et avec du lait -ici, il faut préciser lorsque l'on ne souhaite que du thé noir) puisqu'elle est beaucoup plus disponible que le café, mais ce matin, nous avons élu un endroit assez révélateur de ce qu'est, en partie, l'Inde. Quelque 8 à 10 employés, affairés à verser de l'eau sur la vaisselle, essuyer cette même argenterie, prier devant l'autel disposé à l'entrée du local, cracher, et prendre notre commande...à deux, par trois fois. 20 minutes pour qu'arrivent les sandwiches végétariens/fromage. Puis, à notre question quelques instants plus tard, sur ce qu'il advient du thé, le responsable en chef est appelé, qui se renseigne et nous annonce qu'une erreur est intervenue dans la commande.

Diu, Gujarat

1,2 milliard d'habitants, c'est une sinécure à gérer.

Après une recherche peu aisée, nous trouvons deux bicyclettes à louer pour un tour sur l'île. L'idée est de visiter en se rendant à l'autre extrémité, 8,5 km de là, afin de repérer une chambre pour vendredi. Nous voudrions coincer la bulle pendant 2 ou 3 jours.

Nous passons donc le fort, l'église, l'hôpital central, quelques plages et temples, en fait la partie Est, traversons un village...pour nous retrouver finalement à l'entrée de Diu, après avoir bifurqué du mauvais côté en retournant sur la grand-route. La virée a valu le coup et ce sera suffisant, les selles ne sont pas des plus moelleusse et nos arrière-trains ont assez pris pour aujourd'hui.

 

02.11.2012

Aujourd'hui, c'est un réveil tardif, 11 h 30, rien de bien étonnant pour mon co-voyageur, s'il n'y a pas urgence dans le programme, mais pour Bibi davantage, et pour cause, je me démène avec l'un des tracas ponctuels de la route, celui qui vous réveille plusieurs fois dans la nuit et vous dit : "Encore, encore, on y retourne!". Féminin certes, mais ce n'est que le genre, et oui la turista qui me laisse les forces suffisantes pour aller récupérer notre linge chez la lavandière et changer d'hôtel.

Ensuite, journée plumard, auquel on ajoute 5 mn de balcon et 10 mn de restaurant, le temps d'ingurgiter un citron pressé pour me nettoyer l'intérieur. On ajoute 3 cuillerées de riz que m'apporte Olivier un peu plus tard et ça fait la rue Michel pour aujourd'hui (31).

 

03.11.2012

Les siestes répétées de la veille ont été profitables, les gargouillements et autres nœuds ventraux lâchent du lest, et j'entends les premières sonneries de portable à l'extérieur, entre 5 et 6 heures. Par contre, à 7 h 30, impossible de prendre un petit-déjeuner.

Je marche donc vers l'hôtel précédent, là où mon acolyte a traîné ses guêtres hier, alors que je me "prélassais" dans la chambre d'hôtel. Je dois être le premier client, et ça l'air de les rendre hilares.

Il leur faut tout d'abord vérifier s'ils peuvent acquérir du lait dans la boutique voisine avant de prendre ma commande. C'est un des paradoxes du pays : d'un côté, l'on rencontre des jeunes femmes (voire jeunes filles) travaillant dur, en sarong, à construire les routes; de l'autre un personnel, nombreux, dans les hôtels et restaurants, très occupé... à ne rien faire (32).

 

04.11.2012

Le matin, les pêcheurs posent leurs filets, qu'ils laissent travailler tout au long de la journée, et viennent retirer le fruit de ce labeur en fin d'après-midi lorsque la mer se retire, une pêche protegée par quelques autels posés sur la roche en contrehaut (34).

C'est le week-end et quelques familles indiennes sont en villégiature ici, en famille ou entre amis, voire un mélange des deux, en tout avec la smala comme à leur habitude. Le concept d'individualité leur est, comme en Chine également, relativement incompréhensible.

Nous quittons les lieux pour la gare routière en milieu de journée. De là, nous voulons gagner la gare ferroviaire de Veraval, ou nous espérons avoir une place reservée en couchette pour Ahmedabad. Nous sommes passés par une agence pour éviter des déplacements inutiles qui s'est chargée de trouver un train de nuit, plus agréable que le bus, et bizarrement meilleur marché.

Le trajet jusqu'à Veraval est agréable, je suis bien entouré, après avoir bataillé à l'entrée pour être vers l'avant du véhicule...à l'indienne, sinon il ne reste que les miettes. C'est ce que me confirme ma voisine, une charmante jeune femme de 22 ans, au caractère, semble-t-il, bien trempé. Elle s'est mariée tout récemment, mais a choisi son mari. En l'occurrence, elle est tout d'abord partie de chez ses parents, qui ont compris cependant, et accepté, ensuite son choix. Il faut dire qu'elle a tapé dans la caste supérieure, cela ne nuit peut-être pas. Elle rend visite à sa belle-sœur à Porbandar, patrie de Gandhi, en compagnie de son autre belle-sœur.

Derrière elles, un père attentionné emmène sa fille à Veraval passer des examens scolaires. Elle est en 11e année, la dernière, qui dure cependant 4 semestres, et tous les 6 mois, une série d'épreuves attend les écoliers. Le bus en abrite apparemment quelques autres.

Quelques types éméchés, ils ont du faire le plein avant de partir car nous avons été contrôlés par un policier, l'alcool étant banni du Gujarat, hormis à Diu. J'en connais l'un d'eux, il m'a dejà abreuvé de sa parole romano-catholique avant le départ, un autre est assis à ma droite, et un troisième se fait virer, à force quelques baffes par le conducteur qu'il a apparemment quelque peu énervé.

Au bord de la route, les arbres sont régulièrement peints à leur base aux couleurs de l'Inde, révélant qu'ils sont propriétés de l'état et ne peuvent donc être abattus impunément.

Veraval est une ville de gare ferroviaire, en d'autres termes de peu d'intérêt, elle nous permet de gagner Ahmedabad dans la nuit, un peu bruyante comme à l'accoutumée. En salle d'attente, un jeune homme est occupé à intervenir sur les téléphones portables de ses oncles et père. L'Inde ne fait pas excepton au progrès technique. Ceci dit, concernant la carte SIM, l'on se heurte à la lourdeur de la bureaucratie indienne, qui exige une adresse fixe en Inde (?), donc difficile d'obtenir ladite carte. De plus, il s'agit de l'Union Indienne, donc un changement de tarif dès que l'on passe dans l'état voisin!

Pour ce qui d'Internet, je suis surpris qu'il n'y ait davantage de cybercafés.

Il faut maintenant parvenir à cogner des pieux. Un jeune homme de Calcutta, en face de nous, après s'être mis en position, est soudain sorti de sa couche par ses voisins qui ont invité des amis à une partie de carte. Ceux-ci s'assoient tout simplement sur sa banquette ! 

 

 05.11.2012

Bhuj, scène de rue

Bhuj,écureuilPar chance, je parviens à notre arrivée au très petit matin à obtenir des billets pour poursuivre jusqu'à Bhuj, où nous arrivons en milieu d'après-midi.

Bhuj, scène de rue

Bhuj, scène de rue

Pour prendre le pouls de la région, nous louons d'emblée les services d'un rickshaw qui nous promène aux alentours de la ville...pour l'instant il s'agit davantage d'un écumage de boutiques artisanales que de la rencontre de la population. Nous verrons demain en nous rendant en bus local un peu plus au nord, l'entrée du désert blanc, ainsi nommé pour la présence de sel.

Bhuj, scène de rue

BhujLa mauvaise nouvelle de la journée est amenée par ma caméra qui m'affiche quelques lignes horizontales, puis tourne au vert et au gris pour ne plus rien afficher. Je vais voir ce que je peux faire mais je crains de pouvoir peu faire. J'ai les abeilles !!!

Bhuj, scène de rue

Bhuj, pique-boeuf


 

06.11.2012

La journée est consacrée aux formalités. A savoir, ma caméra est vue par un médecin...elle nécessite une pièce difficile à obtenir. Il m'en donne les références. La bonne nouvelle est qu'il s'agit d'un cable lié à l'ouverture de l'écran et qu'en ne l'ouvrant pas complètement je dois pouvoir effectuer des prises de vue malgré tout. Ouf ! En espérant qu'elle tienne.

Bhujodi

BhujLa banque, pour le change, et là je n'ai certainement pas pris la bonne décision en choisissant la State Bank of India. Aucune file d'attente mais une bonne heure de paperasses, de vérifications internet etc. Le jeune employé par contre, ne perd pas son temps, entre deux attentes de réponse de la maison-mère, il tchatte sur msn !

Comme il est de coutume en matière d'argent, il est écrit derrière la somme only, soit seulement, ce qui ne manque pas de nous interloquer régulièrement !

BhujodiEu égard à la chaleur extérieure, le vigile armé qui monte la garde de l'établissement dépose une petite bouteille d'eau devant les clients. Délicate attention...probablement le sens de l'hospitalité indien. Il n'est pas rare chez un commerçant, comme de la part de mon vendeur de chaussettes devant l'hôtel, de se voir offrir une tasse de thé après un achat (38).

Nous nous mettons à la recherche d'une motocyclette, pour demain, l'idée étant de visiter le Nord du Kutch, la région dont Bhuj est la capitale, en étant plus libres, les transports pour cette partie-ci étant plutot aléatoires...même si notre quête s'étale dans le temps, elle reste vaine. Deux loueurs hantent la ville dont l'un n'a rien de disponible, et l'autre ne semble pas désireux de faire affaire avec nous ! Nous prendrons donc l'un des deux bus gouvernementaux au départ, celui du matin, 7 heures, et aviserons par la suite. Nous pensons dormir à Dhordo.

Un bon repas pris dans le restaurant à nourriture penjabi (Nord du pays) de notre hôtel, avec un riz plus raffiné qu'à l'accoutumée, une naan au fromage (espèce de crêpe locale délicieuse), et un lassi, mon premier cette année, ce yaourt indien...fait ici avec de l'eau filtrée. Le patron me l'assure et je le crois, père et fils sont vraiment très serviables, aimables et ne poussent pas à la consommation. Ils existent depuis 50 ans et emploient un personnel entièrement nepali.

En fin de repas, habitude du pays, nous est servi un bol d'eau avec un demi-citron pour se laver les mains.

 

07.11.2012

Kalo Dunder

Kalo Dunder

Pour commencer la journée, nous sommes conviés à prendre le thé avant le départ par le chauffeur du bus pour Khavda. Arrivés là, coup de chance, trois bus scolaires en voyage en provenance de la capitale nous embarquent pour Kalo Dunder, qui abrite un temple dedié à Datt, l'une des 33 millions de divinités du petit panthéon indien. Plutôt inconnue au bataillon mais la vue sur les environs et la mer de sel au loin est imprenable (43) (44).

Kalo Dunder

Kalo Dunder

Les enfants sont bien sûr en effervescence, et les photos fusent également en compagnie de leurs professeurs. C'est avec l'un deux, prénommé Jignesh que nous avons sympathisé, et il nous explique qu'ils n'ont pas énormément de moyens financiers et que le coût du voyage est maintenu relativement bas. Ceci dit, il me semble en exister de plus pauvres dans le pays.

Les parents se renseignent sur le bien-être de leur chérubin par portables interposés qui sonnent dans la cabine à intervalles réguliers !

Khavda

Khavda

De retour à Khavda, nous partageons un snack avec la bande de chauffeurs puis, après avoir pris congé, empruntons un bus pour Bhirendiara, où nous devons passer par le poste de contrôle pour l'obtention d'un permis. Là, petit coup de chaleur, l'officier souhaite voir notre véhicule pour Khavdanous en délivrer un. Palabres...nous sortons finalement la photocopie du passeport et les 100 roupies préconisées, et le tour est joué avec, en prime, l'arrêt d'un camion-citerne (de l'eau) pour poursuivre le périple. Celui-ci nous dépose peu après Dhordo, où nous pensons dormir (l'idée commence à se faire la belle), et de là, après 30 minutes de marche et une voiture avec chauffeur empruntée pour les derniers 3 kilomètres à un couple de Japonais, nous voilà aux portes du désert blanc, cette immensité de sel vue d'en haut ce matin (48).

Dhordo

Dhordo

Et, cerise sur le cadeau, mais nous les avons apercu de loin, les trois cars scolaires du matin.

Ce qui nous confirme dans la décision de quitter les lieux, le village présentant pour dormir apparemment surtout un, voire deux, complexes hôteliers, ce qui n'est pas ce que nous recherchions en venant ici.

Retour donc à Bhuj où nous prenons définitivement congé de l'équipe scolaire.

 

08.11.2012

A propos du Kutch, le nom tient à la forme de la région en langue kutchi, celle d'une tortue renversée, dont l'histoire remonte à très loin, puisque l'on y a trouvé des restes de la civilisation de la vallée de l'Indus, datant de 3 000 à 1500 av. J-C. 

Prendre le train, entre autres, en Inde n'est pas chose facile. Entre les places sur liste d'attente, les quotas pour étrangers qui soi-disant existent mais ne sont pas disponibles, et le délai de 24 heures avant le départ qui permet, peut-être, d'obtenir les special ones (!), rien n'est joué. Je ne voudrais cependant pas rester bloqué ici et gagner Mandvi au bord du golfe de Kutch. Aussi embarquai-je les coordonnées d'un agent de voyage qui procédera à la tentative et m'informera téléphoniquement demain. Mon compagnon de chambree, qui s'inquiétait, est ainsi rassuré (!) et se prépare pour m'accompagner finalement au dernier moment. Je voudrais encore pouvoir profiter de la journée la-bas. Nous convenons de déjeuner en arrivant en début d'après-midi.

La liaison est rapide, la route moins défoncée et la végétation déjà plus luxuriante.

Une chambre trouvée, nous gagnons le centre-ville et là, je file, seul finalement, manger un morceau.

Je flâne alors dans le bazar, très étendu, et très fréquenté en cette période de fête, celle de Diwali, sorte de Noël local, qui va avoir lieu le 13. Les différentes ethnies de la région, à l'instar de Bhuj, s'y croisent (51) (54).

Puis je visite les bords d'eau où se trouvent les chantiers navals de cette ville fondée en 1585, qui fut un port célèbre entretenant des liens avec le Sud de l'Afrique, l'Arabie, la Malaisie, la Chine et le Japon. Non seulement les marins étaient réputés mais également les marchands, établis en Inde, en mer Rouge, dans le golfe Persique, au Moyen Orient, sur les côtes africaines et à Zanzibar. 

Grâce à l'union douanière avec l'Inde, depuis l'Indépendance, les chantiers ont reçu des contrats du gouvernement mais aussi des particuliers, notamment Dubaï, une manne pour l'emploi des marins (56).

 

09.11.2012

Modhva

Modhva

Reveillé bien avant l'aube, je me laisse bercer de la terrasse par les incantations des différentes communautés religieuses : hindoue, bouddhiste et musulmane, puis j'embarque dans un rickshaw brossé à neuf pour la matinée. Le soleil se lève doucement et la brume se dissipe sur la végétation deja plus luxuriante.

Modhva

Modhva

Modhva, petit village de pêcheurs au centre restreint, s'étale sur une vaste plage où essaiment quelques baraques. Femmes et fillettes sont occupées à extirper les crevettes de la pêche de la nuit, ignorant les minuscules crabes et petits poissons impossibles à utiliser en friture. Les chats, les mouettes, les grues les épient, en quête d'un morceau à grapiller.

Gundialy

Gundialy

Les pêcheurs se reposent pour beaucoup de leur nuit de labeur. Leurs portables résonnent de chants indiens, l'un d'eux s'est abrité sous sa cahute, qui le protège du soleil.

Gundialy est frappant pour la variété de ses portes, que ce soient les formes ou les couleurs. Une gamine m'embarque en pleine rue pour son école, où la limite géographique entre grands et petits est bien nette. Ma présence les rend bien sûr euphorique, j'y retrouve d'ailleurs deux gamines aperçues près d'un temple, mignonnement nigaudes en me voyant. J'en dirais moins du principal, qui me calcule à peine en pénétrant dans la pièce, probablement débordé, le pauvre homme, quand on connaît le nombre de la population de son pays. Ma petite guide me promène ensuite de temple en temple, il me faut mettre un frein pour éviter l'indigestion, en tant que bon païen ! 

Porte

Ravalpir, temple

Gundialy

De retour au centre du village, je déboule sur une place sur laquelle paît un troupeau entier de vaches, que je croise normalement individuellement ou par groupes de 2 ou 3. Stoïques, elles attendent qu'on les évite, que l'on soit à pied ou en transport. Elles ont d'ailleurs tendance à me fixer du regard, et je ne manque pas de leur rendre la pareille, ce qui peut s'éterniser parfois.

Pour terminer un dromadaire tirant sa charrette, fait également courant par ici, flirte avec les rickshaws.

Porte

Porte

Sur le retour, je marque un arrêt au temple de Dhrabudi, site hindou très ancien, puis à la plage de Ravalpir, à quelques mètres d'un temple et pas vraiment bondé puisque je m'y baigne complètement seul.

Temple de Dhrabudi

Temple de Dhrabudi

A Mandvi, j'apprends que j'ai la chambre pour moi tout seul. Mon covoyageur est reparti sur Bhuj pour éclaircir le trajet à venir. Je m'en suis déjà occupé entretemps - aucune reservation possible (!)- mais je n'allais pas ce matin attendre une fois de plus qu'il se réveille. Le torchon brûle.

Temple de DhrabudiJ'écume à nouveau le bazar, après un repos bien merité.

10.11.2012

Après un trajet sans encombres, j'effectue quelques achats à Bhuj, où j'apprends que je voyage désormais à nouveau en solitairel. Disons que je ne cours pas à la gare pour rattrapper mon ex-covoyageur. Pas de clash, c'est bien, mais je ne suis pas ici pour écouter des jérémiades lorsque le muezzin appelle à la prière, me faire pourrir la journée pour un thé qui a coûté 2 roupies de plus (sinon, il faut demander le prix avant) où me rendre dans un cybercafé pour jouer à un jeu video. Chapitre clos.

Cela va peut-être me permettre de revenir au voyage, comme c'etait d'ailleurs plus le cas hier aupres des pêcheurs.

Pour commencer, je gagne Gandhidam. La queue commence à la gare, mais un militaire a un billet en rab, je le lui rachète donc. C'est une place en classe ordinaire mais je me fais embarquer par une dame et son fils qui rentrent sur Bombay, elle estime que ce n'est pas une place pour moi. Eux sont en couchette, nous sommes en milieu d'après-midi, et de toute facon aucun contrôle.

La question reste : et ce soir. Notre voisin appelle son cousin qui travaille en gare de Gandhidam, et il paraît que je n'aurai aucun souci à me rendre à Jodhpur, au Rajasthan...

Tu parles, Charles ! C'est l'apocalypse. Un chaos monstre, j'essaye de rencontrer un responsable, puis un autre, on me renvoie toujours au même, qui m'expédie au guichet prendre un billet en direction d'Ahmedabad, Jodhpur étant complet -mes efforts côté bus n'ont pas été fructueux non plus, et la ville devrait vite changer de nom si elle est censé faire honneur au mahatma !

La queue est débordante, les resquilleurs aussi, il faut jouer des coudes, et, après information auprès de mes "colistiers', qui pensent se retrouver debouts, je prends un ticket pour Jodhpur.

J'espérais pouvoir convertir mon ticket en couchette, mais là rien. C'est le fourgon à bestiaux, et les places sont déjà occupées. Certains sont assis, entassés sur les sièges, d'autres allongés, va trouver la règle (!), d'autres encore ont trouvé refuge sur les plages destinées aux bagages, des disputes éclatent.

Au bout de quelques kilomètres et pour la 2e fois depuis mon arrivée, un arrêt brutal, en raison, apparemment, d'une personne qui aurait glissé. Et à chaque fois, le même empressement des assoiffés de sang congénitaux, curieux comme des vieilles chattes. Et il y en a des matous !!!

La nuit va être longue. Le ventre plein et la vessie vide, je la débute debout et affronte ce moment où l'on se dit : "l'Inde, c'est la dernière fois !". J'étale ensuite mon sac de couchage en soie à terre dans le couloir pour pouvoir m'allonger. C'est finalement peut-être la meilleure des solutions...si n'était la promiscuité. Je trouve un peu de sommeil entre deux coups de coude distribués ici et là à des pieds en provenance du compartiment voisin, des pieds à l'indienne, noirs comme la dentition, à une bouteille d'eau lâchée après utilisation, ou à un foulard venant me chatouiller les narines, ou encore aux pas incessants des urineurs marchant à l'aveugle malgré la lumière...

Vue ville bleue

Au petit matin, oui, Jodhpur, la ville bleue !!! C'est gagné, je suis sorti de Gandhidam qui virait au cauchemar. Repos.

Maintenant en équipe de 1, je reconsidère l'idée du Rajasthan, belle région certes, mais que je connais déjà. Peut-être pourrais-je tracer, mais il me faut un peu de calme, et le problème video refait des siennes, je suis maintenant au vert, en d'autres termes l'image n'est plus vraiment colorée, quand toutefois je l'obtiens.

L'urgence est donc le réparateur, il semble y en avoir un, mais le frangin de celui-ci est commerçant et je me demande s'il ne me mène pas en bateau. Reste à savoir si c'est pour faire monter les enchères ou parce qu'ils sont incapables d'effectuer la réparation.

 

12.11.2012

La ville bleue, dominée par sa forteresse, a une histoire mouvementée, animée par attaques et défenses entre guerriers rajputes, et avec l'extérieur. Je visite le monument avec Nicole, institutrice tôt en retraite, rencontrée hier au petit-déjeuner. Nous sommes voisins d'hôtel.

Forteresse de Mehrangarh

Forteresse de Mehrangarh

L'on peut y voir le raffinement de l'époque, avec les pointes sur la grande porte pour que les éléphants soient rapidement dissuadés d'y pénétrer, les empreintes de veuves de maharadjahs, le mémorial dedié à un volontaire qui s'est fait emmuré vivant dans la muraille, sacrifié pour sauver sa ville; puis différentes pièces exposent armes, palanquins et autres chaises à porteurs, parfois voilées lorsque ces dames de la haute y prenaient place.

Place de l'horloge

Haveli

Un faste qui s'est depuis atténué, même si le maharadjah dispose encore de son palais à l'opposé de la forteresse.

Fabrique de bidis

Famille pour diwaliAu pied de l'ensemble, où affluent chaque jour bus, jeeps et touristes à pied, vivent quelques familles beaucoup plus modestes. Les préparatifs de la grande fête de Diwali, fête des lumières qui annonce également l'hiver. Outre les belles tenues, on va préparer gâteaux et sucreries, et les maisons sont decorées, les façades lustrées, briquées, retrouvant une fraîcheur qu'elles avaient peut-être perdu dans l'année.

Famille pour diwali

 

Nous mangeons dans une famille, contre une petite rétribution, dans laquelle Nicole a dejà passé la soirée la veille. Famille plutôt pauvre, où l'on ne ressent cependant pas de tristesse mais de l'amour entre ses différents membres. La mère, Siria, et ses deux filles, son fils -qui parle le mieux anglais, et le petit garçon de la fille aînée, venu passer les fêtes ici. Le père est en déplacement.

Pour subvenir, une de leur activité principale consiste à rouler des bidis, ces cigarettes typiques de l'Inde, qu'un patron viendra réceptionner plus tard. Elles se verront rétribuer de 100 roupies (1,50 euros) pour 1000 pièces ! Même si elles ont le coup de main, c'est bien peu !!!

 

13.11.2012

Il est maintenant temps de jeter un coup d'œil à l'arrière-boutique, j'entends les rues de la ville bleue opposées à la zone des repaires des voyageurs.

Tri des poubelles

Ruelles

On sent d'ailleurs parfois que les Jodhpuriens sont surpris... quand ils pensent devoir nous remettre sur le bon chemin. D'autres, au contraire, nous invitent à entrer. Ainsi, nous faisons la connaissance d'une famille "well educated", où le garçon nous fait visiter chaque pièce, avec ses propriétés, ses jeux de lumière, fier qu'il est, mais pas arrogant, de sa demeure, où l'on trouve au moins une toilette à chaque étage, et le tout proprement tenu de surcroît. La famille est dans l'électricité, l'électronique ou les études, les nombreux livres, en sanscrit, et surtout en anglais en témoignent.

Après un thé, ce sont des gâteaux sucrés qui nous sont offerts quelques rues plus tard lorsque nous sommes conviés à pénétrer dans un  haveli, demeure bâtie autour d'un patio, que nous admirons de l'extérieur.

Un peu plus tard enForteresse de Mehrangarhcore, alors que, sur sa demande, ce n'est pas rare, j'ai photographié un grand-père et lui ramène la photographie imprimée (dans une échoppe proche), sa famille nous propose de passer ce soir pour le dîner. Je n'en ferai rien, ce soir je pars pour Delhi. Mais ils sont au taquet, à l'instar de notre petite famille dont nous allons prendre congé, avant le puja, la prière à laquelle Nicole veut à tout prix échapper.

La cuisine est en pleine effervescence, l'on cuisine, roulé, frit, goûte...et nous ne faisons pas exception.

La forteresse s'habille pour mon départ; de la terrasse de l'hôtel, nous voyons les lanternes qui parent peu à peu la muraille.

Alors que le train entre en gare,  j'observe un rat, à la face gauche bouffée, qui va et vient sur le quai, imperturbable, tout comme les voyageurs qui le remarquent à peine.

Il regagne alors son foyer, dans un trou, au pied d'une colonne, où je peux distinguer un, deux, puis trois ou quatre de ses congénères, dont le petit dernier qui tente de temps à autre une sortie derrière Papa pour retourner bien vite au bercail.

 

14.11.2012

Delhi est aussi bruyante et animée que je l'ai quittée voici 16 ans. Mais le métro a été construit entretemps, avec contrôle systématique des sacs sur tapis roulant. Ceci dit, j'observe un des préposés qui pique du nez devant son écran !!!

Le métro me permet d'effectuer quelques allers-retours ce matin pour ma caméra, que je laisse en dépôt, dernier essai, pendant 2 ou 3 jours. Ensuite, le devis décidera de la suite, et je pourrais la récupérer 1 jour plus tard.

En attendant, demain je monte vers les sources du Gange, à Rishikesh en bus pour quelques jours. Ensuite, je pense me diriger vers l'est jusqu'au Nagaland. Pour savoir s‘il faut un permis, c'est une sinécure !!! Ils ne savent pas, ou n'en ont jamais entendu parler, ou demande ce que je veux faire là-bas !!! Enfin, un agent de voyages un peu plus compétent appelle les bureaux concernés, et m'apprend que je dois juste me manifester à la police en arrivant. La question des étapes reste car ce sont 36 à 50 heures de train, et la couchette n'est pas assurée.

 

15.11.2012

Rickshaw

Journée sans grand mouvement. Ce matin, préparation d'aquarelles à venir. Cet après-midi, un tour de métro avec Manu, un Français qui se promène en Asie en jouant de la musique avec un copain, pour aller visiter le marché central où afflue davantage la population indienne.

Sur le retour, je passe prendre chemises et gilets chez "my taylor is rich" de Delhi.

Un petit encas du soir et au lit (!) dans le bus qui me mène à Rishikesh, là où commence le Gange...que je crois.

En fait, c'est sans compter sans les sens de la surprise des Indiens. Je suis censé attendre le bus devant l'agence, mais rien n'arrive. Un rickshaw s'en mêle, il cherche à gagner sa pièce. Après un coup de bigot (heureusement que j'ai deux numéros de téléphone à l'arrière du ticket), j'apprends qu'il me faut attendre ailleurs, en l'occurrence devant la station de métro la plus proche. Ça commence bien. Après quelques tours de pédale avec mon rickshaw (pour la rue du main bazar, les vélos rickshaws sont bien en vogue, en raison de l'affluence), j'y suis enfin. Mais toujours pas de bus. Cela commence à me plaire ! Enfin, vers 22 heures, (au lieu de 21 h, le plus enquiquinant n'ayant pas été le retard lui-même mais la question de savoir si je suis prévu tout simplement), me voici sur mon semblant de couchette...et à l'arrière du véhicule, contrairement à ce qui m'a été annoncé (81).

Je dors donc que très très peu, sentant chaque bosse, et assis à côte d'un petit père ronfleur à tendance gauche. En d'autres termes, sa jambe empiète quelque peu sur mon espace. Nous ne sommes que 3 étrangers et je sympathise avec Manicha, venue d'Ukraine faire un stage d'astrologie.

 

16.11.2012

Il est pourtant tôt lorsque nous touchons au but, 5 h, et nous trouvons un endroit pour un chai (thé épicé au lait), voire deux, en attendant le levée du jour.

Manicha élit domicile dans une guest house avant le pont qui sépare les deux rives du Gange, je poursuis jusqu'à Laxman Jula et prend une chambre avec une petite terrasse directement au-dessus du fleuve.

Une bande de singes, des langours se castagnent dejà de bon matin, jonglant et sautant entre pont, murs et fils électriques. Le boss est bien aise à distinguer, ses parties viriles sont bien visibles.

Au premier "rabord", avec une arrivée nocturne en station de bus, Rishikesh peut laisser quelques doutes quant au bien fondé de la visite. Mais passé le pont, après une bonne douche, prenant un petit-déjeuner avec musique d'ambiance devant le Gange qui sort de sa vallée, le sentiment béni de s'être échappé de Delhi et d'assister à un spectacle magnifique revient à la charge.

En après-midi, nous poussons jusqu'à la belle statue de Siva à Swargashram, où nous assistons au puja (prière) quotidien lors du coucher de soleil mais il semble qu'aujourd'hui nous tombions sur une cérémonie spéciale de mariage à l'indienne de deux Européens.

Manicha berce dans la spiritualité et elle connaît quelques chants, interprètes, formules, lieux (...) qui rendent le moment bien agréable.

 

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17.11.2012

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A Rishikesh, les Beatles avaient fait en leur temps une retraite méditative. C'était l'année 1968. En 2012, il reste de cet ashram quelques huttes de béton et de pierre sur lesquelles la nature regagne peu à peu ses droits.

 

Egalement quelques bâtiments plus importants en haut desquels les singes s'aventurent parfois. A proximité, ils sont d'ailleurs en groupe avec d'un côté, les langours, de

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DSC_7089 (1024x680)l'autre les macaques, plus agressifs. Un saddhu vient les nourrir avec chapatis ou des espèces de cacahuètes.

Nous réiterons notre visite pour le puja du soir auprès de Shiva, et constatons que la même cérémonie a lieu, la présence des Occidentaux la veille n'avait donc rien de plus rituel.

DSC_7170 (1024x680)Ma caméra a besoin d'une pièce neuve, rien de nouveau, ils font leur possible  pour lundi. Je prévois donc un départ d'ici lundi, et de Delhi mardi en direction de Varanasi (Benarès).

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18.11.2012

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Aujourd'hui, nous décidons d'aller nourrir nos amis les singes, toutes catégories confondues. Manicha dispose d'un bon appareil photo, ce qui permet de prendre de bons clichés. A grand renfort de cacahuètes, nous débarquons donc dans leur quartier pour un bon moment. Nous tentons de partager entre les différentes classes et tranches d'âge, ce qui n'est pas toujours aisé, et quasiment impossible lorsque débarque le chef d'une race.

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Il y a aussi les gestes à ne pas faire, un mouvement trop accéleré, ouvrir la bouche ou montrer ses dents...la réaction est subite et vive. Même le chef est aux aguets, pour ne pas perdre sa position !

19.11.2012

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Ma chambre se libérant du fait de mon départ, Manicha va donc en profiter pour y déménager.

Nous rendons tout d'abord visite à Vicky, qui nous a accueilli pour un thé lors de notre arrivée. Tellement pris que nous sommes, nous n'avons pas encore réussi à le voir!

Ensuite, nous récupérons les billets des divers transports pour pouvoir ensuite passer un peu de temps au yoga, l'endroit s'y prête bien sûr, ma collègue ukrainienne étant bien fait de l'activité et enseignant un peu elle-même.

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Après un appel à Canon, mes plans changent cependant, la camera n'étant pas prête avant 3 jours. J'écarte la première possibilité envisagée de la récupérer, encore plus tard, à Varanasi, et m'asseois tout simplement sur le billet Delhi-Varanasi (les tarifs indiens le permettent davantage, même à contre-cœur).

Ceci m'accorde 2 jours supplémentaires ici, pas désagréable de toute façon, ce qui permet au passage quelques commandes de travaux de couture et un peu de yoga. Manicha memménage dans la chambre voisine de la mienne.

 

20.11.2012

Nous optons en faisant 2 ou 3 courses pour un nouveau débarquement à nos amis langours et macaques et y laissons notre stock de cacahuètes.

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Les courses, comme tout en Inde, prennent du temps, entre tickets de transport, achats divers,  visite chez le tailleur et imprévus. Si bien que nous ne retrouvons nos quartiers qu’en milieu d’après-midi...et il est temps car je ne suis pas en grande forme, ce qui semblait s’annoncer se confirme, mon petit-déjeuner n’est pas bien passé.

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Nous apprécions, enfin, le coucher de soleil du balcon. A Laxmanjula, à l'instar de celui observé à Ramjula, a lieu un puja, à quelques dizaines de mètres, au bord du Gange, il va de soi. Une dévote tente ; non sans mal, de faire voguer une tasse remplie de fleurs ou trône une bougie. Les chants incantatoires, retentissant dans le crépuscule, lui apportent leur soutien et bientôt le récipient trace sa route, tandis que les apprentis gourous font tournoyer les torches, donnant à l'ensemble davantage une allure de spectacle que de prière.

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A Rishikesh, la ferveur domine, probablement mélangée à du bigotisme ou de l’errance religieuse. J’entends par là les pèlerins pour lesquels le déplacement répond à un besoin vital, ceux qui viennent en touristes (et peuvent s’offrir le luxe du taxi entre les différents quartiers, éloignés de 2 a 3 kilomètres), et les étrangers, pour certains en quête spirituelle, s’attardant alors puisque nombreux sont les cours de yoga proposés ici.

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Même si l’endroit est source de repos, il ne fait pourtant pas exception à la ronde des klaxons qui en Inde semblent être incorporés au code de la route. 

Je gagne ensuite ma couche pour une nuit qui s’annonce longue et mouvementée, et dont les détails peuvent être tus.

 

21.11.2012

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Même s’il y a un mieux, je ne suis pas au faîte de

ma forme, inconvénients du voyage qui se produisent parfois, et je passe la journée alité, j’ai gardé la chambre, c’est nécessaire, pour récupérer un tant soi peu avant le bus de ce soir qui me ramène à Delhi, tandis que Manicha prend la route pour un lieu au-delà de Varanasi, retrouver son gourou pour une semaine méditative.

Ce fut une compagne de voyage vraiment agréable. Sereine, après avoir quitté son activité dans la banque, elle a une situation plus aléatoire mais a une vue du monde positive qui la rend plus accomplie et, si elle n'acquiesce pas à tout ce qui l'environne, c'est alors en toute quiétude qu'elle désopine.

Le départ se fait sur les chapeaux de roue, en raison d'une commande chez le tailleur qui se fait attendre et attendre. Vivek (Vicky), venu au-devant de nous, emmène Manicha rapidement à moto à la gare des bus, et je prends un rickshaw pour rejoindre le mien qui démarre 1 heure plus tard.

Je parviens cette fois à être tout à l'avant, seul sur 2 sièges, même si au niveau du sommeil cela n'apporte pas grand-chose (il faut dire que j'ai peut-être dormi mon saoûl depuis 24 heures!), et me retrouve un peu plus tard coincé entre des ballots de je ne sais quoi, qui ont l'avantage de me permettre de maintenir ma position.

 

22.11.2012

A l'arrivée, je me dirige immédiatement vers la gare de New Delhi, au comptoir pour étrangers (cela permet parfois d'accéder aux billets impossibles à se procurer) au cas où je puisse déjà assurer les billets à venir, mais l'on m'annonce qu'il est fermé pour 3 jours en raison d'un festival. L'on m'envoie donc à un autre en taxi, à Connaught place...une belle arnaque (probablement destinée à faire fructifier le marché des taxis, mais j'ai bien limité les dégâts), je m'en aperçois plus tard lorsque j'y fais une seconde apparition en début de matinée "éclairée". Un panneau le signale d'ailleurs, mais à 5 heures le champ de vision est plus étroit probablement.

Certains ont bien compris qu'en Inde, où les choses prennent du temps et coûtent de la patience, l'on peut "désesperer" les étrangers en leur disant exactement ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre !

J'obtiens, après une queue d'une bonne heure et demie, deux billets, j'y croyais à peine, l'un pour Varanasi, enfin la banlieue, 20 km, et l'autre 2 jours plus tard pour Dimapur...au Nagaland. Ça y est, j'en prends enfin le chemin.

Ensuite, dans la même matinée, avec le métro (pour lequel, tres écologique, on utilise des jetons que l'on laisse dans la machine à la sortie, donc recyclés) j'accuse réception de ma caméra qui vient de sortir de son lifting. Je l'essaye de suite, elle fonctionne. Pourvu que ca dure !!!

Je reprends du poil de la bête et m'enfile une purée dans l'après-midi, avant de rendre visite à un imprimeur de cartes de visite, avec lequel j'avais pris un thé la semaine passée, mais il est absent pour quelques instants. Je m'installe dans la boutique mais rends les armes au bout d'un moment.

Je suis heureux d'avoir limité mon sejour à Delhi. Elle n'est pas que bruyante, mais également polluée, même si elle n'est pas la seule. On le constate bien le soir en se mouchant !

 

23.11.2012

Le train est parti, une fois de plus, à l'heure...mais il arrive avec 2 heures et demie de retard à Mughal Sarai.

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Je voyage en compagnie d'un Américain, natif du Viêt Nam, qui se rend une fois par an dans un ashram participer à l'élaboration de différents projet, de deux grosses dondons qui pouffent sans cesse, s'empiffrent, ronflent et crachent, et de deux jeunes qui, employés ailleurs, rendent visite à la famille, et qui se voient priés de changer de place pour que lesdites dondons puissent rester avec leur frère ou mari.
L'un d'eux, Pundit, s'occupe de mon arrivée, ce qui m'évite le harcèlement "rickshawien", et me mène au bus pour Varanasi où je compte rejoindre les ghats, ces marches qui descendent sur le Gange, fleuve sacré, où règne encore davantage de ferveur qu'à Rishikesh.

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C'est là que j'élis domicile pour 2 jours, là où, je pense, je me trouvais lors de mon précédent séjour voici 16 ans.

Je longe à nouveau les ghats au cours de l'après-midi, observant le bain des dévots, le rasage, le linge qui sèche au soleil, les jeunes qui jouent au base ball, lançant régulièrement la balle un peu trop loin (elle doit être hyperbénie avec tous ces bains !), les bateaux à touristes qui passent ou d'autres qui stoppent, effectuant quelque prière pour un défunt, et les singes, macaques, moins farouches ici, auprès desquels je m'attarde bien sur un long moment.

Je rencontre également Mohammed, musulman (à l'instar de 45 % des habitants de la ville, selon ses dires) comme son nom l'indique, qui ne manque pas de me vanter le bien-fondé de sa religion. Je perçois cependant qu'il ressent comme une certaine domination de l'hindouisme, ce qui en soit est logique ici.

BENARES-DIMAPUR

 

24.11.2012

A Varanasi, près des ghats, l'on croise la mort chaque jour...les corps transportés et accompagnés de lituanies jusqu'au lieu de crémation et le ghat de crémation lui-même. Pourtant pour moi qui ne suis pas fanatique des cimetières, aucun impact ici. Je présume une espèce de magie de l'endroit, la mort y est vraiment traitée comme une partie de la vie. De plus, juste derrière un hospice abrite les prétendants au funérarium, qui signifie pour eux la fin du cycle de leurs réincarnations et de par là le nirvana.

J'assiste en fin d'après-midi à une douzaine de crémations (et d'autres sont encore à venir puisque les arrivages défilent). Juste à côte, ou devrais-je dire entre les feux, un taureau essaye désespérement de monter une vache; après chaque essai, il revient aux préliminaires avec quelques lichettes, elle le regarde, attendant la fin de la panne; un autre, attaché à un plot, beugle à en réveiller les clients du funérarium; quelques chiens vont et viennent, espérant quelque reste (ce qui arrive parfois) lorsqu'un bûcher est éteint, et anticipent même en pissant sur le feu; et au-dessus volent les cerf-volants, dirigés par les enfants tout le long des ghats (116)

On pratique ici de 200 à 300 crémations par jour. Les corps sont tout d'abord trempés dans le Gange, fleuve sacré, puis déposés sur le bûcher, où va alors crépiter le bois, pendant trois heures, dont d'énormes tas sont empilés à proximité, toujours renouvelés.

Les linceuls rouges sont  ceux des femmes, les blancs ceux des hommes, et les jaunes ceux des vieillards, les deux sexes confondus.

En soirée se tient un festival de musique, avec quelques sommites qui interprètent quelques morceaux tandis que des femmes en costume dansent ou gesticulent dessus. Je nomme ce festival in.

En effet, juste à côte, je me passionne davantage pour les festivals off, celui d'un chant religieux dont la mélodie m'inspire davantage, d'autant plus qu'il est accompagné du spectacle de macaques qui escaladent les bâtiments et les panneaux, récupérant des brahmanes bananes et autres cacahuètes.

Au retour, il fait dejà bien nuit, un batelier écope encore son bateau, et les bougies défilent sur l'eau.

 

25-26.11.2012

Je pars aujourd'hui pour le Nagaland, un voyage qui devrait durer, au bas mot, 33 heures.

Mais avant, je me lève tôt pour un tour de bateau au lever du soleil. Ainsi je passe les différents ghats, du népal, de l'Inde du Sud, des musulmans (...), et assiste aux premières ablutions de la journée...en compagnie de quelques dizaines d'autres barques. Je suis seul sur la mienne, mais d'autres sont assis à 25, menés par seulement deux ou trois bateliers! Je n'avais pas cette affluence en mémoire, et je crois que la magie du lieu est en passe de se détériorer, à l'instar de certains rituels pratiques uniquement à l'endroit des touristes, alors que les dévots n'en font aucun usage.

Le train Brahmapoutra a 3 heures de retard lorsqu'il entre en gare de Mughal Sarai. Je patiente avec Mathias, compositeur de musique de films, dont certains que je connais, qui se rend à Darjeeling, et de deux Brésiliens, dont le train est annoncé pour 10 heures plus tard alors qu'ils ne vont qu'à 4 heures de là. Après avoir été trimbalés  de demi-heure en demi-heure, ils finissent par obtenir un ersatz de train.

Mon compartiment est occupé par quelques Indiens, dont un gros dégueulasse particulièrement casse-pieds et qui semble imbu de lui-même (je mets les points sur les i assez rapidement, sinon il va nous les briser menus pendant le reste du trajet) et un Loïs, un Breton courtier en art et particulièrement en bijoux qui passe une bonne partie de son temps à voyager lorsqu'il a fait un bon coup.

Nous supputons qu'on nous a ghettoisé dans ce compartiment, étant le peu d'étrangers qui se rendent au Nagaland.

Le trajet se déroule somme toute agréablement bien, occupé à manger, boire, effectuer quelques aquarelles et dormir, même si les couchettes indiennes reflètent la société, à savoir aucun respect pour le confort de l'autre. Ainsi, l'on braille dès que l'on est reveillé, y compris à 2 heures du matin, l'on téléphone, allume la lumière à n'importe quel moment etc etc etc.

L'arrivée à Dimapur est tardive, malgré que le train ait pris encore une heure de retard, en totalisant ainsi 4 en arrivant en Assam et qu'il en a rattrapé 2 en traversant cet état.

Sur des conseils avisés, nous optons pour un lit en dortoir à la gare, que nous obtenons vers 1 h 30, et terminons la nuit commencée en début de soirée dans la couchette.

 

27.11.2012

Nagaland, devenu état de l'Union Indienne en 1963 n'est ouvert que depuis peu de temps au tourisme. Et si sa population de 1,9 million a gagné les grandes villes que sont Dimapur et Kohima, sa capitale, les 16 tribus réparties sur l'ensemble du pays préservent soigneusement leur culture animiste héritée de traditions anciennes.

Dimapur ne présente apparemment que peu d'intérêt, aussi prenons-nous la route de la capitale du Nagaland, Kohima, dès le lever, en taxi collectif.

2 bonnes heures de trajet, avec un arrêt pour se déclarer au poste de police, les paysages, déjà annoncés en traversant l'Assam, se confirment et rappellent beaucoup l'Extrême-Orient. Ce n'est plus franchement l'Inde, tout au moins pas au sens...indien du terme. De par la population non plus d'ailleurs, mongoloïde, donc davantage apparenté au Myanmar voisin ou peut-être à la Chine. Ce sont des Nagamais, dont il existe plusieurs familles puisqu'on comptabilise 16 ethnies.

Vue ville

J'aborde la région de façon très positive.

A Kohima, trouver un hôtel ne s'avère pas chose facile. Ils annoncent complet en nous voyant, alors que des chambres sont visiblement vides. Loeiz va chercher un peu plus loin tandis que je prends un café en gardant les bagages. Par l'intermédiaire de la serveuse, avec laquelle j'engage la conversation, je trouve alors deux singles, après qu'elle ait passé un coup de téléphone...à l'un des premiers hôtels que nous avons visité !!!

Finalement nous optons pour une double, tout près de là, pour quasiment le prix d'une simple, et avec salle de bain, même si nous nous rendons compte ensuite que l'eau ne coule pas. Nous avons recours au seau, comme souvent dans le pays (121).

L'enregistrement officiel à la police ne s'avère pas plus aisé. Il faut tout d'abord trouver le poste, un premier agent nous mène au mauvais endroit, et sur place, personne ne semble connaître le processus à suivre. Et finalement, il nous faut revenir chercher le papier dans l'après-midi, la signature d'un officier absent étant requise.

Les tailleurs semblent tout aussi peu à l'aise en me voyant, et changer de l'argent s'avère tout aussi laborieux. La jeune femme revient du repas à 15 heures...qui s'est s'averé être l'heure de fin de service. En outre, le lendemain est jour ferié, tout au moins pour l'administration, elle dispose de la liste des jours vacants devant elle, ce qu'elle revendique hautement.

Sur les hauteurs de Kohima (dont l'altitude est de 1444 m), le cimetière anglais est un hommage aux soldats tombés lors de la terrible bataille de Kohima en 1944 contre les Japonais, lors de la seconde guerre mondiale (120).

Avilie, patron du restaurant du matin, m'a accompagné dans la démarche et m'explique qu'il travaille aussi pour l'état dans la prévention du sida. Il semble bien engagé dans sa tache, tentant d'informer au mieux ses congénères. 0,78 % de la population serait affecté. Samedi est le jour mondial de la lutte et il me convie à la fête, qui sera suivie du marché de nuit, évènement d'autant plus attractif qu'ici tout ferme vers 17 h 30.

Pour le dîner, il nous attend avec sa femme, après que Loeiz a souhaité goûter des araignées et des sauterelles. Très nutritif. Il fait bien attention à cela, tout comme à son corps, pratiquant beaucoup de sport et s'intéressant aux nouveautés dans le domaine de l'alimentation, avec tout ce qui est planté, graines...

J'y goûte, ce n'est pas ma tasse de thé.

 

28.11.2012

Après un tour au marché, où l'on trouve abeilles, grenouilles, chien (dejà vu dans le bus hier, je m'en suis aperçu à la vue des pattes), anguilles et autres insectes, nous gagnons Kisema, où va se tenir le festival de Nagaland, du 1er au 7 décembre (119).

Sur place, je perds bien vite Loeiz et un peu déçu de l'endroit qui n'a pas ce caractère de village escompté, je m'avance plus loin et apprends que c'est en fait juste un endroit prêté par Kigwema et Phesama, deux villages environnants, pour cette occasion.

Décidant de m'avancer sur Kigwema, je poursuis finalement jusqu'à Jakhama avec Kit, rencontré dans le sumo (taxi), qui travaille à l'informatisation de l'université, que d'ailleurs je n'attendais pas dans un village. Elle est cependant réputée et est frequentée par 2000 personnes, y compris des habitants de Kohima (123).

C'est ici que je consulte pour la première fois Internet au Nagaland, et il me réconcilie, sans que que je sois réellement fâché, avec la population locale, distante, probablement cependant par gêne par rapport à nous. Ils semblent heureux que la région commence à sortir de son marasme, du fait de l'ouverture grâce à l'arrivée au gouvernement indien du parti local, sont pourtant encore depassés par le retard, d'où certainement un certain embarras. Tout reste à faire (124) (125).

 

29.11.2012

L’Inde, et aujourd’hui le Nagaland en fait bien partie (!) est harassante. Changer de l’argent, pour penser à mon retour sur Delhi, exige l’attente de l’employée (même si elle est charmante et n’a au maximum que 15 jours fériés par an) puis celle de la banque centrale qui donne le cours du jour.

Ensuite, c’est “l’agence” de voyage, où le prix du billet d’avion au départ de Dimapur a doublé en deux jours, m’obligeant à partir de Guwahati dans l’Assam; puis moi qui, fatigué me trompe de date (le vol de Delhi étant très très tôt le 06); puis l’agent qui n’a plus assez d’argent sur le compte, doit attendre que son versement soit effectué, ce qui m’amène finalement à prendre tout chez un collègue a lui; entretemps le tarif a encore légèrement augmenté…au lieu de m’emmener directement chez son ami !!!

Les Indiens abusent parfois mais surtout ils usent le touriste !!!

Le musée local, sans être transcendant, présente de l’intérêt quant aux tenues et objets tribaux, et les têtes qui représentaient de réels trophées pour eux, soi-disant jusqu’en 1987, pour la dernière.

 

30.11.2012

 

Il me faut sortir prendre l’air des villages. Notre but, avec Loeiz, est Khonoma, où nous pouvons nous rendre, selon l’hôtel, à 7 heures. Ce n’est qu’à 20 km et je me suis decidé à rester dans la région et explorer quelques bleds, les autres districts étant trop laborieux à atteindre. Il faudrait davantage de temps.

Nous voilà donc à l’heure à la station et…pas de bus avant le début de l’après-midi. En fait , il part de Khonoma en début de matinée et y retourne quelques heures plus tard. Ils m’épuisent ces Indiens, pourtant ceux-là en sont éloignés ! En consultant une carte, il semble que l’on puisse au moins rejoindre Jotsoma, le village précédent.

Khonoma

Khonoma

De là, nous avançons de quelques pas puis, comme à l’habitude, nos chemins s’écartent à un moment donné. Me voici donc en contrebas, où une rencontre avec un jeune homme pertinent me donne la couleur du programme du jour. Je me dirige vers Khonoma, de là un chemin mène à un autre village, Mezoma, d’où l’on peut redescendre sur la route de Dimapur à Kohima. Ça sonne bien et cela permet une boucle, généralement plus agréable.

Je marche une partie du chemin, et suis pris pour une partie par un camion, dans la benne, qui va prendre livraison de pierre, là où les grosses sont broyées en une espèce de gravier. Une canalisation est creusée le long de la voie, sur 93 km pour alimenter des villages en eau, m’assure un contremaitre népalais, en poste ici pour 2 ans (129).

L’arrivée à Khonoma se fait un peu plus tard dans un bus d’écolier en plein chants religieux. Ça swingue, et en canon s’il vous plaît !!!

 

Vue village

 

Le village a du charme, troublé brièvement par une délégation birmane dont les véhicules se font remarquer lorsqu’ils débarquent à la maniere VIP.

Ici, l'on peut même se loger, donc boire et manger…oui, mais pour cela il faut s'annoncer, m'apprends le prêtre de Khonoma qui montre la région à son collègue philippin. Il me trouve pourtant un verre d’eau chaude (bouillie) puis un thé dans une hutte, puis m’invite à manger, à l’église. J’accepte puis décline finalement en me disant qu’ils me serait préférable d’avancer, la durée du trajet restant étant aléatoire, avec les dires des locaux qui varient d’une personne à l’autre (131).

Je retrouve finalement Loïs qui débarque un peu plus tard et nous poursuivons ensemble, après avoir été invité par une dame pour un chai (thé), accompagné d’un morceau de tapioca, et d’une bouteille d’eau pour la route.

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De là, nous gagnons Mezoma à travers les rizières, paysage superbe, et une montée raide en forêt, mais qui raccourcit. Là, nous sommes dirigés tout de suite vers une maison au sommet de ce nid d’aigle, où nous partageons un verre d’alcool de riz avec un nouvel hôte. Voyant l’heure avancée, il nous propose de dormir là, il n’est que 14 heures mais la nuit arrive 2 heures plus tard, mais lorsque nous décidons de poursuivre, il noos indique le sentier à suivre. Dès que l’on sort de Kohima, les gens sont bien plus détendus et agréables (135) !!!

Nous trouvons un autre raccourci, puis après un sumo (taxi collectif) pour la dernière descente, car la nuit approche, un officier du gouvernement qui travaille dans le sport et est allé aux Jeux Olympiques de Londres cette année, nous dépose à Kohima avant la nuit.

 

01.12.2012

Le Hornbill festival, pour lequel chacun nous demande s’il est la raison de notre venue au Nagaland débute à Kisama, nom créé par l’association de Kigwema et Phesama, qui ont cédé les terres où a lieu l’événement.

Chaque année depuis l'an 2000, il permet aux diverses populations (Angami, Ao, Chakhesang, Chang, Khiamniungan, Kachari, Konyak, Kuki, Lotha, Phom, Pochury, Rengma, Sangtam, Sumi, Yimchunger et Zeliang) de présenter les danses qui font partie de leur quotidien, intégrant musique et scènes traditionnelles (138) (139).

Kisama

Kisama

Nous nous y rendons avec Pierre, 68ard, c’est son âge, fraîchement débarqué à l’hôtel. Lui voyage une bonne partie de l’année ; amateur de trek, il tient la forme.

La cérémonie d’ouverture a lieu en présence du gouverneur du Nagaland, celui-là même qui a permis l’ouverture plus accentuée au tourisme par la suppression du permis précédemment nécessaire pour s’y rendre (143) (149).

Les différentes tribus, c’est la dénomination ici, y sont présentées et effectuent une danse qui leur est propre (159) (165).

Kisama

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Dans l’après-midi, je retourne en compagnie de Pierre à Jakhama, ce village traverse en voiture il y a quelques jours. Bizarrement, certains habitants sont davantage surpris de nous voir ici qu’a Khonoma, pourtant plus reculé (169).

Les portes de certaines maisons sont magnifiques, en bois sculpté, dénotant de l’aisance des propriétaires. Fait curieux, nous ne remarquons aucun cimetière mais des tombes dans les cours des habitations (127).

A Kohima, pour la première fois depuis notre arrivée, la vie dans la rue se poursuit au-delà de 17 heures, c’est le marché de nuit, avec divers stands. Pour certains, la fête se poursuit d’ailleurs tard dans la nuit.

 

02.12.2012

Si le samedi soir fut noir de monde, le dimanche matin est encore plus calme que d’ordinaire. Les restaurants sont fermés, le nombre de bus restreint. Je parviens à prendre un petit-déjeuner dans une choppe indienne, l’une des seules ouvertes.

Pierre  décide de retourner au festival pour la journée des tribus du Nord-est de l’Inde et Loïs est invité à Jotsoma, messe et déjeuner au programme (le premier ne l’enchante guère). Quant à moi, j’opte pour pousser plus au sud, pas trop loin, les transports étant encore plus limités  aujourd’hui.

J’arrive à prendre un bus pour la jonction qui mène à Kisama (lieu du festival). Arrivé là, je retrouve Loïs qui a peiné à partir. Aucun transport public et il ne veut pas affréter un taxi. La tendance s’inverse donc, nous partons séparément et nous nous retrouvons finalement pour le reste de la journée.

Mon idée est d’aller jeter un coup d’œil à la vallée de Dzukou, qui culmine à 2483 m. Nous commençons à pied puis une voiture s’arrête, occupée par Zanio (et Regina), qui essaient d’inonder le marché du Nagaland avec le thé produit par son beau-frère dans la région de Mon, au Nord. La marque est Angh Khulap, Angh signifiant roi dans la tribu Konyak. Le thé consommé ici provient en effet en grande partie de l’Assam. Elle nous fait conduire jusqu'à Jakhama par son chauffeur, et de la nous trouvons un autre véhicule pour la suite.

Le conducteur, Neitho, loupe le coche quand arrive le chemin de Dzukou. Est-ce pour compenser (?), il nous propose de l’accompagner jusqu'à Mao. Les rencontres faisant partie du voyage, nous sommes ouverts et acceptons, le plan de la journée n’était pas fixe. Là, nous voyons des passiflores, une fabrique de jus se trouve juste à côte, mais cette année la production n’est pas grandiose.

Eglise

Ensuite, nous retournons sur Kohima, et au-delà, jusqu'à Rusoma, son village, où est produit du miel, naturel, nous y goûtons avec l’alvéole, et où se trouve une pierre miraculeuse, dont la légende raconte que c’est une femme trompée qui, retournant à son village avec son bébé, a été frappée par le démon et transformée en minéral. Elle étreignait son bébé si fort que les deux pierres ne purent être séparées. Aujourd’hui, elles posséderaient un pouvoir nuisible à ceux qui voudraient les frapper (172) (174).        

Ce moment sympathique se termine dans un bouge, mais un bouge qui ne perturbe pas la tranquillité, devant un verre de zuto, cet alcool de riz propre à la région. C’est alors que nous semblons remarquer que peut-être Neitho ne souhaitait pas uniquement échanger mais faire office de guide. Peut-être est-ce juste une vue de l’esprit mais sa mine nous trouble (122).

En soirée, après notre dîner, à trois, je dois parler trois minutes devant une caméra de télévision de Delhi quant a notre avis sur le Nagaland.

 Chakhesang

 

03.12.2012

Sans grand programme aujourd’hui, je me joins à mes deux acolytes pour une journée danses et chants du Nagaland à Kisama. Intéressant, très coloré, même si cela est bien sûr répétitif pour des non initiés. Cela décrit les scènes du quotidiens, de jadis tout au moins, entre travaux des champs, guerre, funérailles, prière, mariage et jeux divers, pour certains très drôles, flirtant parfois avec le cirque.

Pour ma dernière soirée au Nagaland, nous emmenons Pierre dans le bouge de la veille, mais en soirée. Là, des habitués en partie et quelques étudiants, tous probablement un peu surpris de nous voir débarquer non accompagnés!

Mais cela se passe bien, Loïs se voit même pris à une table à part, dragué par un catcheur. Cela n'a pas l'air de lui déplaire complètement, en tout cas il gère.

 

Zeliang

 

04.12.2012

Un dernier petit tour au festival avant le départ. La première danse du matin me plaît bien, gracieuse et féminine, à la tête de mon top 5 pour les jours auxquels j'y ai assisté.

Ensuite j'enchaîne les transports, taxi collectif trop aéré à mon goût jusqu'à Dimapur puis, après avoir pris à nouveau un lit au dortoir de la gare ferroviaire pour les quelques heures à patienter, le train jusqu'à Guwahati (avec un départ en retard et dans le mauvais wagon, si bien que je dois patienter jusqu'a l'arrêt suivant pour enfin gagner ma couchette, vers 1 heure!).

 

05.12.2012

Vélo-rickshaws

Le jour se lève doucement sur la capitale de l'Assam alors que je me dirige vers le bus qui doit m'emmener à l'aéroport.

A Delhi, je procède aux derniers achats et rend visite à Rakesh à Pahar Ganj, le concepteur de cartes de visite que j'avais loupé la dernière fois. Aujourd'hui, c'est mon tour de lui offrir le thé. Et à 22 h 30, taxi pour l'aéroport international Indira Gandhi, suivi des vols pour Paris, Marseille, et du train pour Avignon où m'attendent Pôpa et Môman. 

 

 

 

 Gujarat Nagaland

 

31 décembre 2011

01.11.2011 Après 2 heures de retard pour un vol

TITRE-TANZANIE-BURUNDI

01.11.2011

Après 2 heures de retard pour un vol de 15 mn qui nous mène de Zanzibar à Dar-es-Salaam, le congé des clients est rapidement pris et je me retrouve aussi sec dans un taxi pour le centre de la capitale, cap pour une chambre sordide dans un quartier qui ne le semble pas moins.

PHOTOS-DEBUT                                  

02.11.2011

La décision n'en est que plus facile, je quitte les lieux à 5 heures après une courte nuit. Je récupérerai plus tard. Les bus sont ainsi faits en Tanzanie qu'ils démarrent souvent entre 5 et 7 heures.

Me voilà ainsi sur le départ, dans une gare routière qui n'est pas franchement la bonne, mais un "garçon-bussier" me largue où il faut, où je suis ensuite «remis à qui de droit».

Le trajet pour Kilwa Masoko s'annonce rude. 6 h de route, nous sommes une bonne vingtaine dans un minibus, et je me retrouve coincé entre la porte arrière et une grosse "doudou" qui ne tient pas vraiment sur le siège, si bien qu'elle m'écrase la jambe droite.

Fort heureusement, elle ne fait qu'un bout de chemin avec nous.

La suite n'est pourtant pas plus envoûtante, des portions de route manquent et le chauffeur emprunte la piste sans sembler noter la différence. Nous si !!!

Après un dernier changement de bus pour bifurquer vers la côte, j'arrive à Kilwa Masoko. Je prends la première chambre que je trouve, après avoir croisé le propriétaire à la banque et me voici dans les bras de Morphée. Un sommeil réparateur.

En soirée, le maître des lieux me raconte son histoire. L'établissement est celui de sa retraite, de surcroît une sorte d'héritage pour sa progéniture. Il a fait carrière dans la marine marchande, après avoir eu la chance d'obtenir une bourse par deux fois, l'une pour la Norvège, l'autre pour le Royaume-Uni.

 

03.11.2011

Centre administratif, Kilwa Masoko en soi n'a pas grand-chose à offrir, c’est le centre de l’actuelle ville et signifie littéralement «Kilwa du marché".

Mais tout près de là, Kilwa Kisiwani a abrité un sultanat durant les prestigieux siècles passés. Kisiwani signifie île en swahili, et effectivement l'on s'y rend en bateau, non sans avoir obtenu un permis au bureau attitré, qui assigne alors un guide...ou je rentre à la casbah.

Kisiwani, salle d'audienceLe mien en l'occurrence se prénomme Djamila et elle est agréable, ne m'assommant pas de détails que l'on n'oublie dans la 1/2 heure qui suit.

L’île, dont les ruines sont inscrites sur la liste du patrimoine de l’Unesco en 2001, est occupée du IXe au XIXe siècle, atteignant son apogée aux XIIIe et XIVe siècles.

Quelques secteurs n’ont pas encore été fouillés, mais l’on peut visiter certains vestiges.

Kisiwani, mosquéeAinsi, la grande mosquée, édifiée au XI siècle, la prison de Gereza, construite sur les ruines du fort portugais, le palais d’Husuni Kubwa, construit au début du XIVe siècle, avec sa grande piscine octogonale, plusieurs mosquées, et un ensemble urbain comprenant places publiques, nécropoles, maisons, salle d'audience, tribunal … 

Les Portugais sont alors passés par là, remplacés ensuite par d'autres Arabes, venus d'Oman.                                                           

Kisiwani, maçonneDjamila s'occupe également de mon transport pour demain, à 5 heures. Je continue ma route vers le Mozambique et devrais ainsi atteindre Lundi avant 8 heures.

 

04.11.2011

Départ à 5 h 02, je suis épaté, les rues sont désertes mais quelques silhouettes s'agitent pour charger les bagages...opération qui se termine de toute façon à la ficelle, les immenses paniers des mamas africaines dépassant largement le châssis du véhicule.

Aujourd'hui, je suis à l'aise, assis sur la banquette avant côté fenêtre, c'est l'avantage d'acheter le billet en avance. Ma voisine, Eilati, est mignonne à croquer, assise sur les genoux de sa mère. Nous partageons gâteaux, de mon côté, chewing gum, du sien !

Lindi, poisson fuméLindi (42 000 habitants) est sur la côte sud, donc l'une des activités est forcément la pêche, comme partout apparemment peu rentable, à en juger par la tenue des pratiquants.

Ville importante à l’époque du sultanat de Zanzibar, pour sa position privilégiée au bord de l'Océan indien, à l'extrémité d'une route commerciale fréquentée par les praticiens de l'esclavage, dont la fin a accéléré le déclin. A cela s’ajoute la fondation de Mtwara en 1946, dotée d'un port en eau profonde.

Le centre est plus...tanzanien...des rues à l'américaine, quadrillées mais avec des noms, poussiéreuses, odorantes, ou l'étranger de passage, s'il a un but, n'atteint celui-ci qu'avec difficulté, à moins de se promener en tchador, abordé qu'il est par un local intéressé, ou intéressé !                    

PHOTO 78-79Un policier rencontré à l'arrivée, auquel je rends visite un peu plus tard (il me faut vraiment aller si loin pour copiner avec des individus pareils (!), me permet de me rencarder pour la suite de mes pérégrinations.

J'aurai aimé passer la frontière sur la côte, vers Mtwara, mais ce serait probablement une perte de temps, la frontière semblant fermée à cet endroit là.

Je la franchirai donc plus à l'ouest, à Masasi. Il me faudra ensuite aviser et certainement regagner la côte une fois de l'autre côté. En tout cas, je prendrai mes renseignements pour ne pas flirter avec les mines restant de la guerre civile de 15 longues années, achevée en 1992.  

05.11

Ça y est, direction la frontière mozambicaine. Je vais laisser les bégaiements des lieux tanzaniens, les Ngorongoro, Nanganga, Ndanda et autres Chingugu, et me diriger vers des consonances lusophones qui, si je ne pratique pas le portugais, seront peut-être plus faciles à identifier!

De Lindi à Masasi, ce ne sont que 3 heures, qui pourraient pourtant être allégées si n'étaient les contrôles policiers très très réguliers sur le dernier tronçon. Le paysage plat se ponctue ici de quelques petits massifs qui surplombent villages et palmiers, c'est le plateau makonde. La contemplation, la lecture, la musique distraient mon esprit des effluves de poisson en provenance du grand panier assis à mes côtés!

A Masasi, après le petit-déjeuner, café et chapatis, que j'améliore de quelques gouttes de grand-marnier, c'est tout d'abord l'attente pour que se remplisse le bus. On observe le marché et se gausse du spectacle donné par l'arnaqueur aux 3 jetons (un principe connu avec 3 cartes) qui laisse deviner aux "pigeons" où se trouve le jeton marqué différemment et allège ainsi la bourse de certains.

L'on prend également contact entre voyageurs, tandis que s'amoncèlent marchandises et passagers dans le véhicule.                                                              

Masasi, bus2h30 plus tard, c'est le départ pour un trajet chaud, aux arrêts fréquents dans des villages où ce passage signifie l'attraction de la journée. Parents et commerçants en attente de marchandise se regroupent à l'arrêt et les gamins accourent en criant de joie et faisant de grands signes.

A l'intérieur, l'on discute, un couteau traverse le bus, accompagnant le manioc qui va tenir lieu de snack dans ce festival de robes et boubous colorés, doublés parfois par ceux de la progéniture juchés sur le dos ou les genoux de la mama.

Dernière pause à Masunguru où l'on se déleste d'une grande partie de la marchandise. La population est là-aussi au rendez-vous, tandis que des jeunes sont affairés autour de la table de billard.                                                                                

Masunguru, billardUne minute avant l'arrêt au poste-frontière de Mtambaswala, c'est la crevaison, arrivée en beauté donc dans un nouveau trou du cul du monde.

Celui-là cependant s'avère particulier. Alors que généralement ces endroits fourmillent de commerçants et bandits en tout genre, ici, même pas "d'agents de change", la croix et la bannière pour troquer quelque monnaie, et encore uniquement des dollars !

Le logement est tout aussi précaire, mais nous pouvons déjà être satisfaits d'avoir un lit. Nous, ce sont outre Mezigue, Simon et Suleiman, deux ingénieurs en téléphonie envoyés dans ce trou afin de parer aux problèmes constatés par les utilisateurs de leur compagnie, et leurs compagnes, Mary et Rachel. Un musulman et trois chrétiens, luthérien pour Simon, mais ce n'est pas un problème, la cohabitation est pacifique dans le pays.

Mtambaswala, pont de l'AmitiéLe village dispose maintenant de son pont, celui de l’Amitié entre Tanzanie et Mozambique, qui enjambe la rivière  Ruvuma.                                           

06.11

Je suis un peu tard sur le lever, semble-t-il, en ce dimanche car je prends la route de Muedo, au Mozambique, à l’arrière du pick up. Les premiers arrivés sont les premiers servis, et la place en cabine à côté du chauffeur est bien sûr déjà occupée.

Un premier arrêt au bureau de l’immigration tanzanienne, pour sortir du pays, et ce sera...le dernier pour mois, dans ce sens. L’officier m’emmène en effet consulter son homologue mozambicain à 2 kms de là, afin qu’il me confirme ce que le premier soupçonne : contrairement à l’information donnée par l’ambassade parisienne, aucun visa n’est délivré au poste-frontière. Aucune discussion n’y remédie, il me faut aller en retirer un à Dar-es-Salaam ou, autre solution, prendre là-bas un vol pour Pemba, au Mozambique, où là, la délivrance du visa est possible.

Retour à la case départ sur cette longue route, quand toutefois elle existe, sinon piste qui, selon le siège, secoue les boyaux, à donner l’impression d’être en stage de prétendant à un vol pour l’espace. Vive l’Afrique !!!

Mes compagnons de route ne sont pas surpris outre mesure de mon retour.

Un peu plus tard dans la matinée se présente pour moi une opportunité de reprendre la route, dans un pick up qui vient de prendre de l’essence. Eux ont encore un peu de travail, ils gagneront Masasi plus tard.

Me voilà donc adossé à un autre passager derrière 4 barils. Je sors rapidement un bout de drap de mon sac, que je noue sur la figure en me tournant côte piste. Entre poussière et relents d’essence, le choix se fait rapidement.

Je n’y reste pas jusqu’à Masasi. A la moitié à peine du trajet, changement de place, ils me font passer dans la cabine. Privilège du mzungu que je suis, peut-être.

La course est beaucoup plus rapide qu’à l’aller. J’observe maintenant la route à l’avant. A chaque village ou forme animée dont la silhouette se profile à l’horizon, le chauffeur appuie à fond sur son klaxon, et c’est la débandade, les vélos sont lâchés, puis dans un effort désespéré, traînes en bord de route !!!

A Masasi (443 000 habitants pour l’ensemble du district), c’est encore dimanche, même topo qu’à Mtambaswala mais en plus grand. J’entends par là, un trou du cul du monde, mais plus large. Certes une ville mais pas de café Internet aujourd’hui et le change s’avère une expédition, se déroulant chez des marchands indiens, dont on voit la position qu’ils s’estiment par rapport à leur main d’œuvre africaine ! Même le coup de téléphone à Simon doit être arrangé avec un privé à la station de bus.

Ici, la vie de nombreux agriculteurs dépend du prix qu’ils tirent de la noix de cajou. La balance entre prix de production et prix de vente qui rendait leur condition difficile a donc amené six villages environnants à se grouper en une coopérative qui permet de trouver des marchés, redistribuer  les bénéfices et investir dans de nouveaux projets.

Je retrouve mes deux comparses le soir même pour quelques bières, seuls. En fait, ils sont mariés et les deux «sisters» les accompagnaient pour le week-end.

Je ne connais pas de mot en swahili pour trinquer mais nous avons le nôtre : «mtambaswala». Ils ne connaissaient pas l’endroit et il les a marqués également.

 

07.11

Départ à 6 h 00. Journée longue. Même si le bus ponctuel et les arrêts plutôt efficients, minimum requis pour soulager la vessie avant que ne surgissent les amygdales et pour se boucher la panse, nous permettent d’atteindre Dar en fin d’après-midi, il nous faut encore 2 à 3 heures pour rallier le terminal de bus, le trafic étant intense.

Je prends une chambre près de chez Suleiman, ce qui nous permet de prendre encore un verre en soirée.

Dar es Salaam (2,5 millions habitants) anciennement Mzizima (« ville saine »), doit son nom actuel de « demeure de la paix » au sultan Seyyid Madjid de Zanzibar du XVIIIe siècle.

Sa croissance est favorisée par son rôle de centre administratif et commercial de l’Afrique de l’Est allemande, qu’elle conserve ensuite sous domination britannique.

Même si elle n’est plus capitale du pays, transférée à Dodoma, plus centrale, elle reste la ville la plus importante.

 

08.11

Je suis indécis quant à la suite de l’aventure. Le Mozambique m’a refroidi.

Et il continue après ma visite à l’ambassade. L’administré, sympathique au demeurant, ne semble pas être au parfum et prend ses renseignements par téléphone à l’aéroport de Dar. Apparemment, aucun visa n’est délivré non plus à Pemba. Il s’obtient ici en 2 ou 5 jours, selon le tarif...où je change de cap, ce qui me tente de plus en plus. Un couple d’Allemands croisé là, qui est en voiture depuis l’Europe, n’a pas rencontré ce problème depuis le départ, sauf entre le Nord et Sud Soudan qui, politiquement, présentait certaines tensions, compréhensibles au moment de leur passage.

Voguant entre diverses pensées, je pose la question à mon voisin de bus sur la possibilité de gagner l'île de Mafia en bateau à partir de Dar. Que n'ai-je déclenché là ! La faune du bus, la partie avant en tout cas, est maintenant occupée à discuter le plan. Un jeune homme me couche ensuite tout cela sur papier.

Je passe la soirée avec Suleiman, et sa femme, aux petits soins pour lui. L'Afrique est de toute façon, plutôt machiste. Lorsqu'il veut du feu pour sa cigarette, c'est une serveuse ou Reema, l'épouse, qui se déplace. Idem pour les repas.

Il m'a avoué en fin d'après-midi que Rachel venait passer une semaine à Dar es Salaam le mois prochain. Suleiman, si amoureux de sa femme. C'est juste culturel.

Lui, à son tour, est aux petits soins pour moi et s'enquiert, avec Simon depuis Masasi, de mon bien être affectif. Si j'ai besoin de compagnie, il ne faut pas hésiter à leur communiquer ma solitude, on y remédiera !

SuleimanDans son quartier général, bar quasiment mitoyen de ma guest, le groupe du jour, du soir en fait, qui joue en live, vient de Tanga, au Nord de la capitale. Du rythme...et des popotins qui s'agitent, comme eux, ou surtout elles, savent le faire.               

 

09.11

La décision est prise. Le Mozambique se passera de moi, pour l'instant en tout cas. J'étais attiré mais il reste d'autres endroits qui me tentent, assez pour ne pas devoir affronter des fonctionnaires encore plus mous du genou que certains des nôtres.

C'est l'Afrique, avec son quotidien de joies et de déceptions, d'enquiquinements et de sympathies. Le voyage se construit souvent sur des situations délicates qui en attirent d'autres inattendues et réjouissantes.

Et l'Afrique n'est pas en reste pour les surprises ! Une partie (pas toujours mais régulièrement) du plaisir réside dans le fait de m'endormir le soir sans toujours savoir la décision que me réserve le lendemain. Même si elle vient de moi, elle se présente par le biais d'éléments ponctuels qui me la dictent. Très différent d'un voyage professionnel au cours duquel je dois veiller au bon déroulement du circuit, de la façon la plus fidèle possible à ce qui est annoncé dans le catalogue. La spontanéité en prend bien sûr un coup.

Je quitte donc, probablement, Dar demain matin pour l'ouest, jusqu'à Kigoma, par étapes je pense, vers la frontière du Burundi. En bus, le prochain train avec place disponible étant en fin de semaine prochaine. L'idée est d'emprunter le cheval de fer, alors je tenterai cela pour le retour, en achetant rapidement mon ticket une fois rendu là-bas, avant de vaquer à une autre péripétie.

 

10.11

Je commence, après le petit-déj classique, chaï et 2 chapatis arrosés de grand-marnier, par une petite crise d'autorité. C'est le moyen de conserver sa place réservée à l'avant du bus, près de la fenêtre. La vie ici est un apprentissage à suivre, sinon, comme trop de petites gens abusés, on se fait bouffer.

Tout rentre rapidement dans l'ordre, après qu'ils ont essayé de me refiler un siège à la fenêtre derrière ou devant côté couloir. « Couloir » est exagéré pour un bus tanzanien, car il est souvent lui-même occupé.

Pour le départ, le vendeur des billets, qui doit être un chef, nous précède à pied jusqu'à la route. Il doit craindre pour son bus, marqué "islam" en gros caractères.

Et finalement, un siège à l'arrière n'aurait aujourd'hui pas été dramatique, la route étant bien asphaltée et le chauffeur pas un fangio.

Morogoro, vueMe voici donc à Morogoro à l'heure du déjeuner, riz et sauce légumineuse, où je m'amuse ensuite un moment avec trois gamines, Samila, une coquine, Leima et Jamila.

Cette ville de 210 000 âmes, centre agricole et universitaire n'est ni envoûtante ni repoussante, elle est ceinte des monts Uluguru et présente la particularité d'abriter un centre de recherche où l'on éduque des rats à détecter deux types de maux. D'une part des mines anti-personnelles, pour lesquelles l'aboutissement pourrait être l'envoi de ces professionnelles inattendues au Mozambique ou en Angola par exemple. Leur avantage est la légèreté, contrairement aux chiens et l’odorat très fin. C'est pourquoi, on les embauche d'autre part pour détecter le virus de la tuberculose qui atteint à nouveau de nombreuses gens dans les pays du tiers-monde. En outre, faciles à nourrir, ils sont récompensés par des aliments tels que cacahuètes lorsqu'ils rencontrent le succès, uniquement. Ce qui les motive.

 

11.11

Je poursuis ma route vers l'ouest. Mpwapwa m'aurait intéressé, rien que pour le nom mais ce n'est pas sur le chemin.

Je me suis procuré une carte sim tanzanienne pour mon portable, ce qui devrait me permettre d'avoir quelques contacts plus instantanés avec le Vieux Continent. Bon marché de surcroît, même si c'est un peu aléatoire, surtout les sms.

Les compagnies de téléphone font ici aussi leur blé. Même de vieilles femmes, pieds nus dans les bus, annoncent leur arrivée imminente quand pointe l'arrêt attendu.

Je suis hésitant à faire un arrêt à Dodoma, la capitale (elle y a été transférée après avoir été à Dar), et il s'en faut de peu. Après avoir raté de peu un minibus, en fait je l'avais mais l'un des "garçons-bussiers", appelé conductor dans le pays, ayant cherché à m'entuber, la question est tranchée. Je prends un bus de Mohamed trans. Mais Mohamed a pris du retard, 2 heures, il se pointe au moment où je commence à étudier la possibilité de passer une nuit ici.

Direction Manyoni.

PHOTO 88-90Le paysage se transforme, de plus en plus plat et éparse, alignant ici des monticules de pierre formant des mini-collines.


Manyoni
(206000 habitants pour l’ensemble du district) est une ville ferroviaire et le centre d'une région de culture du tabac.                                           

Je suis lâché en bord de route, l'endroit n'est pas un arrêt spécialement prisé, et je dois prendre un moto-taxi pour rejoindre le centre. La bande de caoutchouc, vieille chambre à air reconvertie ou peut-être un pneu (ils en font également des sandales épaisses avec lesquels on doit pouvoir faire un tour du monde avant de les user), qui maintient mon bagage à l'arrière, lâche rapidement. Je n'ai pas de cristal à l'intérieur, fort heureusement. Voilà mon chauffeur qui tente de reficeler l'ensemble mais sa lanière rétrécit au fil de ses tentatives !!!


Je passe une nuit au Pentagon, guest house proprette, avec eau chaude (la première depuis le début de cette épopée) et petit-déj.

Manyoni, lingeLe nom ne me surprend plus. Même si l'anglais n'est finalement parlé ici, dans ce pays africain anglophone, que par certaines personnes et généralement par bribes, on sent une influence bien américaine !!!

Le style télévisuel de certaines chaînes, la musique (et j'espère que cela ne va pas empirer) qui se transforme pour partie en un mélange américano-africain (dans le meilleur des cas latino-africain), qui n'emprunte cependant pas au Nouveau-Continent le meilleur de ses sources ! Soupe mièvre de R'N'B, ajouté à des effets sonores "poudre aux oreilles" sur fond vidéo, quand il y en a, de belles voitures américaines avec poupées Barbie et Ken en dépuissance !!! Au secours, Mory Kante, Alpha Blondie et autres Bob vont y laisser leurs dreadlocks.

Et, depuis 2 ou 3 ans j'imagine, la Obamania. Combien de pancartes, publicité arborant le nom de l'actuel président américain, et même de jeunes hommes se faisant prénommé Obama !                                              

PancarteMon dîner ne change pas des derniers jours, poulet et frites, pour lesquelles j'insiste toujours pour qu'ils les laissent un peu plus frire qu'à LEUR accoutumée...dorer serait  exagéré ! Il ne faut pas venir dans ce pays pour l'art culinaire. On peut certes manger correctement mais dans les lieux touristiques. Le quotidien tanzanien est beaucoup moins varié et fin.

J'accompagne le tout d'une bière. Le choix des marques est, lui, plus étendu et certaines rappellent bien ou l'on se trouve : Safari, Kilimanjaro, Serengeti...On les ouvre généralement à l’ouvre-bouteille mais j'ai vu une jeune femme procéder à l'opération à l'aide de ses dents.

Je me méfie d'ailleurs lorsqu'une jeune personne du sexe opposé me demande de lui en offrir une. Peut-être a-t-elle soif mais c'est généralement une tactique approche du mzungu.

Ce dernier vocable désignant les étrangers me tape d'ailleurs lentement sur le système. Signifiant à l’origine « quelqu’un qui erre sans but», il était utilisé pour décrire les premiers explorateurs européens. Et je ne l'entends qu'une bonne cinquantaine de fois par jour.

Même si ce n'est pas obligatoirement emprunt de dédain, de jalousie ou d'agressivité (dans de nombreux pays, le blanc dispose de son propre qualificatif - gringo en Amérique latine, toubab en Afrique de l'Ouest, farang en Thaïlande, lao wai en Chine...), j'imagine les foudres, voire le procès, que l'on s'attirerait en Europe à distinguer systématiquement un nègre d'un blanc bec.

Parfois, cela devient vraiment pesant, lorsque prononcé par des gens peu instruits qui ricanent bêtement au passage du mzungu comme le feraient d'autres incultes à l'arrivée d'un extra terrestre dans le fin fond du Quercy ! Et là non plus, aucun moyen de tenter une approche, manque d'instruction d'une part, et barrage de la langue de l'autre, car même si le dollar sonne bien à leurs oreilles, c'est bel et bien le swahili qui se parle ici.

C'est le prix à payer, je l'ai voulu, si l'on cherche à pénétrer le pays en s'éloignant des sentiers touristiques. J'ai du apercevoir une dizaine de wazungu (le pluriel) dans les 10 derniers jours. Ainsi, bien sûr, j'apprends à connaître les gens tels qu'ils sont réellement, même si cela comporte des revers.

Lindi, bus coloréParmi la catégorie la plus difficile à pratiquer, les professionnels du transport, drivers et conductors, autrement dit chauffeurs et rabatteurs. Des bandits du quotidien qui, bien sûr, veulent optimiser leur profit et n'hésitent pas pour cela à entasser les voyageurs comme du bétail, des voyageurs d'ailleurs bien trop dociles à mon goût. Il faut parfois savoir lever le ton pour s'affirmer. Peut-être mon état de mzungu y est-il pour quelque chose mais je n'en suis pas complètement convaincu. Je crois que comme souvent, la crédulité des gens peu éduqués est abusée. En Afrique de l’Est, l’union de ces professionnels de la route en syndicats pèse son poids.

 

12.11

Un petit tour, avant de reprendre la route, me permet de constater davantage l'étendue du bled, traversé par la voie ferrée. Chacun vaque à ses occupations, passant régulièrement de l'autre côté, avec vélo et marchandise...souvent sans un passage approprié pour cela.

"Affrontement" journalier avec les rabatteurs qui me font faire un détour par le Nord, en l'occurrence Nzega, mais je souhaite progresser et peut-être est-ce le parcours le plus fréquenté.

L'arrêt déjeuner et changement de bus à Nzega s'avère d'ailleurs plutôt drôle. Après avoir essayé d'abuser un peu le prix pour le mzungu, le vendeur s'amuse du fait que je pratique maintenant un tant soit peu les chiffres en swahili...et les choses rentrent dans l'ordre.

Je passe l'après-midi on the road, ce ne sont plus que pistes, bientôt transformées, là encore, comme souvent, par des contremaîtres chinois. Seules les villes de dimension plus importante sont en partie goudronnées.

La nuit à Tabora se révèle relativement confortable, plutôt surprenant, compte tenu de la fenêtre de ma chambre qui donne sur la salle du restaurant...occupé aujourd'hui par une foule célébrant la fin d'un cycle d'apprentissage, avec accoutrement et beats de circonstance, dont les basses traversent allègrement les murs.

Tabora (128000 habitants), fondée par les Arabes entourée de manguiers et de collines de granit, est sinon pratiquement dépourvue de relief.

Pendant longtemps elle a été un facteur de sécurité dans l'histoire Est africaine, sécurisant la communication entre la côte et les grands lacs.

Dans ses faubourgs, on cultive maïs, tabac et patates douces, dont le rendement reste cependant faible à cause du réseau d'irrigation vétuste.

Elle est aujourd’hui le chef-lieu de la région la plus étendue du pays.

 

13.11

Un Congolais, de la République Démocratique s'entend, anciennement Zaïre, est venu accompagner son "frère et ami", à comprendre frère par alliance donc beau-frère, qui s'en retourne au pays. Petite discussion qui me permet de pratiquer un peu ma propre langue. Même si d'ordinaire, ce n'est pas ma quête, aujourd'hui cela m'est plutôt agréable, d'autant plus que l’accompagnant est professeur de français et maîtrise bien son sujet.

Par contre, tous deux sont bien africains, ils s'amusent du fait que je ne sois pas marié, et annonce 5 enfants pour l'un, 6 pour l'enseignant, auxquels on se doit d'en ajouter deux supplémentaires, ceux de sa maîtresse !

Le bus s'attarde, un petit vieux monte et descend continuellement, à la recherche d'un enfant égaré alors qu'il est parti uriner. Il débutera le trajet, avant de descendre au premier arrêt, le premier contrôle policier.

C'est aujourd'hui un long trajet qui m'attend et les 2 premières heures sont inconfortables et...étroites. Je n'ai obtenu qu'une place certes à l'avant mais côté couloir, sur une rangée à 3 sièges, moins larges que beaucoup d’arrière-trains, surtout pas celui de mon voisin !

Je me réjouis de sa descente un peu plus tard, mais la surprise est de courte durée. Il est vite remplacé par une mama, jeune, dont il serait en dessous de la vérité d'affirmer que ses bras sont plus gros que mes cuisses !!! Mon Congolais de voisin, écrasé côté fenêtre, en rigole, elle-aussi d'ailleurs. L'embonpoint est ici un signe de bonne santé, financière en tout cas.

Je saute peu après sur l'occasion d'une place libérée de l'autre côté, à la fenêtre de surcroît, mes 2 voyageurs "mitoyens" en sont également fort aise, mais il me faudra, là encore, lever le ton lorsque l'un des conductors me demande à regagner la place d'origine. Et bizarrement, à ce moment-là, j'obtiens même des sourires de l'équipe régnante qui restait jusqu'alors plutôt de marbre.

C'est une caractéristique que je remarque souvent en Afrique, et il me semble qu'ils ne sont pas bien rancuniers. Après une altercation, ils se révèlent souvent au moins autant aux petits soins que précédemment, voire davantage !

Ce qui rehausse régulièrement l'ambiance du voyage, ce sont les sourires des gamins. Certains restent certes coincés, insensibles aux miens, apeurés peut-être par cette créature venu d'un monde inconnu, mais d'autres rétorquent, voire prennent l'initiative d'une risette qui illuminent leur face et du coup la mienne, ou les barrières de la nationalité, de la langue et de la couleur sont transgressées, faisant place à une spontanéité toute enfantine, emprunte d'une certaine naïveté très positive !

Le paysage se pare à nouveau de nouveaux habits, la végétation devient plus luxuriante, l'herbe plus verte, plus lumineuse, plus haute aussi. Il semble que la région soit plus humide.

Des rangées de maisons apparemment neuves, aux briques fraîches se fondent dans ces larges espaces, tandis que progresse le bus à vive allure, rien de propice à un cœur mal accroché.                                                    

Fabrication de briquesEt au bout du trip Dar-Morogoro-Dodoma-Manyoni-Singida-Nzega-Tabota-Uvinza-Kasulu, enfin, Kigoma !

 

14.11

Je m'éveille à la lueur d'une panne d'électricité, due probablement à la pluie qui s'agglutine sur la guest house où j'ai pris mes quartiers. Et elle semble vouloir s'étendre quelque temps. D'où probablement cette verdoyante région, constatée à mon arrivée.

Kigoma, lac TanganyikaUne bonne opportunité pour me reposer des derniers jours passés à voyager, et organiser les jours à venir.

Le ciel reprend ses esprits au cours de la matinée, et je peux aller rendre visite au lac dans l'après-midi.

Kigoma (164 000 habitants), le plus grand port tanzanien sur le lac Tanganyika supplante Ujiji, à 6 km de là, tardivement, au début du XXe siècle, lorsqu'elle devient le terminus de la ligne de train en provenance de Dar es Salaam.

Le deuxième lac le plus profond au monde, derrière le lac Baïkal, a abrité la rencontre lors de laquelle Henry Morton Stanley a prononcé cette phrase historique : "Docteur Livingstone, je présume?".

Formé il y a 20 millions d'années, il couvre une superficie de 32 900 km².

Son nom, Etanga'ya'nia, signifie « lieu de mélange » en kibembe.

C'est également le plus poissonneux, avec, entre autres le fameux (ici tout au moins) daga, petit poisson gros comme le majeur et à peine aussi large. Il est très salé...le sel, c'est d'ailleurs tout ce que j'en ai goûté. Peut-être la manière dont il est préparé, entier et raide comme du bambou. L'accompagnement, par contre, est plus à mon goût, les ndizi, bananes cuites qui, bien préparées, ont un peu le goût de la pomme de terre.     

D'une manière générale, le pays se prête au végétarisme, si l'on ne fréquente pas les sites touristiques.              

Kigoma, dagaIci, bien sûr, on croise encore plus de Congolais, car le lac tient lieu de frontière avec la république « démocratique ».

Par contre, l'activité portuaire me semble réduite à son plus simple appareil. Je vois quelques pêcheurs mais, me renseignant sur les bateaux pour les alentours, nord ou sud de Kigoma, il s'avère que le prochain mouvement n'a lieu que dans 9 jours !

Relativement isolée jusque dans les années 1990 par rapport aux centres décisionnels du pays, Kigoma a vu exploser le commerce transfrontalier « grâce » aux conflits régionaux du Burundi, du Rwanda et du Congo qui a provoqué un afflux de réfugiés.

PêcheursEn outre, la proximité du sanctuaire de chimpanzés de Gombe, créé à l’initiative de Jane Goodall, contribue à la venue de quelques touristes.                                       

15.11

Je décide d'aller me rencarder à la frontière, à une heure d'ici, quant au passage pour le Burundi. Les bruits disent que c'est possible mais mon épopée vers le Mozambique m'a échaudé et je préfère en avoir le cœur net.

Le poste se trouve à Manyovu, la route est bonne et je reviens dans la matinée avec une confirmation...positive.

Là-bas, il semble d'ailleurs que la banane (denrée la plus commercialisée au monde) fasse fureur, à en juger par les monceaux qui couvrent le bord de route, côté tanzanien tout au moins.                                                      

Marché de bananesEntre les deux administrations, dans le no man's land comme qui dirait, je croise un Chinois. Il semble qu'une nouvelle route se dessine...

A Kigoma, je me rends chez mon tailleur qui m'a façonné une chemise (je suis modeste cette année...je ne savais pas ce qui m'attendait) avec un tissu acheté à Dar.

Il a été rapide, un jour, ayant même terminé dans la matinée alors qu'il avait annoncé 16 heures. Et là, je suis sûr d'avoir compris.

Il faut préciser, à ce sujet, que les Tanzaniens ont une base de temps qui leur est propre. Héritage swahili semble-t-il. Ils commencent par 7. Ainsi, s'ils annoncent un départ de bus à 1 h du matin, c'est en fait 7 h qui est sous-entendu. 2 h devient donc pour nous 8 h etc. Il faut arriver à piger le truc et surtout bien s'entendre sur quelle base la conversation a lieu !!!

Les gens me sont plus sympathiques ici, j'ai certes croisé quelques touristes, 5 ou 6 en fait (à peine moins que lors des 2 dernières semaines), mais l'on n'entend le vocable mzungu que 20 fois par jour.

Prendre le numéro de portable est devenu le réflexe qui a remplacé l'ancienne carte de visite. Certains se manifestent même un peu plus tard.

Je mettrai un bémol sur un ou deux employés de la gare ferroviaire. Je prends quelques renseignements hier déjà auprès d'une charmante dame pour une première classe en direction de Dar, et aujourd'hui, en voulant confirmer, je m'entends dire sèchement qu'il n'y a que la troisième classe de disponible (la première est occupée par le personnel ferroviaire…à quoi bon donc afficher des prix ?), autrement dit siège dur pendant quelque 48 heures puisque le train met deux fois plus de temps. Quitte à être inconfortable, autant donc prendre le bus.                                                                             

Kigoma, gareJe dois juste étudier mon trajet de retour, peut-être passerai-je par un autre poste-frontière pour sortir du Burundi.

Je passe du temps avec Tatu, la réceptionniste de ma guest. Encore une accroc du portable, elle dort carrément avec. Elle travaille ici 6 jours sur 7, je pense qu'elle ne compte pas franchement ses heures, et tout ça pour un salaire mensuel de 70 000 shillings tanzaniens, soit quelque 32 euros !!!

                                              

Mabanda, transport de bananes16.11

Comme hier, mon chemin me mène à Manyovu pour la sortie de Tanzanie. Côté Burundi, c'est Mugina pour le coup de tampon. Rapide et en douceur, avec des douaniers courtois et agréables. Le paiement, lui, se fait cependant à une trentaine de kilomètres de là, à Mabanda.

Jusque là, c'est le chemin de la banane. Des bananes à pied, en vélo, en montée, en descente. Des dizaines de personnes s'agitent, transpirent, tirent, poussent, supportent le fruit jusqu'au marché, où les acquéreurs devront ensuite passer à la cuisine. En chemin, une femme s'accorde une brève pause pour donner le sein, avant de recharger un régime sur sa tête.

Ensuite, j'obtiens officiellement le visa, de transit cependant, valable 3 jours. Cela veut dire qu'il me faudra prolonger, et repayer, une fois dans la capitale ! Ils ont le sens du commerce ici.

La route à partir de là est en soi goudronnée, mais elle a pris quelques coups et, de surcroît, il semble qu'une pluie forte hier en ai remis une couche. La tôle ondulée qui sert de toit à une église s'est même envolée !

Apparemment, je n'en ai pas vraiment terminé avec l'appellation de mzungu. Ici, on parle certes la langue de Molière, mais également le kirundi, parent proche du swahili. Et pour certains, j'ai la vague impression que cela s'arrête aussi là, à en croire ce qu'ils me bredouillent autrement, qui relèverait plutôt de l'anglais.

Quoi qu'il en soit, un soldat et un autre co-passager se débrouillent assez bien pour que nous puissions sympathiser. Et, je dois l'avouer, je suis bien content cette fois de pouvoir parler à nouveau ma propre langue.

Autres retours : l'heure, ici, recule à nouveau d'une unité, et on roule à droite, même si le volant n'est pas toujours à gauche.

De Mabanda, nous mettons le cap sur le lac Tanganyika, que nous remontons alors au rythme de la pluie, forte par moments, et des diverses courses effectuées par le bus. Nyanza-lac, Kigwena, Rumonge, Magara, Kabezi, jusqu'à Bujumbura.

Bujumbura, lac TanganyikaBuja (pour les intimes) est une capitale de plus de 500 000 habitants, pour 60 000 en 1962.

A l’origine terrain acheté au chef local par des missionnaires allemands en 1897, Usumbura devient chef-lieu du district du Rwanda-Urundi 4 ans plus tard. Se développant rapidement sous la tutelle belge, de 1922 à 1962, elle est faite capitale du Rwanda-Urundi. Elle est alors peuplée surtout de non-Burundais, la permission d’y résider étant assujettie à la condition d’y avoir un travail rémunéré.

C'est après l’Indépendance en 1962, qu’Usumbura se transforme en Bujumbura.

Mélange de quartiers aux visages très différents, la ville abrite plus de soixante nationalités différentes, rwandaise, congolaise, indienne, omanaise…                

PHOTO 95-97Trouver une chambre n'y est pas une mince affaire mais je finis, après un coup avorté -un chauffeur de taxi m'a amené dans un diocèse qui loue certes, mais à des prêtres et autres professionnels du business (est-ce que j'ai une gueule d’curton ?)- par obtenir une cellule proche du centre-ville.

Ce dernier s'articule autour du marché, construit au début des années 1990, conséquent et animé, avec de petites boutiques aménagées à l’intérieur, et des rangées qui ont leur spécialité, savons, alimentation (…). Entretemps il est devenu exigu et des vendeurs s’installent à l’extérieur, de manière assez anarchique.

La circulation, elle, ne diffère pas du pays voisin, rapide, nerveuse, chaotique, mais étonnamment peu sujette aux accidents, proportionnellement aux risques encourus

 

17.11

Pour avoir mon visa de séjour en poche, je règle dès aujourd'hui cette formalité, ainsi je ne serai pas tenu de repasser obligatoirement par Buja.

Le moto-taxi qui m'emmène au bureau en charge de cette formalité, me refile à un collègue en cours de route...apparemment, il ne savait pas trop où il allait !

Pour procéder à ce visa, il faut bien sûr quelques photocopies mais pour cela, il faut me rendre à l'extérieur dans un petit "photocopie shop". Mais...pas de courant. Donc je vais un peu plus loin. L'Afrique quoi.

Cette action va donc prendre une bonne partie de la matinée. Mais que je ne me plaigne pas, le fonctionnaire a été bien gentil, car, en théorie, j'aurais dû revenir l'après-midi.

Je patiente en me mettant à l'aquarelle, et là, je me fais aborder à plusieurs reprises pour savoir si j'ai un atelier.

La dernière fois, à l'extérieur du bâtiment, en repartant, par un policier, déçu d'apprendre que je n'habite pas le Burundi. Il voulait prendre des cours !

Pour gagner la gare de bus à partir de mon hôtel un peu plus tard, encore un taxi-moto qui ne connaît pas la géographie de la capitale. La première gare où nous atterrissons est la mauvaise, et là, discussion, attroupement, bref une affaire d'état !!!

Enfin, je finis par quitter Buja en direction du sud-est, pour Rutana.

Ici, on parle certes français mais français-belge, je m'en suis vite aperçu en les attendant compter...septante cinq, nonante-huit...

De plus, leurs frites sont meilleures que celles de Tanzanie. Bien plus croquantes !

Sur la route, nous alignons les contrôles de sécurité routière, avec le même rituel, des signes automatiques, connus des deux parties, de façon à ce que le chauffeur, allume ses phares, fasse fonctionner ses clignotants et ses essuie-glaces.

Ceci dit, il est un autre domaine dans lequel ils devraient s'affairer, en l'occurrence la vitesse dans les bleds traversés. Car mes statistiques quant à la faible proportion d'accidents par rapport aux risques encourus prennent une claque aujourd'hui. Une voiture, pare-brise éclaté, n'a pu éviter un cycliste. Ce dernier est déjà enveloppé dans un drap sur le côté...des pieds à la tête !

A partir de Mugamba défilent les champs de thé, brillant au soleil, lorsqu'il remplace les averses. Nous sommes en saison des pluies, rien de plus normal.

Je sens que je m'avance dans une province quelque peu retirée. A l'arrêt de Rutovu, le dernier avant le terminus, les gamins s'affolent, de joie, de peur, de curiosité, à la simple vue d'un téléphone portable, et d'autant plus à celle de ma caméra. Scène très cocasse, et pour les enfants, et pour les passagers du véhicule.                         

GaminsC'est l'équipe du bus, très sympa, je dois réviser mes propos sur ces travailleurs de la route, qui me trouvent une guest ici, m'amenant jusque dans la cour avec le véhicule !

Rutana, 60200 habitants, est située quelque 1500 m d’altitude. L’agriculture (manioc, patate douce, banane, haricot, maïs, sorgho, arachide), principale activité, occupe plus de 90% de la population, n’assurant pas cependant des conditions de vie descente à tous, d’où l‘exode massif de jeunes actifs ruraux.                                    

Rutana, vueL'air est plus frais, la région est semi-montagneuse et bien campagnarde. Les lieux, les odeurs me font songer aux vacances de mon enfance en Bretagne, dans la maison de mon arrière grand-mère.

Juste avant d'atteindre mon logis, nous passons devant un groupe de tambourinaires en entraînement, ces joueurs de tambour fameux dans le pays.                              

Mon repas du soir change de l'ordinaire : steak (un peu coriace) à la sauce provençale du Burundi, accompagné de bananes frites et lenga lenga, épinards locaux. Excellent et bienvenu, ou plutôt bien venu.

 

Tambours18.11

Le caractère un peu excentré de l'endroit se confirme ce matin. Alors que je suis sur le départ pour une virée, j'assiste à l'émerveillement de deux jeunes de l'hôtel devant la perforeuse utilisée par le réceptionniste qui doit classer quelques factures !

Je pars pour une chevauchée qui doit me mener plus à l'est, tout proche de la Tanzanie. Chevauchée car c'est en moto qu'elle doit s'effectuer, les voitures n'ayant plus d'accès à partir d'un certain point de mon itinéraire.

Rutana, failles des AllemandsEt Cyriaque, mon chauffeur, est excellent, si bien que nous transformons cet itinéraire en une boucle, évitant de revenir sur ses pas, ou dirai-je ses roues. Quelque 100 kms dont 70 de piste ou chemins sinueux et pierreux.

A commencer par Shanga, où l'embranchement mène d'un côté vers les chutes de Karera (rien à voir avec Porsche), instituées en aire protégée en 1980, certes mouillées mais ne justifiant pas les 10000 francs burundi (6 euros) réclamés aux étrangers (aucun garde ce jour-là). Deux des chutes convergent sur un deuxième palier pour former la troisième cascade qui se déverse sur la vallée.                                             

Rutana, chute de KareraSi l'on emprunte l'autre côté, on arrive à la faille de Nyakazu (ou faille des Allemands), dénommée ainsi suite à la fuite de l'armée teutonne pendant la Grande guerre. D'origine tectonique récente, étendue sur 600 ha, elle surplombe la plaine jusqu'à la frontière tanzanienne. Autour d'elle, une zone de conservation des arbres de haute altitude jouit d'un microclimat particulier.

Là encore, à plusieurs reprises nous faisons sensation en débarquant ainsi alors que les gamins s'en retournent de l'école.

Ce sont, dans la région, et au Burundi d'une manière générale, même si certains tentent de soutirer quelques piécettes à l'étranger de passage, de nombreux saluts et sourires qui compensent les regards plus furtifs et méfiants.

Nous traversons un chapelet de villages, disposant souvent de leur four à briques pour la construction des maisons traditionnelles, longeons champs de maïs, rizières et bananeraies et doublons femmes et enfants portant pelle sur la tête, ou hommes torse nu, s'affairant à monter une côte avec un vélo chargé, je devrais dire surchargé, de sac de bois ou riz, voire de briques.

Cyriaque emprunte ainsi la route de Kayero, puis celle de Kiheko et Gihofi afin d'effectuer une boucle.

Dans cette campagne de Rutana, un seul accès internet certes mais à la bibliothèque du lycée, que je parviens à rejoindre à ma seconde visite, après qu'une responsable a réussi à obtenir les clefs. Et une rangée de portables est à la disposition des élèves.

C'est d'ailleurs ici que je laisse la boîte à pharmacie que je me languissais de déposer, afin d'alléger mon bagage, ainsi que ma moustiquaire amazonienne qui ne m'a pas servi ici, les chambres d'hôtel en ayant été toutes équipées depuis mon départ.

 

19.11

Depuis mon arrivée, je voyais des militaires et des policiers, y compris dans la guest, des importants, avec le portable collé à l'oreille, le costard qui me rappelle les Barios, clowns de mon enfance, l'escorte et tout et tout. Je comprends maintenant. Je suis, temporairement, voisin, du président de la République, Pierre Nkurunziza, venu pour deux jours participer aux travaux de développement communautaire aux côtés d’une population locale engagée.

Rutana est l'une de provinces les plus étendues du pays (la ville l'est moins), mais pas la plus développée. Il me semble que de nombreux projets humanitaires ont lieu au Burundi, et particulièrement ici, en provenance de pays divers et variés, mais qu'ils doivent être difficiles à mener à terme. En tout cas, les pancartes indiquant les projets me paraissent bien vieillottes, témoignant plutôt d'un abandon.                                

PHOTO 38-127Le président se rend cet après-midi au stade pour un match de football. Je m'y rends avec Nestor (et oui, les prénoms africains ont cette particularité que nous ne les employons souvent plus chez nous !) qui se réjouit toujours d'une possibilité de converser avec un étranger. Il s'occupe de divers projets avec des enfants démunis. Ceci dit, je rencontre de nombreuses personnes aux activités responsables et multiples qui, en fin de compte, essayent de me taxer de l'argent ou boisson gazeuse.

La saison a bien commencé et mon parapluie s'avère maintenant bien rentable, par étapes heureusement.

Le match est précédé d'un autre et nous ne tenons pas au-delà de la première mi-temps du premier jeu. Je ne verrai donc pas « Pierrot » jouer.

Nestor me parle un peu de son pays qui, on ne le sait peut-être pas assez, a subi, dans une moindre mesure certes, les mêmes événements que le Rwanda dans les années 1990. La situation est plus ou moins la suivante.

Dans le pays voisin, à la destinée alors tragique, les Hutu étaient au pouvoir et en ont été chassés par les Tutsi. Ici, c'est l'inverse qui s'est produit, et les Hutu gouvernent aujourd'hui. Ils représentent 85 % de la population, pour 10 % de Tutsi et 5 % d'une troisième ethnie, les Twa.

A la guest, Claude, mon "serveur", a trouvé cet emploi en attendant mieux. Il est professeur de formation. Mais, au Burundi, m'explique-t-il, un job se trouve principalement par piston. L'administration ne fait pas exception, mieux vaut les palabres et les connaissances adéquates qu'un bon diplôme reconnu. Reconnu de qui (?) est donc la question.

 

20.11

Je quitte Rutana pour Gitega en taxi collectif, encore un qui a le pied leste sur l'accélérateur, à mon avis, dans les villages.

Nous avons le droit à nos quelques contrôles, l'un des policiers se paye le luxe d'un sursaut d'importance en me demandant mes papiers d'identité (est-ce qu'il sait lire, je l'ignore), et le chauffeur en est pour une amende, problème de bougies, qui se règle un peu à l'écart, derrière un arbre...

Nous passons Kibuye et, en une heure à peu près, je rejoins la deuxième ville du Burundi. Il faut le savoir. Je l'aurais qualifiée de gros village.

Gitega, marchéGitega, 47.000 habitants, a pourtant été capitale royale, autrefois résidence du mwami, dirigeant d'une monarchie établie au XVe siècle.

Les Allemands en font leur capitale en 1912, à la place de Bujumbura, cette dernière récupérant son titre lors de l’indépendance en 1962, en raison de ses équipements et de ses infrastructures importants.

Le président avait émis en 2007 l'idée, avortée, d'en refaire la capitale. A part la position plus centrale, je n'en vois personnellement pas l’intérêt.

Ceci dit, on peut changer des euros (aujourd'hui dans un magasin, tenu là encore par des Indiens) et c'est apparemment l'unique endroit à part à Buja.

La mendicité y est plus développée que ce que j'ai vu jusqu'à maintenant en Afrique de l'Est, et le nombre de wazungu bat des records!!

Le musée national vaut le coup d'œil. Un conservateur intéressant qui, en outre, parle bien français.                    

Gitega, musée nationalLes outils les plus anciens découverts dans le pays ne remontent pas au-delà de 55.000 ans.

On y voit quelques vieilles photos prises du temps de la colonisation belge. Entre autres, des devins, sorciers locaux, consultés pour les travaux agricoles, les maladies ou les mariages et les procès.

Dans une vitrine, des amulettes sont exposées, destinées à protéger les enfants, mais le don respecte un rituel bien précis. Ainsi, selon la position du nouveau-né dans l'ordre des natalités, il aura un bracelet, une cloche, une serpette ou autre talisman. Ce, jusqu'au 11e. Pour le 12e, tant pis, il n'avait qu'à arriver plus tôt. Il a pourtant bien adopté le rythme africain !

Après que les Allemands ont lâché leurs colonies d'Afrique de l'Est (Tanzanie, Burundi et Rwanda), suite à la première guerre mondiale, ce sont les Belges qui ont récupéré les deux derniers, en plus de l'actuelle république démocratique du Congo.

Ainsi sont affichés les portraits des régnants depuis 1850. En l'occurrence 2 rois, dont le second plutôt fantoche puisque représentatif, et une succession de dirigeants depuis 1966. En tout 2 héros (de l'Indépendance et des événements des années 1990) et 8 présidents dont l'un à 2 reprises, le précédent laissant souvent sa place suite à un putsch.

L'on connaît officiellement 2 sources au Nil, celle de l’Ouganda, avec le lac Victoria, et celle sise en Éthiopie.

Ici naît une nouvelle source, la plus méridionale, qui se situe à la rivière Ruvyironza qui gagne ensuite le Ruanda et plus tard le lac Victoria. Un Autrichien y a même construit une pyramide dans les années 1930, un clin d'œil à celle d'Egypte, où le Nil va se jeter en Méditerranée.

Je prends mes repas dans un boui-boui tenu par des musulmans, qui sont pourtant en minorité, le seul qui ressemble un tant soit peu à un local de distribution culinaire. Riz, isombe (feuille de manioc broyées), haricots blancs...je vire au végétarisme, vu la viande ici. La note est, comme souvent, griffonnée sur un papier et déposée discrètement face contre table.                                                                       

Gitega, marché, termitesLes Africains sont débrouillards. Ainsi, je me fais graver un CD maison, en format mp3, avec, comme je le souhaitais, des musiques en provenance du Burundi, de Tanzanie, du Rwanda, du Congo (Kinshasa) et du Kenya. Je ferai le tri à la maison.

 

21.11

Prochain arrêt, Muramvya, au Nord Ouest de Gitega.

Pour une fois, un chauffeur plutôt tranquille, qui n'essaye pas de jouer aux quilles avec les passants des villages. D'autant mieux que, comme souvent, les bords de route sont également peuplés de jeunes enfants qui parcourent parfois des kilomètres pour se rendre à l'école.

Je passe finalement Muramvya, qui ne casse pas trois pattes à un canard et m'arrête à Bugarama, l'embranchement, actuellement dans le brouillard, d'où je pourrai me rendre à Bukeye, un village à 20 mn au Nord.

Mon repas est pris dans un boui-boui nommé Mama la Préférence, tenu par une jeune femme nommée Kado. L'établissement semble bien fréquenté par les gars du coin. Il faut dire que les autres, si toutefois ils servent quelque chose, ne proposent que de la viande. Et étant donné la tronche de la viande !

Bukeye, théierBukeye est vraiment un village, mais j'avais envie de faire une halte dans l'un d'eux, et celui-ci dispose d'un hôtel, le Foresta.                                                 

Je sors de suite prendre la température du village et me fais accoster illico presto par un ou deux gamins : "Salut mon Chinois !"

Je dois dire que cela s'est déjà produit il y a quelques jours et je n'étais pas sûr d'avoir bien compris, pensant que les sons d'une langue ressemblent parfois à ceux d'une autre.

Mais là, j'en ai vite le cœur net. Je leur mime un Chinois...et un Français. J'apprends alors que des Chinois sont actuellement là pour construire un barrage. D'où l'exclamation des gamins. Il m'est également expliqué que les Africains ne font pas la différence et que je pourrais bien être Chinois.

La petite histoire provoque un attroupement et je vais mettre du temps à poursuivre mon chemin, devant répondre à l'interrogatoire classique d'un jeune intéressé par l'extérieur et parlant bien le Français.

Poursuivant en descendant la grand-route et faisant quelques photos, nous sommes interpellés par un personnage qui se donne de l'importance, voulant savoir si je dispose des autorisations nécessaires.

Mais l'étudiant a dû lui répondre ce qu'il ne fallait pas, car après que j'ai assuré avoir mon visa en bonne et due forme (j'avais en fait dans l'idée de lui rabattre son caquet et lui demander s'il voulait se rendre à la police pour vérifier), je vois le jeune disparaître bien vite. L'autre a simplement sorti une quelconque carte de surveillant de l'éducation, le genre de type qui aurait fait fureur pendant la seconde guerre mondiale. Je n'ose pas imaginer où il se trouvait pendant les derniers événements du pays !

M'enfonçant alors dans la campagne environnante, je croise des femmes s'en revenant des champs dans leurs robes bariolées, pelle ou seau sur la tête, d'autres qui puisent de l'eau à la fontaine, des gamins ramenant un jerrycan d'huile de cuisson...

Je me retrouve au final dans le village de Cefabu, où je rencontre le directeur de l'école qui me montre les salles de son établissement, 6 au total, m'expliquant que d'autres sont en construction, car l'ensemble est bien trop peu pour les 634 élèves inscrits. Et, de fait, la population me semble bien jeune.                                                 

Bukeye, école de CefabuDe retour, je suis d'ailleurs escorté pendant un bon moment, au rythme de "Chantons sous la pluie", que je fredonne après avoir ouvert mon pépin, une averse de plus, à la joie des enfants.

 

22.11

Un réveil encore à l'aube. Ici, le contraire semble de toute façon difficile car même si l'on ne se réveille pas de soi-même, et on l'est souvent de par le peu d'attractions nocturnes, les Burundais se chargent de le faire par leur intonation haute, discutant entre eux ou au téléphone!                                                                                   

Bukeye, ruelleUn autre petit tour hors du village m'amène aux écoles de Bukeye, primaire, secondaire et lycée, où je me retrouve une fois de plus cerné de gamins et jeunes hommes.

Ici, dans l'ensemble, malgré l’inévitable mzungu et quelques tentatives de me soutirer quelques francs (burundais bien sûr), je trouve les gens plutôt agréables.

Les femmes, mises à part quelques exceptions, n'ont pas au Burundi des visages qui me transcendent. Nombreuses sont celles à la coupe de cheveux courte et affublées de lunettes d’un design qui les font sauter quelques décennies, passant directement de l'enfance à l'apparence d'une grand-mère...mais pas une du XXe siècle.

Je prends le bus pour Ngozi, la troisième ville burundaise, en passant par Kayanza.

Ngozi, 41 000 habitants, me paraît mériter davantage son statut de cité que Gitega, sans grand charme cependant.

NgoziSon point positif, son université privée, qui vient depuis quelques années appuyer l’université publique. En effet, l’accroissement des effectifs du secondaire risquait sinon de déboucher sur une impasse dans l’enseignement supérieur, en raison d’une capacité saturée (4000 places pour plus de 7 000 étudiants).                                   

23.11

Muyinga est la dernière ville avant le poste-frontière. Autrement dit, je retourne en Tanzanie. Et pas mécontent. Le Burundi a été une étape intéressante mais beaucoup plus de mzungu mzungu entendus dans la rue que je ne l'avais escompté. Et les paysages, très verts, sont cependant peu variés.

En outre, je pense qu'un blanc doit dégager une certaine chaleur car son apparition déclenche automatiquement la soif chez les locaux. Mais aucun regret d'y être allé, car cela est plutôt propre à l'Afrique.

On considère ici que la réussite n'est pas un mérite personnel mais le fait d'un talisman, de la chance ou autre combine. Ainsi aucune gêne à quémander chez celui qui possède davantage. Les Africains qui ont percé dans leur domaine se retrouvent confrontés au même problème...et se font taper par la famille dans son entier.

Le trajet s'effectue dans une japonaise dans laquelle nous sommes entassés à une vingtaine, un classique en fait. Mon sac est dans le coffre et ne peut s'envoler, avec les popotins qu'il soutient !

Je quitte donc le Burundi à Kobeko, ou je prends un frugale petit-déjeuner, assisté de Gordien, rencontré dans le taxi collectif, agronome de formation et aujourd'hui inspecteur sanitaire qui contrôle les entrées et sorties végétales.

La conversation est intéressante. Il m'explique en effet que les problèmes ethniques ici se sont prolongés jusqu'au milieu des années 2000. Lui étant Hutu a ainsi passé 11 années dans diverses prisons du pays. Il n'était pas condamné aux travaux forcés, m'affirme donc qu'en tant que prisonnier politique, il y était peut-être plus en sécurité.

Depuis 2006 il est à nouveau libre, a réussi à s'acheter une modeste demeure dans laquelle il dispose de l'eau courante. Pour l'électricité, il doit patienter encore.

Nous abordons également le thème de la présence ponctuelle des Chinois, et il estime que si eux avaient colonisé le pays, ils y seraient encore. Il argumente en disant que ce sont des étrangers curieux des us et coutumes locales qu'ils goûtent sans mot dire.

Son beau-frère, le douanier qui tamponne mon passeport, à ma question sur la facilité à migrer entre Burundi et Tanzanie par rapport au Mozambique, me répond que ces deux pays font partie de la communauté est-africaine, avec Kenya, Rwanda et Ouganda. Logique.

Benako, station-serviceJe gagne maintenant la Tanzanie en taxi-moto. Kabanza s'appelle la localité où j'obtiens un nouveau visa après un peu d'attente. Ils semblent quelque peu frustrés, pas vraiment motivés par un salaire certainement peu mirobolant.

Ensuite, je gagne, après un changement à Ngara, Benako, sur l'axe Ruanda (à 20 km)-Dar es Salaam.                                                                               

L'ambiance y est bonne mais l'attente un peu longue avant que le véhicule pour Kahama ne soit plein.

Benako, alentoursDeux heures plus tard, la musique bat son plein, en partie bonne, jouée par une clé USB. Et oui, même dans le tiers monde, téléphonie, internet, télévision et musique ne font pas forcément défaut !

La route actuelle est plus au Nord que celle empruntée pour me rendre à Kigoma, et le restera jusqu'à Nzega.

Quelques arrêts, pour faire le plein...de passagers. A Nyakahura, où les vendeurs d'arachide se bousculent gentiment ; ce semble être un arrêt stratégique, à en croire par le nombre de camions gares. Puis à Runzewe, en début de soirée, où l'ambiance est de mise, avec un prédicateur chrétien (catholique, ou l'un des nombreux dérivés du protestantisme, adventiste, pentecôtiste, baptiste...) déchaîné, auquel succède une danse chorégraphique de ses brebis.                                                                

RunzewePuis c'est une succession de terres cultivées, ou pas, parfois sur brûlis, quelques chiens et chats écrasés (constat malheureusement plus ou moins quotidien), bus retourné (le deuxième aujourd'hui mais le premier était en outre bien aplati), rizières, cocotiers et autres bananeraies.

Le trajet s’éternisant, je me retrouve à Kahama de nuit et les vautours sont au rendez-vous à l'arrivée, là où je dois prendre mon ticket pour poursuivre ma route le lendemain.

Kahama, (36 100 habitants), connaît un développement récent grâce à l'activité minière, notamment la mine d'or de Buzwagi.

Également positive, la connexion de la ville aux eaux du lac Victoria, ce qui a représenté un problème persistant pendant des décennies.

Je mange un morceau et prend un verre dans un boui-boui, assisté de quelques habitués. L'un d'entre eux boit du konyagi, nom dérivé du cognac...mais je crois qu'il n'y a que le nom qui dérive...ou peut-être le buveur après l'ingurgitation !

 

24.11

Départ au petit matin, 6 heures, ma place n'est pas libre ! Mais j'en obtiens une qui m'arrange d'autant plus, devant, côté fenêtre !

Une retardataire nous rejoint au bout de quelques minutes en taxi.

Le bus file sous la pluie une bonne partie de la journée, sans essuie-glaces. Lors d'un arrêt, il balance simplement de la poudre à nettoyer sur les vitres ! Il fait plutôt froid, le véhicule n'étant pas complètement étanche. Heureusement, le climat s'adoucit dans l'après-midi.

Les pauses toilette sont vite...torchées. Tous les nécessiteux descendent brièvement, tandis que le moteur tourne, et tournent le dos au bus. D'où la nécessité, pour les femmes, de disposer d'un pagne qui cache l'affaire.

La route est longue, 800 km, mais le rythme est constant et je retrouve Morogoro en à peine 12 heures.

Là, je parviens à trouver le DVD d'une musique du Botswana bien agréable, entendue la veille dans le véhicule qui m'amenait à Kahama.

 

25.11

De Morogoro, il existe des bus qui vont directement à Tanga, ce que j'ignorais, au Nord de Dar es Salaam. C'est ma destination suivante, et peut-être la dernière pour cette fois. Le bus est vétuste et ma place devant, côté fenêtre, s'avère cette fois plutôt étroite. Je sens mon coccyx et mes jointures au niveau des genoux se plaindre des déplacements répétés !

Tanga, plageTanga (225 000  habitants), ville portuaire, était un poste militaire de l'Afrique orientale allemande, dont l'économie reposait sur la culture du sisal, ce qui lui fit connaître une croissance rapide. Elle devint ainsi le terminus de la ligne de chemin de fer Usambara.

Son nom de vient du mot ferme ou terres cultivées.

Malgré sa population importante, elle paraît paisible par rapport à des villes comme Moshi ou Arusha.

Sa position au bord de l'océan Indien et sa proximité de la frontière avec le Kenya en font une plaque tournante pour les produits d'exportation tels thé, café, coton ou sisal.

Après un plat de frites, je gagne mon habitation en compagnie de Joseph, un guide touristique qui n'en est pas un, je dirais plutôt rabatteur, qui, ainsi obtient quelque menue monnaie.

En tout cas, il me permet de loger en bord de mer, ma chambre, pas mirobolante mais le nécessaire est là, m'offre une vue sur la plage en contrebas.

En descendant l'escalier de 10 mètres, je peux me baigner. Et à 2 mn, une plage privée, plutôt fréquentée par des locaux, dispose d'un restaurant.

Un endroit pour terminer cette aventure en douceur.

 

26-28.11

Quelques journées plus reposantes à écumer, un peu, le centre-ville de Tanga -je m'y fais tailler une nouvelle chemise-, et à visiter les grottes d’Amboni, à l'entour.

Tanga, grottes d'AmboniAmboni est un dédale de plus de 200 km, dont on ne visite qu'un km, parfois étroit, où un guide indique nombre de formes bizarroïdes dans lesquelles il voit animaux, bateau, montée du Kilimandjaro...et même un coït, avec juste les ustensiles, à savoir, pénis, utérus, vagin, tout le processus en fait, et la femme est même indisposée ! Amis de la poésie...

Certaines racines de figuiers sauvages descendent dans cette grotte aux nombreuses légendes. Elles mèneraient à Dar es Salaam, à Mombasa et même au Kilimandjaro.

Certains Bantous y déposent encore des offrandes aux esprits.

Le chemin menant à l'endroit passe par une route en construction, encore une fois sous direction chinoise.

Sinon, je reste oisif, enfin comme je peux l'être, à peindre, lire ou regarder des films emmenés par mes soins, en bonne partie dans mon hamac.

Si l'on ne regarde pas au détail, le bord de plage n'est pas des plus soigné, la vue reste imprenable.

L'ordinaire, quant à lui, s'améliore beaucoup, par rapport aux coins bien moins touristiques où j'étais ces derniers temps. Cuisine indienne ou italienne également au menu.

 

29.11

Je quitte l'endroit quelque peu fâché. Ayant donné quelques affaires à laver, j'ai oublié de retirer de l'argent d'une poche secrète...qui perd de son mystère lors du nettoyage. Et le commis-laveur en a profité. Un peu ma faute malgré tout.

Le trajet jusqu'à DAR s'éternise, 6 h 30, contrairement aux 4 h 30 annoncées, qui me paraissaient de toute façon plutôt justes. Et cela, malgré l'assistance de Joseph, le Sauveur, retrouvé à la gare routière, qui ne manque pas d'essayer de se faire une piécette.

A DAR, je gagne rapidement le ferry, retourne en ville, au change le plus proche, puis retour au port pour la traversée de 10 mn qui mène à Kigamboni.

Kigamboni, plageKigamboni, 37 000 habitants pour la circonscription, a l’avantage de la rapidité d'accès à partir de Dar et le contraste qu'elle offre par rapport à la métropole. Je connais peu de capitales (même si elle ne l'est plus officiellement) qui peuvent se vanter de partager une telle position.

Bien sûr, il y a un revers, je me retrouve dans un resort, donc une sorte de complexe hôtelier, mais que du bois, ce qui signifie qu'il est fréquenté par autant de wazungu que j'en ai vus en un mois. Mais cela se tient dans une certaine limite et certains y sont en séjour prolongé, en l'occurrence pour raison professionnelle.

L'un d'entre eux s'appelle Michaël, Britannique, volontaire de la cinquantaine passée, ici afin de chercher des crédits pour les projets d'une ONG locale, dont l'activité est liée à l'agriculture...sans pesticide précise-t-il. En venant, il a accepté de percevoir un salaire équivalent à 14 % de son revenu de Grande-Bretagne. Motivé donc le garçon.

Lucy, une ancienne petite amie d'il y a 30 ans, lui rend visite pour une quinzaine. Elle a été guide pendant 8 ans, roulant sa bosse ici et là, et s'est lancée dans l'hôtellerie voilà quelque 20 ans. Son compagnon, homme d'affaires apparemment aguerri, mais resté simple, l'a épaulée au départ (sinon difficile de débuter), et elle est aujourd'hui à la tête d'un hôtel de 150 chambres...toutes équipées pour handicapés, le plus grand d'Europe, à 40 mn d'Amsterdam. Anglaise de naissance, elle parle donc également flamand, très bien français, allemand, et se fraye un chemin en italien et espagnol. Pas mal pour un sujet de la Reine !

 

30.11

Michaël doit travailler, et je passe la journée avec Lucy, très sympa, les atomes sont bien crochus, et nous refaisons le monde, discutons voyages, elle me parle de sa relation assez particulière à Mart, son ami, et nous gagnons le bled, pas très étendu, où se trouve pourtant un pépiniériste et, comme je l'ai vu à plusieurs reprises, se construisent des portes assez massives.

Puis vient l'heure du départ, la fin de cette nouvelle aventure africaine pour moi. Un dernier trajet à moto, un dernier plat de frites à l'africaine, le ferry, puis un ultime sauna...dans le bus collectif qui me mène à l'aéroport.

La Tanzanie est grande comme la France et l'Allemagne réunies. Mais elle est moins moderne. J'y ai donc passé un brin de temps à rouler, parcourant, en incluant le Burundi, quelque 4400 km en 105 heures de bus.

Assez éreintant à entendre en outre tous les mzungu mzungu débités sur mon passage. Et bien sûr, le rythme africain ! Il me faudrait retourner dans un pays francophone pour confirmer, mais j'aurais tendance à trouver l’Afrique de l’Ouest un tantinet plus facile.

Restent les animaux et là, le pays dispose probablement d'un des plus beaux spectacles au monde.

 

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